Critique Ciné : Jeunesse, mon amour (2024)

Critique Ciné : Jeunesse, mon amour (2024)

Jeunesse, mon amour // De Léo Fontaine. Avec Manon Bresch, Matthieu Lucci et Dimitri Decaux.

 

Jeunesse, mon amour est un film qui commence de manière familière, presque stéréotypée, en s'appuyant sur une formule éprouvée du cinéma français : un groupe d'amis autour d'une table, entre verres d'alcool et clopes. Pourtant, dès les premières minutes, une certaine authenticité transparaît, apportant une fraîcheur inattendue à cette dynamique déjà vue. C’est cette sincérité qui devient le moteur du film et qui le distingue des autres productions du même genre. Léo Fontaine, pour son premier long-métrage, nous livre une œuvre qui se rapproche plus d’un Mes meilleurs copains, où la justesse et la sincérité étaient au cœur du récit, plutôt que de films comme Les Petits Mouchoirs qui, bien que réussis, souffrent parfois de dialogues surécrits et de situations trop travaillées. Jeunesse, mon amour se distingue par sa capacité à capter l'essence de la jeunesse, cette énergie brute et cette nostalgie des moments passés que l’on tente de raviver lors d’une dernière réunion.

 

Après plusieurs années, un groupe de jeunes adultes se retrouve. L'époque du lycée est révolue, mais les amis tentent d'en raviver l'esprit et les liens. Lors de cet après-midi hors du temps, où les souvenirs et non-dits refont surface, chacun prend conscience de ce qui a changé.

 

L'intrigue se concentre sur un groupe d'amis qui se retrouvent après plusieurs années de séparation, dans une maison chargée de souvenirs et bientôt vouée à la vente. Cet endroit, véritable personnage à part entière, symbolise les souvenirs qui s'effacent peu à peu et les non-dits qui, eux, refont surface avec une intensité redoutable. Les premières minutes du film posent un cadre rassurant et familier : des discussions anodines sur la vie de chacun, sur les changements depuis la dernière rencontre, presque banales dans leur simplicité. On pourrait se croire dans un épisode de notre propre vie, tant l'authenticité des échanges est saisissante. Mais rapidement, le film prend un tournant plus sombre, où la convivialité initiale laisse place à des tensions sous-jacentes. Le talent des acteurs, qui incarnent chacun de ces personnages avec une justesse émotive impressionnante, permet de rendre ces transitions d'autant plus impactantes. Les vérités éclatent, les rancœurs et les blessures, jamais complètement guéries, refont surface avec une intensité inattendue. 

 

C’est comme si cette journée de retrouvailles était, en réalité, une bombe à retardement, prête à exploser à tout moment. La mise en scène de Léo Fontaine, malgré une certaine inexpérience, se distingue par une poésie subtile. Les séquences au ralenti ajoutent une dimension onirique à l'ensemble, tandis que le jeu des cadrages et la gestion de l'espace participent à la construction des rapports entre les personnages. Lorsque le groupe est réuni, les plans sont serrés, reflétant une certaine effervescence et une proximité presque étouffante. Mais à mesure que les tensions éclatent et que le groupe se désagrège, la caméra s'éloigne, offrant des plans plus larges et fixes, symbolisant la distance qui s’installe entre les membres de cette bande autrefois soudée. Cependant, malgré ces qualités indéniables, le film laisse un goût d'inachevé. D'une durée étonnamment courte, Jeunesse, mon amour semble se terminer en plein cœur de son intrigue, ce qui crée une frustration palpable. 

 

Le spectateur est laissé en suspens, avec l'impression que le récit s'est interrompu trop tôt, ne permettant pas de conclure les arcs narratifs amorcés. C’est un choix audacieux, certes, mais qui pourrait dérouter plus d'un. Un autre point qui peut diviser est l’incident avec le chien, qui casse la dynamique de groupe de manière brutale. Si cela permet certains rapprochements entre les personnages, cet événement dévie l'attention du spectateur vers une autre direction, le faisant parfois décrocher de l’intrigue principale. C’est un élément perturbateur qui, bien que justifiable, alourdit quelque peu le récit. Malgré ces quelques déséquilibres, Jeunesse, mon amour reste une œuvre touchante par sa capacité à retranscrire avec autant de vérité et de sensibilité les émotions complexes liées au passage du temps. Fontaine signe ici un film imparfait, certes, mais qui parvient néanmoins à capturer des moments de vie avec une justesse rare. 

 

Les jeunes comédiens, charismatiques et sincères, apportent une énergie vivante à cette chronique douce-amère sur le temps qui passe, l'amitié et les souvenirs qui s'effritent. En définitive, Jeunesse, mon amour est un film qui, malgré sa brièveté et ses maladresses, laisse une empreinte durable par sa fraîcheur et son authenticité. Léo Fontaine, bien qu’encore en rodage, démontre une sensibilité qui mérite d’être suivie de près dans ses futurs projets cinématographiques.

 

Note : 6.5/10. En bref, un très beau premier film qui, par sa mise en scène soignée offre une histoire touchante. 

Sorti le 8 mai 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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