Critique Ciné : Laissez-Moi (2024)

Critique Ciné : Laissez-Moi (2024)

Laissez-Moi // De Maxime Rappaz. Avec Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher et Pierre-Antoine Dubey.

 

Laissez-moi, réalisé par Maxime Rappaz, nous plonge dans la vie singulière de Claudine, une couturière quinquagénaire qui partage son temps entre son domicile et ses escapades hebdomadaires. Claudine, interprétée par Jeanne Balibar, se distingue par sa routine soigneusement orchestrée, consacrant ses journées à s'occuper de son fils Baptiste, handicapé, et réservant ses mardis à une quête intime de plaisir et de tendresse. Tous les mardis, Claudine confie Baptiste à sa voisine Chantal, lui permettant ainsi de s'évader vers l'hôtel de la Grande-Dixence. Ce lieu, situé au pied du plus haut barrage poids du monde, devient son sanctuaire éphémère, où elle recherche des rencontres sans lendemain. Nathan, un employé de l'hôtel, devient son complice involontaire en lui fournissant des informations sur les visiteurs masculins, garantissant ainsi que chaque rencontre restera anonyme et sans suite.

 

Claudine consacre toute sa vie à son fils. Toutefois, chaque mardi, elle s’offre une plage de liberté et se rend dans un hôtel de montagne pour y fréquenter des hommes de passage. Lorsque l’un d’eux décide de prolonger son séjour pour elle, Claudine en voit son quotidien bouleversé et se surprend à rêver à une autre vie.

 

Ce film, malgré une prémisse intrigante, souffre de plusieurs défauts notables. La répétition des scènes et la lenteur de la réalisation peuvent rapidement lasser le spectateur. L'intrigue, bien que prometteuse, se révèle souvent monotone et manque de dynamisme. Maxime Rappaz, avec son approche minimaliste, n'arrive pas toujours à capter l'attention nécessaire pour compenser le rythme alangui du film. Jeanne Balibar, avec son charisme indéniable et son jeu subtil, porte le film sur ses épaules. Sa performance en tant que Claudine est marquée par une élégance mystérieuse et une sensualité retenue. Cependant, son interprétation est parfois trop contenue, empêchant une réelle connexion émotionnelle avec le public. Le personnage de Claudine, malgré son parcours touchant et ses dilemmes personnels, reste trop distant et énigmatique. Le décor alpin, avec ses paysages majestueux et le cadre imposant du barrage, offre une toile de fond visuellement captivante. 

 

Ces éléments visuels, bien qu'impressionnants, ne suffisent pas à compenser le manque d'émotion et de profondeur narrative. Le film reste en surface, ne plongeant jamais vraiment dans les motivations profondes de Claudine ni dans les nuances de sa psychologie. La relation de Claudine avec son fils Baptiste est un autre aspect central du film. En tant que mère dévouée, elle sacrifie beaucoup pour s'occuper de lui, et ses escapades hebdomadaires sont son seul moment d'évasion et de plaisir. Ces moments sont cependant dépeints de manière froide et clinique, ce qui réduit l'impact émotionnel de son parcours. Le film ne parvient pas à susciter l'empathie nécessaire pour que le spectateur s'attache véritablement à Claudine et comprenne ses choix. Laissez-moi explore avec une certaine délicatesse les thèmes de la solitude, du désir et de l'évasion. Cependant, le traitement de ces thèmes reste trop superficiel et manque de la profondeur nécessaire pour véritablement émouvoir. 

 

Maxime Rappaz a choisi une approche austère et épurée, qui, bien qu'elle puisse être artistiquement valable, n'arrive pas toujours à captiver ou à émouvoir. En fin de compte, Laissez-moi est un film qui divise. D'un côté, il offre une représentation sensible et digne des désirs et des contradictions de son héroïne. De l'autre, il souffre d'un manque de rythme et d'émotion qui le rend parfois difficile à suivre. Jeanne Balibar, avec son charme inaltérable, donne une performance solide, mais elle est freinée par une réalisation trop retenue et une écriture qui ne parvient pas à pleinement exploiter le potentiel dramatique de l'histoire. Malgré ses défauts, Laissez-moi mérite d'être vu pour ses moments de grâce et pour la performance de Jeanne Balibar. Cependant, ne vous attendez pas à un film bouleversant ou palpitant. C'est une œuvre introspective, qui demande patience et sensibilité pour apprécier ses nuances et ses subtilités. En fin de compte, c'est un film sur les choix, les sacrifices et la quête incessante d'un peu de bonheur dans un monde souvent indifférent.

 

Note : 5/10. En bref, les décors, Jeanne Balibar et la tendresse qui se dégagent font l’intérêt futile de Laissez-moi. 

Sorti le 20 mars 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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