25 Septembre 2024
Beetlejuice Beetlejuice // De Tim Burton. Avec Michael Keaton, Winona Ryder et Catherine O’Hara.
Trente-six ans après la sortie du premier Beetlejuice, Tim Burton revient avec un nouvel opus : Beetlejuice Beetlejuice. Habituellement, les suites de films cultes ont tendance à décevoir, peinant à retrouver l'alchimie de l'original. Cependant, dans ce cas précis, Burton, fidèle à lui-même, nous offre une version rafraîchie tout en conservant l'essence du film d’origine. C’est un défi audacieux que le réalisateur relève avec brio, prouvant une fois de plus que son style singulier est loin d’être dépassé. Le talent unique de Tim Burton transparaît à chaque instant du film. Dès les premières minutes, on est plongé dans son univers visuel inimitable. L'atmosphère macabre mais comique, les décors gothiques et les costumes excentriques sont un pur hommage à ses œuvres des années 80 et 90. Mais au lieu de s'enfermer dans une simple répétition de son propre style, Burton utilise les technologies modernes pour donner à son esthétique une nouvelle profondeur. Ce mariage harmonieux entre tradition et innovation est l'une des forces du film.
Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…
L’élément « horreur », présent dans le premier opus, est ici poussé à l'extrême, flirtant constamment avec le burlesque. Cet aspect surjoué de l'horreur renforce le côté humoristique du film, offrant des scènes absurdes mais terriblement efficaces. C'est du pur Burton : un monde où le macabre et le grotesque deviennent amusants, et où chaque détail visuel semble avoir été soigneusement pensé pour déstabiliser tout en amusant. Côté casting, c’est un véritable plaisir de retrouver Michael Keaton dans le rôle du mythique Beetlejuice. On pourrait croire que le temps n’a pas eu d’effet sur lui, tant son interprétation reste fidèle à celle de 1988. Son énergie débordante et son humour grinçant sont toujours au rendez-vous, et il semble s’amuser autant que le public. De même, revoir Winona Ryder, désormais une actrice confirmée, dans le rôle de Lydia Deetz, est une douce nostalgie pour les fans de la première heure.
À leurs côtés, Jenna Ortega, qui incarne Astrid, la fille de Lydia, apporte une touche de modernité au film. Si elle est souvent associée à des rôles sombres et excentriques, elle parvient tout de même à insuffler une certaine fraîcheur. Toutefois, son omniprésence dans les productions récentes peut donner une impression de sur-exposition. Malgré cela, elle réussit à capter l'attention, même si l'on aimerait la voir dans des rôles plus éloignés de son image habituelle. Un autre acteur qui se démarque est Willem Dafoe, qui nous surprend dans un rôle comique. Connue pour ses performances intenses et dramatiques, sa participation ici montre une autre facette de son talent, ajoutant de la profondeur et de la complexité à l’univers de l’au-delà du film. Cependant, tous les personnages ne brillent pas autant. Monica Bellucci, par exemple, incarne un rôle dont l’utilité reste floue, comme si son personnage avait été ajouté sans réelle conviction scénaristique. C’est un des rares bémols d’un film qui, par moments, s’éparpille un peu dans ses intrigues secondaires.
Impossible de parler de Beetlejuice Beetlejuice sans mentionner sa bande originale, qui est une composante essentielle du succès du film. Danny Elfman, fidèle collaborateur de Burton, revisite son thème emblématique du premier opus, tout en y apportant des touches contemporaines. Ce mélange d’ancien et de nouveau ravira les fans de la première heure. Le film regorge également de clins d’œil musicaux au premier volet, tout en incluant des morceaux inédits qui renforcent l’ambiance singulière de cet univers. Les séquences musicales, bien que moins présentes que dans le premier film, sont toujours aussi réussies et participent à l’aspect festif du film. C’est cet équilibre entre nostalgie et modernité qui fait la force de ce volet : il sait quand faire plaisir aux fans tout en explorant de nouveaux horizons. Bien que Beetlejuice Beetlejuice soit une suite, il ne se contente pas de répéter la formule du premier film. Là où Lydia Deetz était fascinée par l’au-delà, sa fille Astrid est beaucoup plus sceptique.
Ce changement de dynamique permet de renouveler l’histoire et de proposer des situations inédites. Le film parvient ainsi à intégrer des éléments nouveaux tout en respectant l’esprit du premier opus. Cependant, l’intrigue, bien que divertissante, reste parfois prévisible et un peu exagérée. Les scènes s’enchaînent avec un rythme soutenu, mais le scénario peine à maintenir une tension constante, notamment à l’approche de la fin. Avec une durée d'une heure et quarante-cinq minutes, le film laisse quelques pistes inexploitées. Au final, Beetlejuice Beetlejuice est un divertissement léger et amusant, qui parvient à capturer l’esprit de l’original tout en offrant suffisamment de nouveauté pour attirer un nouveau public. Si vous avez aimé le premier, il y a de fortes chances que vous passiez un bon moment avec cette suite. Quant aux nouveaux spectateurs, ils pourront découvrir un univers décalé et burtonien à souhait.
L’un des regrets reste peut-être la date de sortie : un lancement autour d’Halloween aurait sans doute renforcé l’expérience, en adéquation avec l’ambiance mi-horreur mi-comique du film. Mais malgré ce détail, Tim Burton livre ici une œuvre à la hauteur des attentes, qui célèbre avec humour et style l’héritage d’un film devenu culte.
Note : 7/10. En bref, un retour réussi pour Tim Burton et son univers décalé.
Sorti le 11 septembre 2024 au cinéma
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