31 Octobre 2024
La Gardav // De Thomas Lemoine et Dimitri Lemoine. Avec Thomas Lemoine, Gaël Tavares et Pierre Lottin.
Dans le panorama des comédies françaises récentes, La Gardav se démarque par une proposition audacieuse et atypique, inspirée d’un fait réel. Si l’idée de départ est prometteuse, notamment par son approche loufoque d’un sujet pourtant sérieux, le résultat final peine cependant à convaincre sur la durée. Ce film est une comédie d'une heure et demie où le rire se fait parfois attendre, et malgré quelques bons moments, l’ensemble reste inégal. L'intrigue de La Gardav repose sur l’histoire de Mathieu, un jeune acteur qui, déguisé en policier pour le tournage d’un clip de rap, se retrouve en garde à vue suite à un malentendu. La scène de départ installe immédiatement un décalage burlesque : la confusion autour du personnage de Mathieu et son incompréhension totale de la situation posent le cadre d’une comédie aux accents absurdes. Cependant, cet incident initial, bien qu'amusant et propice à des situations cocasses, ne parvient pas à porter le film jusqu’au bout sans lasser.
Mathieu jeune acteur ambitieux galère pour boucler sa bande démo. Son pote Ousmane lui propose de tourner dans son clip de rap, mais le tournage ne va pas se passer comme prévu.
L’enjeu de ce type de scénario repose sur la capacité des réalisateurs, Thomas et Dimitri Lemoine, à transformer une situation unique en un enchaînement de scènes drôles et captivantes. Malheureusement, les sketches qui se succèdent oscillent en qualité, et seules certaines scènes, comme celles où Mathieu se retrouve à encaisser des coups, parviennent réellement à faire mouche. Ces passages, certes rares, rappellent les grands moments de la comédie burlesque, mais restent insuffisants pour contrebalancer le rythme hasardeux de l’ensemble. L’une des particularités de La Gardav réside dans sa construction en une série de petites séquences humoristiques. Ce format, qui peut rappeler des comédies à sketches ou des pastilles humoristiques, présente cependant l’inconvénient de créer une narration fragmentée et un manque de continuité. Certaines scènes, isolément, font rire et captivent, mais d’autres tombent à plat ou semblent forcer le trait de manière artificielle.
Les moments où le personnage principal tente maladroitement de se défendre, notamment en imitant les accusations de racisme de ses compagnons d’infortune, reflètent cette oscillation entre comique et malaise. Bien que l'intention soit clairement de jouer sur le ridicule et l'absurdité, ces séquences donnent parfois une impression d’humour forcé qui manque de naturel. En outre, les blagues, si elles sont légères et bien intentionnées, ne parviennent pas toujours à surprendre ou à déclencher le rire. La réussite d’une comédie repose souvent sur son rythme et son timing. Dans La Gardav, cet aspect est loin d’être maîtrisé. Certains moments s’étirent, les dialogues peinent à s'enchaîner avec fluidité, et le manque de dynamisme se fait sentir. Ce défaut de rythme, combiné à une réalisation qui ne parvient pas toujours à exploiter le potentiel comique des situations, laisse parfois le spectateur sur sa faim. Quant au casting, si quelques seconds rôles, comme ceux interprétés par Alain Bouzigues, Lionnel Astier ou Pierre Lottin, apportent une touche de fraîcheur et de diversité, le choix de l’acteur principal pour incarner Mathieu laisse à désirer.
Son interprétation hésitante et parfois trop caricaturale ne parvient pas à donner au personnage la consistance ou le charme nécessaire pour captiver. Bien qu’il réussisse à susciter un certain attachement par moments, son jeu reste trop souvent plat, ce qui nuit à l’empathie que le spectateur pourrait éprouver pour lui. Il serait injuste de ne pas souligner les quelques scènes qui parviennent à tirer leur épingle du jeu et à provoquer un sourire sincère. La scène de l’interrogatoire, par exemple, réussit à capturer un humour pince-sans-rire qui fait mouche. De même, la visite médicale de Mathieu, où les situations deviennent de plus en plus absurdes, offre un bon moment de comédie visuelle et décalée. La bande-son est également bien choisie, et elle accompagne efficacement le film, ajoutant une touche moderne et dynamique à certaines séquences. Ce détail musical contribue à rendre certains passages plus agréables, et participe à l’ambiance générale de l’œuvre. Cependant, au-delà de ces quelques réussites ponctuelles, La Gardav ne parvient pas à s’imposer comme une comédie marquante ou incontournable.
La Gardav n’est sans doute pas la comédie française de l’année, et il serait vain de chercher en elle un chef-d'œuvre du genre. En revanche, pour un dimanche soir ou une soirée où l’on souhaite se détendre sans trop réfléchir, le film peut remplir son office. La légèreté de son intrigue, son ambiance bon enfant, et ses quelques scènes réussies permettent au spectateur de passer un moment divertissant, même si l’ensemble reste assez vite oubliable. Finalement, La Gardav s'adresse à ceux qui recherchent une comédie sans prétention, avec un humour accessible et des personnages un peu caricaturaux, mais sympathiques. Pour les amateurs de films comiques plus travaillés, mieux vaut peut-être regarder ailleurs. Quant aux autres, ils pourront profiter de ce moment de légèreté et sourire aux situations absurdes de Mathieu, même si la promesse de rire à gorge déployée reste ici un peu en suspens.
Note : 4.5/10. En bref, une comédie en demi-teinte avec quelques éclats de rire. Entre maladresse et humour qui fait mouche.
Sorti le 5 juin 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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