11 Octobre 2024
Salem’s Lot // De Gary Doberman. Avec Lewis Pullman, Makenzie Leigh et Jordan Preston Carter.
En tant que fervent admirateur de Stephen King, il est toujours excitant de voir l’une de ses œuvres emblématiques adaptée au cinéma. Et pourtant, cette nouvelle adaptation de Salem's Lot ne parvient pas à capturer la magie du roman, un sentiment que les initiés du livre partagent probablement. Bien que certaines adaptations de King aient réussi à sublimer son univers, comme le récent remake de Ça, cette version de Salem's Lot n’atteint pas le même niveau d’excellence. Pour moi, un grand fan du livre, le film a laissé un goût amer. Le premier point qui m'a frappé, c'est l’absence de profondeur dans le traitement de certains personnages, en particulier Burke et le père Callahan. Ce sont deux figures essentielles du roman, avec des arcs narratifs riches et complexes, mais ici, ils sont à peine exploités.
Ben Mears revient dans sa ville natale de Salem, infestée de vampires. Il parvient à convaincre un petit groupe de croyants de combattre les morts-vivants.
Burke, par exemple, joue un rôle crucial dans le livre, et sa relation avec les autres personnages contribue grandement à l'atmosphère générale de l'histoire. Pourtant, dans cette adaptation, son rôle est réduit à sa plus simple expression, ce qui laisse un vide narratif regrettable. Quant au père Callahan, il subit un sort encore pire. Dans le roman, son personnage est plein de nuances, marqué par la culpabilité et sa lutte intérieure contre le mal. Mais dans le film, il est relégué à un rôle secondaire sans grande importance, ce qui m'a énormément déçu. Ce traitement superficiel de personnages aussi emblématiques est d’autant plus frustrant que les acteurs qui les incarnent, Bill Camp et John Benjamin Hickey, sont d’excellents comédiens capables de livrer des performances bien plus riches. Malheureusement, leur talent est gaspillé ici. Un autre aspect qui m’a particulièrement agacé est la représentation du vampire Barlow, le grand méchant de l'histoire.
Dans le livre, Barlow est un maître de la manipulation, un être sinistre qui tire les ficelles dans l'ombre, effrayant non seulement par sa force physique, mais aussi par son intellect redoutable. Ici, il est à peine présent à l'écran, et son impact est quasiment nul. Comment peut-on adapter une œuvre aussi riche et réduire l'un des antagonistes les plus redoutables de King à un simple prédateur sans saveur ? Même sa fin est expédiée, à tel point qu’on se demande si les scénaristes avaient vraiment saisi l’essence du personnage. L'absence de tension autour de Barlow est un échec majeur du film. Là où King construisait lentement une menace omniprésente, le film passe rapidement d'une scène à l'autre sans jamais permettre au spectateur de ressentir pleinement la terreur que devrait susciter un tel antagoniste. Cela dit, je peux comprendre que ceux qui n'ont jamais lu le livre puissent apprécier le film. Si vous êtes novices dans l'univers de Salem's Lot, certaines des faiblesses que j'ai mentionnées pourraient vous échapper.
Il est possible que vous appréciez les éléments visuels et la tentative d’instaurer une ambiance 70's Pulp. D'ailleurs, certains effets spéciaux sont bien réalisés et donnent au film une esthétique particulière qui pourrait séduire un public moins exigeant en termes de fidélité à l’œuvre originale. Toutefois, pour ceux qui, comme moi, ont grandi avec l’amour du livre, cette adaptation manque cruellement de substance. La version téléfilm de 2004, bien que modeste, reste beaucoup plus fidèle à l’esprit de l’œuvre, et ce, malgré son budget limité et une ambiance parfois kitsch. Cette nouvelle version, malgré un casting globalement compétent, échoue à recréer l’atmosphère oppressante du roman. L'une des particularités de ce film est sa fin, différente de celle du livre. Cette liberté prise par le réalisateur aurait pu être un pari intéressant, mais le résultat est, selon moi, discutable. Si l’idée de réinterpréter la conclusion d'une œuvre littéraire peut parfois apporter une nouvelle perspective, ici, elle tombe à plat.
La dernière partie du film est précipitée, transformant Mark Petrie, un jeune personnage qui, dans le roman, joue un rôle important mais mesuré, en une sorte de héros d'action excessif. Ce choix diminue l'impact de Ben Mears, le personnage principal, qui finit par paraître fade en comparaison. Cette approche, trop centrée sur l’action dans la dernière partie du film, s'éloigne de l’essence même de l’œuvre de King, qui repose sur une montée en puissance subtile de l’horreur et de la tension. Dans le livre, chaque scène contribue à un crescendo narratif qui atteint son apogée dans un final époustouflant. Le film, lui, semble vouloir tout condenser dans une série de scènes d’action sans véritable cohérence. Malheureusement, l'ennui s'installe rapidement. Le réalisateur Gary Dauberman, connu pour son travail sur The Conjuring, livre ici une œuvre sans véritable originalité. Le rythme est incohérent, les personnages sautent de conclusions en conclusions sans réelle construction, et le suspense, si essentiel à ce type de récit, est quasiment absent.
Le film semble vouloir imiter certaines recettes visuelles de films d'horreur modernes, mais sans y apporter de profondeur émotionnelle. La photographie, elle, est tout simplement horrible, dominée par une teinte orangée qui donne un aspect artificiel à l’ensemble. Ce choix visuel, loin de renforcer l'atmosphère oppressante du récit, contribue à rendre le film encore plus fade. En fin de compte, cette nouvelle version de Salem's Lot est une énorme déception pour les fans de Stephen King. Alors que le livre est un chef-d'œuvre d'horreur psychologique, le film échoue à retranscrire la complexité des personnages et l’intensité de l’intrigue. Les choix narratifs discutables, le manque de développement des personnages, et la réalisation sans âme transforment ce qui aurait pu être une adaptation mémorable en une œuvre tout à fait oubliable. Il est d’autant plus regrettable de voir une œuvre avec un tel potentiel être gâchée par une production qui semble plus intéressée à plaire au grand public qu’à rester fidèle à l’essence de l’histoire originale. Au final,
Note : 4/10. En bref, le fan de Stephen King (et du livre) que je suis est déçu. Ce Salem's Lot 2024 se résume à un film convenable pour ceux qui découvrent l’univers de King, mais une déception pour les fans de longue date.
Sorti le 3 octobre 2024 directement sur max
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