21 Novembre 2024
Les séries d’espionnage ont toujours eu un charme particulier. Elles promettent mystère, adrénaline, et des rebondissements qui tiennent en haleine. Avec Citadel: Honey Bunny, spin-off indien de l’univers Citadel d’Amazon Prime Video, je m’attendais à un souffle nouveau, notamment grâce à Raj & DK, réalisateurs reconnus pour leur style unique et leur capacité à mêler action et émotion. Malheureusement, après avoir regardé la première saison (six épisodes), mon enthousiasme initial s’est progressivement transformé en frustration. La série se déroule sur deux lignes temporelles, 1992 et 2000, mais au lieu de tirer parti de cette dynamique, elle tombe dans une mécanique lourde et répétitive. À chaque transition temporelle, un gigantesque panneau "1992" ou "2000" s’affiche à l’écran, comme si le spectateur n’était pas capable de suivre le récit sans cette insistance.
Bunny, cascadeur à Bollywood, et Honey, une actrice, doivent protéger leur fille d’assassins dans un monde d’action et d’espionnage aux enjeux élevés.
Il existe des façons plus subtiles et créatives de signifier un changement d’époque, comme jouer sur le style visuel ou utiliser des accessoires d’époque pour marquer le contraste. Mais ici, tout est assené de manière frontale, donnant une impression de manque d’imagination. Le problème majeur réside dans la narration. L’histoire, qui aurait pu tenir en un film de deux heures, s’étire péniblement sur près de six heures. Chaque épisode semble gonflé de scènes superflues, comme si le seul objectif était de remplir un quota de durée. Ce choix dilue l’impact émotionnel et dramatique, rendant l’intrigue prévisible et souvent ennuyeuse. Ce qui aurait pu être une exploration captivante des personnages et de leur passé devient une répétition monotone de clichés déjà vus dans d'autres œuvres d'espionnage. Varun Dhawan, dans le rôle principal, est l’un des rares points positifs de la série.
Son interprétation, particulièrement dans les moments émotionnels, est convaincante et montre son engagement envers le personnage. Il brille dans les scènes d’action et apporte une énergie sincère au récit. Samantha Ruth Prabhu, en revanche, m’a laissé un sentiment mitigé. Si elle excelle dans les premiers épisodes, son jeu devient inégal au fil du temps. L’utilisation évidente de chirurgies esthétiques et de maquillage lourd détourne parfois l’attention de ses performances. De plus, son accent oscille inexplicablement entre naturel et forcé, ce qui crée une dissonance qui nuit à l’immersion. Parmi les personnages secondaires, Kay Kay Menon se distingue avec une prestation impeccable, apportant une profondeur et une nuance que l’histoire elle-même ne parvient pas à capturer. La jeune Kashvi Majmundar est charmante, mais son rôle aurait pu bénéficier d’un traitement plus élaboré pour véritablement marquer les esprits.
Au-delà des performances, la série souffre de nombreuses incohérences narratives et scénaristiques. Pourquoi, dans une séquence de combat, les ennemis armés de fusils semi-automatiques ressentent-ils toujours le besoin de s’approcher des protagonistes ? Où sont les forces de l’ordre lorsqu’une ville entière semble plongée dans le chaos ? Les antagonistes, censés être des agents surentraînés, agissent comme des amateurs, se jetant littéralement dans la ligne de tir sans la moindre stratégie. Ces moments absurdes s’accumulent, rendant difficile de prendre au sérieux les enjeux de la série. L’un des moments les plus déroutants est celui où le personnage principal, retenu en captivité, conserve miraculeusement un bipeur dans sa poche, qu’elle utilise pour communiquer. Ce genre de détails, combiné à une absence totale de réalisme dans la mise en scène des lieux et des époques, contribue à décrédibiliser l’ensemble.
Visuellement, Citadel: Honey Bunny a des atouts. Les scènes d’action sont bien chorégraphiées, et la cinématographie apporte une certaine élégance à l’ensemble. Mais cette façade ne suffit pas à masquer les faiblesses fondamentales du scénario. Les décors censés représenter les années 90 ou 2000 manquent d’authenticité. Mis à part un bipeur ici et là, rien ne distingue vraiment les deux périodes. La musique, bien qu’efficace dans certaines scènes d’action, reste oubliable et n’apporte pas l’intensité émotionnelle qu’on pourrait attendre d’une série d’espionnage de cette envergure. L’un des plus grands regrets en regardant cette série est de voir à quel point elle avait du potentiel. Avec une meilleure écriture, un rythme plus resserré et une attention plus poussée aux détails, Citadel: Honey Bunny aurait pu se démarquer comme un ajout solide à l’univers de Citadel.
Malheureusement, les choix créatifs des réalisateurs et des scénaristes ont conduit à un produit final qui semble conçu pour cocher des cases plutôt que pour captiver. Le duo Raj & DK, connu pour des projets audacieux comme The Family Man, semble ici bridé par des contraintes de production ou un manque de liberté artistique. Ce n’est pas une œuvre qui marque, mais un projet oubliable qui s’appuie trop sur des recettes éculées sans jamais tenter de les subvertir ou de les réinventer. Citadel: Honey Bunny se voulait une tentative ambitieuse d’enrichir l’univers de Citadel, mais elle tombe à plat en raison de sa narration prévisible, de son rythme bancal, et de ses incohérences flagrantes. Les quelques bonnes performances et les scènes d’action bien réalisées ne suffisent pas à compenser un récit qui manque cruellement d’âme et de profondeur. Si vous cherchez une série d’espionnage riche en tension et en surprises, mieux vaut vous tourner vers des titres comme Bodyguard.
Note : 4.5/10. En bref, Citadel: Honey Bunny n’est qu’un pâle reflet de ce que le genre peut offrir, et une occasion manquée pour l’industrie indienne de s’imposer sur la scène mondiale.
Disponible sur Amazon Prime Video
Citadel: Honey Bunny est le second spin-off de Citadel après la version italienne Citadel : Diana. Des versions espagnoles et mexicaines avaient été annoncées. Une saison 2 de la série mère Citadel arrivera en 2025.
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