16 Décembre 2024
Venom: The Last Dance // De Kelly Marcel. Avec Tom Hardy, Juno Temple et Alanna Ubach.
Lorsque je me suis décidé à visionner Venom: The Last Dance, je n’en attendais pas grand-chose, et peut-être était-ce mieux ainsi. Ce troisième opus de la franchise dédiée à Venom, personnage issu de l’univers Marvel, s’inscrit dans un Monsterverse des monstres de Spider-Man, dépourvu de son élément clé : Spider-Man. Après des déceptions successives telles que Morbius ou encore Madame Web, le pari semblait risqué. Pourtant, je me suis quand même hasardé à aller voir ce dernier volet de la trilogie (et ce après le carnage du second volet). Le verdict ? Un film qui peine à convaincre mais qui, contre toute attente, parvient à ne pas sombrer totalement. Dès les premières minutes, Venom: The Last Dance se met en tête de repousser les limites du kitsch et de l’incohérence. Le film s’ouvre sur un prologue maladroit, porté par une voix-off caricaturale qui expose des enjeux minimalistes à l’extrême.
Eddie et Venom sont en cavale. Chacun est traqué par ses semblables et alors que l'étau se resserre, le duo doit prendre une décision dévastatrice qui annonce la conclusion des aventures d'Eddie et de Venom.
La narration, digne d’une parodie involontaire, pose immédiatement les bases d’une intrigue qui ne semble pas vouloir se prendre au sérieux. Le ton comique, omniprésent depuis les débuts de la franchise, est ici poussé à son paroxysme, mais souvent au détriment du récit. La première moitié du film s’embourbe dans des choix créatifs discutables. Les dialogues entre Eddie et Venom, censés être l’atout majeur de la saga, oscillent entre blagues lourdes et moments gênants. Une séquence de danse improbable sur du ABBA, intégrée de manière presque surréaliste, illustre parfaitement le décalage du film avec son propre univers. Le montage, quant à lui, confère au tout une impression d’amateurisme, tant il enchaîne des scènes chaotiques qui semblent sorties d’un délire halluciné. Ces éléments, loin de divertir, donnent l’impression d’un travail bâclé.
Pourtant, juste au moment où l’on pense avoir atteint le fond, Venom: The Last Dance amorce un virage surprenant. La seconde moitié du film abandonne progressivement son humour outrancier pour adopter un ton plus sérieux. C’est ici que l’intrigue parvient, presque miraculeusement, à susciter un minimum d’intérêt. Un morceau de bravoure situé dans une Zone 51 désertique offre enfin une séquence d’action à la hauteur des attentes, alliant tension et spectacle visuel. Ce regain d’énergie est également marqué par une tentative d’approfondir la relation entre Eddie et Venom. Bien qu’elle ne soit pas pleinement exploitée, cette dynamique gagne en sincérité, offrant un semblant d’émotion à un film jusque-là dépourvu de substance. La volonté de conclure l’arc narratif du duo avec un soupçon de dignité est perceptible, et cela joue en faveur du long-métrage.
Malgré cette amélioration relative, les faiblesses structurelles de Venom: The Last Dance restent trop importantes pour être ignorées. Le scénario, déjà mince, souffre d’un manque flagrant de cohérence. Les enjeux sont mal définis, et les péripéties s’enchaînent sans véritable logique. Les dialogues, souvent écrits à la va-vite, oscillent entre le cliché et le ridicule, renforçant le sentiment d’un film qui ne croit pas en ses propres ambitions. Du côté des effets spéciaux, la déception est également au rendez-vous. Alors que l’univers de Venom pourrait offrir des visuels spectaculaires, le rendu final laisse à désirer. Les séquences impliquant le symbiote manquent de fluidité, et certaines scènes donnent l’impression d’un retour en arrière en termes de qualité technique. Cette faiblesse visuelle, combinée à une direction artistique peu inspirée, nuit à l’immersion du spectateur.
En dépit de ses défauts, Venom: The Last Dance réussit à conclure la saga sur une note légèrement moins médiocre que ses prédécesseurs. Si la première partie frôle le désastre, la seconde offre quelques moments appréciables, notamment grâce à un effort tardif pour donner un semblant de profondeur à l’histoire. Les amateurs de la franchise pourraient y trouver une forme de satisfaction, même si l’ensemble reste loin d’être convaincant. La véritable surprise vient des perspectives ouvertes par les scènes post-génériques. Bien que souvent décriées pour leur inutilité, celles-ci laissent entrevoir l’idée d’un spin-off mettant en avant un nouveau personnage interprété par Juno Temple. Cette possibilité, si elle est bien exploitée, pourrait apporter un souffle nouveau à un univers cinématographique en perte de vitesse.
En fin de compte, Venom: The Last Dance illustre parfaitement les failles d’une franchise qui n’a jamais su trouver son identité. À mi-chemin entre le film de super-héros classique et la comédie décalée, la saga Venom n’a jamais réussi à convaincre ni les amateurs de Marvel ni les spectateurs en quête d’un divertissement intelligent. Ce troisième opus, bien que légèrement plus abouti que ses prédécesseurs, ne parvient pas à redresser la barre. Le personnage de Venom, pourtant riche en potentiel, mérite mieux que cette série de films oubliables. Si ce dernier chapitre marque réellement la fin des aventures d’Eddie Brock au cinéma, il est difficile de le regretter. Cependant, il reste à espérer qu’un éventuel renouveau du symbiote dans un autre contexte saura enfin rendre justice à l’une des créations les plus fascinantes de l’univers Marvel.
Note : 3/10. En bref, un chant des cygnes pas vraiment reluisante.
Sorti le 30 octobre 2024 au cinéma
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