3 Janvier 2025
Mufasa : Le Roi Lion // De Barry Jenkins. Avec la voix d’Aaron Pierre, Kelvin Harrison Jr et Tiffany Boone.
Lorsque l’on s’attaque à une légende telle que Le Roi Lion, on s’attend à retrouver la grandeur d’un conte universel. Avec Mufasa : Le Roi Lion, Disney tente de replonger dans l’univers de ce classique indémodable, mais le résultat final laisse un goût amer. Malgré une esthétique visuelle impeccable, le film souffre de nombreuses faiblesses, notamment sur le plan narratif et émotionnel. Voici mon analyse complète de ce qui fonctionne – et surtout, ce qui ne fonctionne pas – dans cette nouvelle production. Il serait injuste de ne pas saluer le travail technique de Mufasa : Le Roi Lion. Les paysages sont à couper le souffle, les textures des personnages sont d’un réalisme saisissant, et l’attention portée aux détails visuels témoigne d’un investissement colossal.
Rafiki raconte à la jeune lionne Kiara - la fille de Simba et Nala – la légende de Mufasa. Il est aidé en cela par Timon et Pumbaa, dont les formules choc sont désormais bien connues. Relatée sous forme de flashbacks, l'histoire de Mufasa est celle d’un lionceau orphelin, seul et désemparé qui, un jour, fait la connaissance du sympathique Taka, héritier d'une lignée royale. Cette rencontre fortuite marque le point de départ d’un périple riche en péripéties d’un petit groupe « d’indésirables » qui s’est formé autour d’eux et qui est désormais à la recherche de son destin. Leurs liens d’amitié seront soumis à rude épreuve lorsqu’il leur faudra faire équipe pour échapper à un ennemi aussi menaçant que mortel…
Toutefois, cette prouesse technique ne suffit pas à masquer le vide émotionnel qui se dégage de l’ensemble. L’un des paradoxes les plus flagrants de ce film est qu’il parvient à paraître « aseptisé », malgré sa beauté. Là où le dessin animé de 1994 insufflait vie et profondeur à ses personnages grâce à une animation traditionnelle et un sens aiguisé de la mise en scène, cette version réaliste donne l’impression d’assister à un exercice de style froid et calculé. Le spectateur est impressionné, mais rarement touché. Là où le bât blesse réellement, c’est sur le plan narratif. Le film reprend les grandes lignes du mythe de Mufasa et tente de les relier à l’histoire que nous connaissons déjà, mais le résultat est laborieux.
L’intrigue semble forcée, avec des éléments de scénario ajoutés de manière artificielle pour « coller » à l’univers du Roi Lion original. Cela donne une impression de fanfiction maladroite, où chaque référence et clin d’œil devient prévisible et parfois même lourd. Le choix de centrer l’histoire sur Rafiki racontant les origines de Mufasa à sa petite-fille aurait pu être une belle idée. Cependant, ce cadre narratif est sous-exploité et souligne davantage l’incapacité du film à créer une véritable intrigue autonome. Tout semble dicté par une peur de sortir des sentiers battus, ce qui réduit considérablement la richesse potentielle du récit. Les personnages de ce film souffrent d’un cruel manque de profondeur. Les nouveaux venus n’apportent rien de notable, et ceux que nous connaissons déjà semblent être des ombres d’eux-mêmes.
Pire encore, Timon et Pumbaa, pourtant des figures emblématiques de l’univers du Roi Lion, deviennent ici plus agaçants qu’attachants. Leurs séquences humoristiques, souvent maladroites, auraient pu être coupées sans que le récit n’en pâtisse. Leur présence finit par alourdir inutilement le film, qui dépasse déjà une durée de deux heures. Le scénario, quant à lui, est une succession de rebondissements prévisibles et de dialogues peu inspirés. Les moments censés être émouvants tombent à plat, et l’absence d’une réelle tension dramatique rend l’ensemble rapidement oubliable. L’écriture semble manquer de conviction, comme si les scénaristes eux-mêmes n’avaient pas foi en leur propre histoire. Il est impossible de parler du Roi Lion sans évoquer sa musique. Malheureusement, Mufasa : Le Roi Lion échoue à recréer la magie de la bande originale de 1994.
Les nouvelles chansons sont d’une banalité affligeante. Elles ne parviennent ni à captiver, ni à marquer les esprits. Contrairement à des classiques comme « Circle of Life » ou « Hakuna Matata », ces morceaux passent inaperçus et seront rapidement oubliés. La comparaison avec d’autres productions Disney récentes, telles que Vaiana 2, est inévitable. Là encore, la musique semble être devenue un élément accessoire, inséré pour remplir une case plutôt que pour enrichir l’expérience narrative. En fin de compte, Mufasa : Le Roi Lion ressemble davantage à une production destinée à Disney+ qu’à une véritable expérience cinématographique. Si le film peut divertir les plus jeunes et offrir un moment agréable en famille, il ne justifie pas un visionnage sur grand écran.
Ce film est une nouvelle illustration des choix récents de Disney, qui semble privilégier la rentabilité immédiate au détriment de la créativité. Autrefois surnommé « l’usine à rêves », le studio s’est transformé en une machine à cash, répétant les mêmes formules sans prendre de risques. Avec Mufasa : Le Roi Lion, Disney nous rappelle que, malgré les avancées technologiques, un film ne peut se résumer à son apparence. Il faut avant tout une histoire forte, des personnages mémorables et une musique qui transcende l’écran. Mufasa : Le Roi Lion est une belle coquille vide. Si le spectacle visuel est indéniable, il ne parvient pas à compenser une narration faible, des personnages insipides et une bande-son décevante.
Ce film, qui aurait pu enrichir l’univers du Roi Lion, se contente de recycler des éléments connus sans apporter de réelle valeur ajoutée. Pour ma part, je ne le recommande pas en salle. Attendez qu’il soit disponible sur Disney+, où il pourra servir de distraction légère sans susciter trop de regrets. Une œuvre qui, malheureusement, ne fait que renforcer la nostalgie du chef-d’œuvre de 1994.
Note : 4.5/10. En bref, une déception masquée par un écrin visuel. Reste la scène finale, émouvante, qui m’a fait verser une petite larme.
Sorti le 18 décembre 2024 au cinéma
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