Machos Alfa (Saison 3, 10 épisodes) : style toujours irrévérencieux et exploration des contradictions des nouvelles masculinités

La série espagnole Machos Alfa, disponible sur Netflix, revient en force avec sa troisième saison, offrant une nouvelle plongée dans les défis contemporains des masculinités revisitées. Créée par les frères Caballero, cette comédie continue de jouer avec les stéréotypes de genre et les bouleversements sociaux, tout en gardant son ton acerbe et son humour décalé. Avec cette nouvelle saison composée de 10 épisodes d’environ 30 minutes chacun, la série aborde des thèmes complexes tels que la parentalité, la déconstruction des modèles traditionnels de masculinité et les relations sentimentales. Bien qu’elle conserve son ton humoristique, cette saison réussit également à toucher des questions sensibles avec légèreté et pertinence, tout en offrant des intrigues captivantes pour chacun de ses personnages.

Le fil conducteur de cette saison semble être le compromis, un sujet abordé dans toutes les facettes des relations humaines. Que ce soit dans le cadre familial, professionnel ou romantique, chaque personnage est confronté à des situations qui mettent leur capacité à s'engager à l'épreuve. Pedro, incarné par Fernando Gil, est au cœur de nombreuses intrigues. Après avoir perdu le contrôle créatif de sa propre série à cause des critiques reçues en saison 2, il doit composer avec une nouvelle cheffe intraitable. Dans le même temps, il découvre que son ex-compagne, Daniela, est enceinte de lui. Mais loin de vouloir une réconciliation romantique, Daniela insiste sur une relation strictement parentale. 

Cette dynamique met Pedro face à ses responsabilités, tout en illustrant les tensions autour de l'indépendance et des attentes sociétales en matière de parentalité. Le couple formé par Luis (Fele Martínez) et Esther (Raquel Guerrero) est également soumis à de nouvelles pressions. Leur fille, Iris, remet en question son identité de genre, préférant s'identifier comme un garçon. Cette quête d’identité provoque des tensions au sein du foyer et pousse les parents à s’interroger sur leur approche éducative. Simultanément, le divorce des parents de Luis vient bousculer davantage l’équilibre familial. Hébergeant son père, un machiste notoire, Luis se retrouve à jouer les médiateurs dans un contexte où les valeurs traditionnelles et modernes s'entrechoquent. 

Esther, de son côté, lutte pour poursuivre son rêve de devenir actrice, ce qui ajoute une couche supplémentaire de complexité à leur mariage. Santi, campé par Gorka Otxoa, illustre les défis de la "déconstruction" masculine. Ayant menti sur son identité pour décrocher un emploi, il se trouve pris dans une toile de contradictions personnelles. Sa relation avec une journaliste enquêtant sur les incels et la machosphère vient souligner l’écart entre ses idéaux et ses actions. De manière subtile, la série utilise Santi pour explorer les réticences à l'engagement, souvent perçues comme des réactions aux attentes implicites de l'autre. 

Sa trajectoire révèle également les complexités des relations intergénérationnelles, avec une intrigue secondaire concernant sa fille et son ex-compagne, toutes deux impliquées dans des dynamiques sentimentales qui sortent des normes conventionnelles. La dynamique entre Raúl (Raúl Tejón) et Luz (Kira Miró) se distingue par son exploration des limites de la liberté individuelle dans le contexte des relations amoureuses. Luz adopte un mode de vie basé sur l'anarchie relationnelle, un concept qui contraste fortement avec les aspirations plus traditionnelles de Raúl. Cependant, cette saison voit Luz s'engager dans une relation monogame avec une femme, ce qui la pousse à réexaminer ses propres convictions. 

Raúl, quant à lui, tente de répliquer cette dynamique en entamant une liaison avec une femme très religieuse, créant ainsi un contraste intrigant et souvent comique. L’une des forces de Machos Alfa réside dans sa capacité à aborder des sujets contemporains avec une approche satirique et divertissante. La série met en lumière les contradictions inhérentes aux nouvelles attentes sociales, sans tomber dans un discours moralisateur. La troisième saison accorde également une place plus importante aux personnages féminins, qui prennent une ampleur narrative significative. Daniela, Luz et Esther ne se contentent plus d'être des figures en interaction avec les protagonistes masculins, mais explorent leurs propres luttes et aspirations. 

Cette évolution renforce l’équilibre entre les dynamiques de genre tout en enrichissant les arcs narratifs. Si la série brille par son humour, elle prend aussi le risque de pousser certaines situations à l’extrême. Par exemple, la gestion d’un "jour de la personne spéciale" à l’école, en remplacement de la fête des pères, est un moment où la comédie frôle la caricature. Bien que ces exagérations puissent parfois rebuter, elles s'inscrivent dans le ton volontairement irrévérencieux de la série. La dimension métatextuelle introduite en saison 2, où les critiques de la série sont intégrées à la narration, est encore exploitée ici. Cela crée un jeu amusant entre la fiction et la réalité, tout en répondant aux reproches faits à la série, notamment sur son traitement des dynamiques de genre.

Le succès de Machos Alfa repose en grande partie sur la performance de ses acteurs principaux. Fernando Gil, Fele Martínez, Gorka Otxoa et Raúl Tejón affichent une alchimie remarquable, rendant leurs interactions aussi hilarantes que crédibles. Les actrices, en particulier Raquel Guerrero et María Hervás, apportent une profondeur supplémentaire à leurs personnages, consolidant l’impact émotionnel de la série. Avec une quatrième saison déjà confirmée, Machos Alfa laisse ses personnages dans des situations intrigantes, prêtes à être explorées davantage. Bien que la série puisse parfois effleurer les thématiques qu’elle aborde, elle parvient à divertir tout en suscitant une réflexion légère sur les tensions entre tradition et modernité.

Cette troisième saison consolide la série comme une comédie satirique incontournable pour ceux qui souhaitent rire tout en réfléchissant aux contradictions de notre époque. Si vous n’avez pas encore plongé dans cet univers, c’est le moment idéal pour rattraper les trois saisons disponibles sur Netflix.

Note : 7/10. En bref, probablement la meilleure saison de Machos Alfa. Une satire des masculinités modernes qui évolue avec subtilité. 

Disponible sur Netflix

Netflix a déjà renouvelé Machos Alfa pour une saison 4. Netflix a également annoncé une adaptation allemande de la série en cours d’écriture.