28 Janvier 2025
Tout le Bleu du Ciel // De Maurice Barthélémy. Avec Camille Lou, Hugo Becker et Marie Dernarnaud.
Adapter un roman en film est toujours un défi, particulièrement lorsque le livre est aussi dense que Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa. Je n’ai pas lu ce roman, ce qui me permet de porter un regard détaché sur cette adaptation réalisée par Maurice Barthélémy. Diffusé sur TF1 et disponible sur Netflix, ce film se veut une comédie dramatique qui allie road trip, introspection et quête de sens. Le cœur de l’histoire repose sur Émile, un jeune homme confronté à une maladie neurodégénérative précoce, qui décide de fuir l’environnement médicalisé qui l’enferme. Pour ce voyage, il recrute Joanne, une jeune femme énigmatique.
Emile vient d’apprendre qu’il est atteint d’un Alzheimer précoce et qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Parce qu’il veut fuir l’hôpital, le regard de sa famille et de ses amis, il décide de partir sur les routes dans un vieux camping-car avec Joanne, cette fille qui a répondu à sa petite annonce. Elle trouve là une occasion inespérée de fuir une vie qui lui était devenue insupportable. Destination improvisée : les Pyrénées. Leur voyage, d’une incroyable beauté, va faire voler en éclats leurs certitudes et faire naître des sentiments qu’ils ne pensaient plus jamais ressentir…
Ensemble, ils embarquent dans un van pour une aventure qui les mènera à travers des paysages magnifiques et des situations parfois poignantes, parfois légères. Le concept du road trip dans un van n’est pas nouveau, mais il apporte ici une simplicité qui colle bien au propos du film. Loin des artifices ou des effets spectaculaires, le film mise sur une narration humaine, axée sur les échanges entre deux âmes en quête de répit. Le duo formé par Camille Lou (Joanne) et l’acteur incarnant Émile est sans doute l’un des points forts du film. Sans trop en faire, Camille Lou insuffle une authenticité touchante à son personnage, une femme qui semble elle aussi fuir quelque chose.
Joanne n’est pas parfaite, mais c’est justement ce qui la rend crédible. Émile, quant à lui, est un personnage plus difficile à cerner. Par moments, son comportement agace ; à d’autres, il émeut. Ce contraste peut troubler, mais il reflète aussi la complexité des émotions humaines face à une maladie aussi dévastatrice. Malgré leur différence d’âge et leurs expériences de vie opposées, les deux personnages créent une dynamique crédible, rythmée par des moments de complicité et des confrontations parfois douloureuses. Si le film parvient à émouvoir par son propos et la sincérité de ses acteurs, il souffre néanmoins de son format.
En une heure trente-sept, il est difficile d’explorer pleinement les thématiques profondes abordées : la maladie, l’amitié, la quête de liberté et l’acceptation de soi. Cela se traduit par des ellipses narratives qui laissent un sentiment d’inachevé. Certains moments du voyage manquent de liant, et l’évolution des personnages aurait gagné à être plus progressive. Ces faiblesses, qui peuvent frustrer, ne sont pas forcément imputables aux acteurs ou même à la réalisation, mais plutôt au défi de résumer une œuvre aussi riche en si peu de temps. Le road trip aurait pu être l’occasion de magnifier les paysages traversés par Émile et Joanne, mais cet aspect visuel reste assez limité.
Bien que certains décors apportent une touche de poésie, ils ne jouent pas un rôle aussi central que ce que l’on pourrait attendre d’un récit basé sur le voyage. La bande-son, de son côté, divise. Parfois trop appuyée, elle force l’émotion là où le silence ou une musique plus subtile auraient suffi. Ces choix sonores, bien que probablement faits pour amplifier l’impact dramatique, finissent par alourdir certaines scènes. Malgré ses défauts, Tout le bleu du ciel parvient à transmettre un message fort sur la fragilité de l’existence. Le film invite à se recentrer sur l’essentiel, à savourer chaque moment et à accepter ses imperfections.
Ce voyage est avant tout une leçon d’humanité : Émile, malgré sa maladie, cherche à vivre pleinement ce qu’il lui reste, tandis que Joanne trouve dans cette aventure un moyen de renouer avec elle-même. Ce message universel, bien qu’abordé avec des maladresses, résonne avec sincérité. N’ayant pas lu le livre, je ne peux comparer le film à l’œuvre originale. Cependant, cet aspect m’a permis de regarder le film sans attentes particulières, ni idées préconçues. En tant qu’œuvre indépendante, il se tient, même si des faiblesses structurelles et un certain manque de profondeur empêchent de l’élever au rang de grand film.
Ce qui ressort, c’est avant tout l’émotion que le film parvient à transmettre, en dépit de ses longueurs et de ses raccourcis narratifs. La sincérité des acteurs, le sujet poignant de la maladie et la réflexion sur le sens de la vie forment un tout qui, bien que perfectible, reste touchant. En somme, Tout le bleu du ciel est une œuvre qui a le mérite d’aborder des thématiques fortes avec une certaine simplicité. Le film n’est pas exempt de défauts : une narration parfois précipitée, une mise en scène trop sage, et une bande-son inégale. Mais il parvient à émouvoir, notamment grâce à la sincérité de son duo principal et au message qu’il véhicule.
Pour ceux qui, comme moi, n’ont pas lu le roman, le film peut se voir comme une introduction à cette histoire. Il m’a donné envie de découvrir le livre pour explorer davantage les thématiques abordées et mieux comprendre l’univers de Mélissa Da Costa. Sans être une œuvre marquante, Tout le bleu du ciel reste une expérience qui touche par son humanité. À défaut de combler les attentes des lecteurs du roman, il pourra séduire les spectateurs à la recherche d’un récit simple mais porteur de sens.
Note : 5/10. En bref, un voyage émotionnel à travers la fragilité humaine qui m’a donné envie de lire le livre.
Diffusé sur TF1 le lundi 27 janvier 2025. Disponible sur Netflix et TF1+
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