20 Janvier 2025
Avec cet épisode 5, Vargasommar continue de prouver qu’elle maîtrise l’art du slow burn, un style de narration où chaque détail compte, et où chaque pas, même minuscule, fait avancer l’intrigue dans une direction calculée. Cet épisode marque un ralentissement apparent dans le rythme, mais cette accalmie n’est qu’une façade : l’histoire se densifie, les enjeux se précisent, et les personnages révèlent des facettes insoupçonnées. Entre une enquête qui progresse enfin, des choix désespérés de personnages poussés dans leurs derniers retranchements, et une tension palpable sous-jacente, cet épisode s’affirme comme une transition essentielle et savamment construite.
L’épisode s’ouvre sur Sandra et Kenneth, deux personnages qui ont été entraînés dans un tourbillon incontrôlable depuis le début de la série. Leur décision de franchir la frontière finlandaise, accompagnés de UV, reflète un mélange de panique et de pragmatisme. Ils savent que leur survie est en jeu, et chaque action qu’ils entreprennent est dictée par une urgence presque viscérale. UV, en revanche, apporte une dynamique intrigante à leur groupe. Ses propositions pour résoudre leur dilemme témoignent d’une intelligence stratégique et d’une certaine froideur. Ce personnage devient un catalyseur, poussant Sandra et Kenneth dans des directions qu’ils n’auraient peut-être jamais envisagées seuls.
La frontière finlandaise, à la fois physique et symbolique, marque un tournant dans leur périple, les éloignant encore plus de leur ancienne vie et les plongeant plus profondément dans un monde de danger et de criminalité. Cette fuite en avant, ponctuée par des décisions drastiques, met en lumière le contraste entre leur humanité – leurs peurs, leurs hésitations – et la dure réalité de leur situation. Ce sont ces nuances qui rendent Vargasommar si captivante : rien n’est jamais noir ou blanc, et chaque choix, aussi rationnel qu’il puisse paraître, semble toujours teinté de tragédie. L’un des aspects les plus fascinants de cet épisode est le rôle presque fantomatique de Kat, la tueuse redoutable qui a dominé les épisodes précédents.
Dans cet épisode, elle reste en retrait, observant les mouvements de la police, tapie dans l’ombre comme une prédatrice silencieuse. Cette retenue renforce son aura de danger et d’imprévisibilité. Même lorsqu’elle n’agit pas directement, sa présence est ressentie, comme une menace sourde qui plane sur chaque scène. Ce choix de mise en scène est particulièrement efficace, car il permet de maintenir la tension tout en préparant le terrain pour des moments potentiellement explosifs à venir. Ce recul temporaire de Kat met également en avant les autres intrigues de l’épisode, donnant ainsi plus de place à l’évolution des arcs narratifs secondaires sans jamais perdre de vue la menace centrale qu’elle représente.
Du côté de la police, l’enquête progresse enfin après plusieurs épisodes de piétinement apparent. Hannah Wester et Gordon reçoivent un indice inattendu qui les mène à une découverte macabre. Ce moment est crucial, car il relance l’intrigue policière et donne un nouvel élan à l’histoire. Hannah, toujours aussi déterminée, montre une fois de plus sa capacité à naviguer dans un environnement où chaque réponse semble soulever de nouvelles questions. Sa relation avec Gordon est également mise en lumière dans cet épisode. Leur dynamique, basée sur une confiance mutuelle mais aussi sur des désaccords subtils, apporte une dimension humaine à l’enquête.
Cette progression dans l’enquête est particulièrement gratifiante, car elle équilibre le rythme plus lent des autres arcs narratifs. Elle rappelle que, malgré les détours émotionnels et personnels, la série ne perd jamais de vue son fil conducteur : découvrir la vérité sur les événements troublants qui secouent Haparanda. L’un des éléments les plus marquants de Vargasommar, et qui est particulièrement évident dans cet épisode, est son atmosphère. Les paysages glacés et austères de Haparanda jouent un rôle central dans la narration, reflétant le froid émotionnel et la dureté des choix auxquels les personnages sont confrontés. Dans cet épisode, cette ambiance visuelle est renforcée par une utilisation subtile de la lumière et du son.
Les dialogues posés, parfois entrecoupés de silences lourds de sens, créent une tension presque palpable. Chaque scène semble imprégnée d’une mélancolie sourde, mais aussi d’une menace latente, comme si quelque chose de terrible était sur le point de se produire à chaque instant. Cette maîtrise de l’atmosphère est l’une des raisons pour lesquelles Vargasommar se démarque si nettement des autres séries policières. Elle ne se contente pas de raconter une histoire ; elle immerge le spectateur dans un monde où chaque détail, chaque ombre, contribue à l’expérience globale. L’épisode 5 marque également un tournant dans l’intrigue globale. Les voleurs qui ont récupéré la drogue et l’argent cherchent désormais à s’en débarrasser, espérant ainsi tourner la page et échapper aux conséquences de leurs actes.
Ce développement introduit de nouveaux enjeux et prépare le terrain pour des confrontations inévitables. Ce qui est particulièrement impressionnant, c’est la manière dont la série parvient à équilibrer ces multiples arcs narratifs sans jamais donner l’impression de se disperser. Chaque personnage, chaque intrigue semble avancer de manière organique, contribuant à une toile de fond riche et cohérente. En parallèle, l’émotion commence à prendre une place plus importante dans l’histoire. Que ce soit à travers les dilemmes moraux des personnages ou les révélations personnelles qui émergent, cet épisode parvient à toucher des cordes sensibles sans jamais sombrer dans le mélodrame. C’est cette combinaison d’émotion brute et de tension constante qui rend Vargasommar si unique.
Cet épisode est un parfait exemple de la force narrative de Vargasommar. Bien qu’il soit l’un des épisodes les plus calmes de la saison en termes d’action, il compense largement par la profondeur de ses personnages et la richesse de son intrigue. J’ai particulièrement apprécié la manière dont la série continue d’explorer les dilemmes moraux de ses personnages. Sandra et Kenneth, par exemple, incarnent parfaitement cette dualité entre la survie et la culpabilité. Leur fuite désespérée, ponctuée par les propositions pragmatiques de UV, est un rappel brutal des conséquences de leurs choix.
De même, l’enquête policière, bien qu’avançant à un rythme mesuré, reste captivante grâce à l’interprétation impeccable d’Eva Melander dans le rôle de Hannah. Sa détermination, mêlée à ses propres blessures personnelles, en fait un personnage profondément humain et attachant. Enfin, la décision de maintenir Kat dans l’ombre, tout en suggérant constamment sa présence, est un choix narratif brillant. Elle reste l’un des personnages les plus fascinants de la série, et cette retenue ne fait qu’amplifier l’anticipation pour ses prochaines actions. En conclusion, cet épisode 5 s’impose comme une étape clé dans l’évolution de Vargasommar. Il sert de transition vers ce qui promet d’être un final encore plus intense et explosive.
La série continue de briller par sa capacité à équilibrer tension, émotion et intrigue, tout en offrant une exploration nuancée de ses personnages. Avec cet épisode, Vargasommar confirme une fois de plus qu’elle est bien plus qu’une simple série policière : c’est une œuvre qui capture l’essence de l’humanité dans toute sa complexité, sur fond de paysages glacés et d’intrigues méticuleusement tissées. La suite s’annonce passionnante d’autant plus que le twist autour de Kat qui est finalement la fille que Hannah a perdu il y a des années (même si ce n’est pas explicitement dit), et cet épisode laisse entrevoir tout le potentiel de cette série exceptionnelle et sa richesse émotionnelle.
Note : 8/10. En bref, un épisode qui ne cherche pas l’action mais délivre ce qu’il faut en termes d’émotions avec un cliffangher qui promet un final riche.
Prochainement en France
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog