13 Février 2025
Les séries traitant de conflits militaires et de tensions géopolitiques ont souvent un impact fort sur le public, surtout lorsqu’elles s’ancrent dans une réalité contemporaine. Avec Conflict, on pouvait s’attendre à une immersion captivante dans une situation de crise, où stratégie militaire et décisions politiques s’entremêlent dans une atmosphère pesante. Pourtant, malgré un concept intrigant et des moyens techniques notables, la série peine à convaincre. Dès les premiers épisodes, le spectateur est plongé dans une situation d’urgence qui pourrait être oppressante si elle était mieux exploitée. Le contexte pose les bases d’un affrontement qui aurait pu être haletant, mais les choix narratifs empêchent de réellement ressentir la pression.
La Finlande s’apprête à célébrer le solstice d’été lorsque la péninsule de Hanko, au sud du pays, est envahie par des soldats ennemis non identifiés. Toutes les communications sont coupées et plus de dix mille civils sont pris en otage. La cheffe d’escouade Annika Berg et une poignée d’hommes alors en patrouille fuient à travers la zone désormais occupée, livrés à eux-mêmes. Le capitaine Rami, commandant d’une unité militaire, part quant à lui à la recherche de sa femme et de sa fille et s’associe à un groupe de citoyens décidés à résister à cet ennemi encore nébuleux. A Helsinki, plusieurs stratégies s’opposent. La présidente nouvellement élue, Linnea Saaristo, propose de contrattaquer fermement quand le Premier ministre tente de convaincre les politiciens de privilégier la voie diplomatique. Le gouvernement américain et plusieurs pays alliés exhortent bientôt la présidente à ne pas envenimer le conflit. Face à l’imminence d’une guerre par procuration, la présidente Saaristo va devoir prendre des décisions difficiles mais cruciales pour éviter que l’Europe ne s’embrase, et ne contamine le monde entier.
Les dialogues semblent parfois déconnectés de la gravité des événements et les réactions des personnages ne traduisent pas toujours l’urgence de la situation. Un conflit de grande ampleur exige une mise en scène capable de faire ressentir l’angoisse de l’inconnu, la peur du prochain coup de l’ennemi. Or, ici, la menace paraît souvent floue, presque abstraite. Il manque ce sentiment d’urgence qui pousse le spectateur à se demander ce qui va arriver à la prochaine scène. Un bon récit repose sur des personnages forts, avec des motivations claires et une évolution crédible. Dans Conflict, les protagonistes existent mais ne captivent pas.
Certaines figures clés, notamment au sein du gouvernement et de l’armée, auraient pu porter l’intrigue avec plus de charisme et de conviction. Malheureusement, les interactions restent souvent plates, et l’absence d’émotion sincère nuit à l’attachement que l’on pourrait éprouver envers eux. Les enjeux individuels sont à peine effleurés, ce qui empêche d’éprouver une réelle empathie. Pour qu’un conflit paraisse crédible, il faut que les décisions des personnages soient marquées par des dilemmes profonds, que leurs actions traduisent un poids psychologique. Ici, ce poids semble absent ou traité avec trop de légèreté.
L’un des points les plus frustrants de Conflict reste sans doute la manière dont l’histoire se déroule. Certaines situations manquent de crédibilité, ce qui empêche de s’immerger pleinement dans le récit. L’idée qu’une force étrangère puisse s’introduire sur le territoire et mener des opérations stratégiques sans être immédiatement repérée semble peu plausible. De même, les raisons derrière cette invasion restent vagues, ce qui affaiblit l’intérêt pour l’histoire. L’intrigue aurait gagné à être plus resserrée, avec des enjeux clairement définis et une progression qui monte réellement en intensité.
Au lieu de cela, certaines scènes donnent l’impression d’être ajoutées pour remplir du temps d’écran plutôt que pour faire avancer le récit. Cela crée un déséquilibre entre des moments où l’action est trop diluée et d’autres où tout semble précipité. Il serait injuste de ne pas reconnaître les qualités esthétiques de la série. Les paysages naturels sont sublimés par de belles prises de vue, et les décors contribuent à ancrer l’histoire dans une certaine authenticité. L’utilisation de matériel militaire réel ajoute une touche de réalisme appréciable. Cependant, si l’image est maîtrisée, la mise en scène souffre d’un manque de dynamisme.
Certaines séquences auraient pu être bien plus percutantes si elles avaient été soutenues par une réalisation plus inspirée. La tension dramatique, qui devrait être au cœur de l’histoire, ne trouve pas toujours d’écho dans la mise en scène, ce qui réduit l’impact de nombreux moments clés. Au fil des épisodes, quelques améliorations se font sentir. Les épisodes intermédiaires parviennent à installer un peu plus de tension, et certains éléments du récit prennent enfin du relief. Malheureusement, la conclusion ne parvient pas à offrir un dénouement satisfaisant. Ce qui aurait pu être un final intense et marquant se révèle finalement tiède, comme si tout l’arc narratif construit jusqu’ici retombait à plat.
Les arcs des personnages n’aboutissent pas réellement et les enjeux retombent sans réel impact. Une série de ce genre aurait mérité une montée en puissance progressive menant à une résolution mémorable. Au lieu de cela, la fin paraît expédiée, presque anecdotique, ce qui laisse une impression d’inachevé. L’intention derrière Conflict était prometteuse : explorer une crise militaire et politique à travers une approche réaliste. Sur le papier, l’idée était forte, mais sa mise en œuvre n’est pas à la hauteur. Entre des personnages sous-exploités, un manque de tension dramatique et un scénario aux incohérences trop visibles, la série peine à captiver.
Si l’on ajoute à cela un rythme inégal et une mise en scène parfois trop rigide, on se retrouve avec un projet qui aurait pu être marquant, mais qui laisse finalement un goût d’inachevé. Reste à voir si une éventuelle suite ou un projet similaire pourrait corriger ces défauts et proposer une version plus immersive et engageante de ce type de récit. En l’état, Conflict s’inscrit dans ces séries qui possèdent des atouts indéniables mais qui, faute d’une direction plus affirmée, peinent à marquer les esprits.
Note : 4.5/10. En bref, si le début semblait prometteur, la série laisse sur sa faim en plus de manquer à pas mal de ses promesses. Cela reste sympathique par moment mais loin d’être indispensable.
Disponible sur myCanal
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog