Critiques Séries : The Irrational. Saison 2. Episode 15.

Critiques Séries : The Irrational. Saison 2. Episode 15.

The Irrational // Saison 2. Episode 15. Conversation Games.

 

L’épisode 15 de la saison 2 de The Irrational aborde un sujet souvent mal représenté à la télévision : la psychopathie. Trop souvent, ce terme est utilisé à tort pour désigner des criminels violents ou des tueurs en série, renforçant des stéréotypes erronés. Cet épisode tente d’adopter une approche plus nuancée en présentant un personnage qui revendique lui-même son trouble, mais la façon dont l’histoire évolue finit par brouiller le message initial. L’intrigue démarre sur une piste intrigante : Kylie soupçonne que plusieurs décès survenus lors d’activités extrêmes organisées par l’entreprise de Ben cachent quelque chose de plus grave qu’un simple accident. 

 

Cependant, ses collègues pensent qu’elle cherche des preuves là où il n’y en a pas. Malgré cela, Marisa décide d’enquêter et se retrouve rapidement menacée par un employé de Ben, ce qui laisse entendre que Kylie pourrait bien avoir raison. À ce stade, l’épisode semble suivre une trame classique d’enquête, mais la tournure qu’il prend ensuite s’éloigne un peu de la rigueur habituellement associée aux analyses d’Alec. Plutôt que de lier l’affaire aux principes de neurosciences explorés par Alec, l’épisode bifurque vers un débat sur la psychopathie. 

Très vite, ses étudiants commencent à évaluer Ben sous cet angle, délaissant la résolution du crime pour se focaliser sur son profil psychologique. Ce virage est intéressant dans la mesure où il interroge la perception que l’on a des psychopathes, mais il affaiblit la cohérence de l’enquête en cours. L’une des grandes réussites de l’épisode réside dans la manière dont il présente Ben. Contrairement aux clichés habituels, il ne correspond pas au portrait du tueur sans scrupules souvent associé à la psychopathie dans les fictions. Ben admet ouvertement être un psychopathe et demande l’aide d’Alec pour identifier le coupable qui ternit son image. 

 

Cette confession surprend, car ce trouble est rarement assumé de manière aussi directe. L’épisode introduit alors un concept peu connu du grand public : la psychopathie prosociale. Ces individus n’éprouvent pas d’empathie au sens classique, mais suivent des règles sociales par intérêt personnel ou pour des bénéfices externes. Ils ne cherchent pas à faire le mal, mais agissent dans leur propre intérêt en respectant les codes de la société. Cette représentation est assez juste sur le plan scientifique. Pourtant, la façon dont l’histoire évolue finit par contredire cette approche.

Alors que l’épisode semblait vouloir déconstruire certains mythes, il finit par revenir à une vision plus traditionnelle et sensationnaliste de la psychopathie. Alec, qui pourtant connaît bien les rouages du comportement humain, semble accepter un peu trop facilement les explications de Ben. Or, si certains psychopathes ne sont pas dangereux, d’autres n’auraient aucun scrupule à manipuler leur entourage en se présentant comme inoffensifs. Cette possibilité aurait dû être envisagée plus sérieusement. Le retournement de situation qui survient plus tard semble contredire tout le travail amorcé pour nuancer le sujet. 

 

Plutôt que d’explorer davantage la complexité de la psychopathie, l’épisode opte pour une conclusion plus simpliste, qui annule en partie l’effort initial de démystification. Un autre aspect intéressant de l’épisode concerne Simon, qui commence à se demander s’il pourrait être lui aussi un psychopathe. Il se reconnaît dans certains traits associés à ce trouble et s’inquiète des implications possibles. Pourtant, la réponse est assez évidente : une personne véritablement dénuée d’empathie ne se poserait pas ce genre de questions. Le simple fait que Simon s’inquiète d’être capable de blesser autrui prouve qu’il n’en est pas un.

Cette réflexion permet de casser une idée reçue : la psychopathie n’est pas un état binaire où l’on est soit un monstre sanguinaire, soit une personne parfaitement normale. Comme toute caractéristique psychologique, elle s’inscrit dans un spectre, et cet épisode montre bien que tout n’est pas noir ou blanc. Enfin, un détail amusant vient renforcer les contradictions de l’épisode : Alec reproche à Simon de vouloir le suivre dans une situation qu’il juge trop dangereuse. 

 

Ce conseil semble particulièrement hypocrite quand on se souvient qu’Alec lui-même a pris des risques inconsidérés à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il s’est placé sur les rails face à un train en marche dans un épisode précédent. Le fait que Simon ignore l’avertissement n’est donc pas surprenant, mais cette incohérence dans le discours d’Alec montre bien que même les meilleurs experts ne sont pas à l’abri de leurs propres contradictions. L’épisode 15 de The Irrational avait tout pour être une exploration intelligente et nuancée de la psychopathie. En introduisant la notion de psychopathie pro-sociale, il amorçait un travail intéressant sur la déconstruction des stéréotypes.

Cependant, en choisissant une conclusion plus conventionnelle, il brouille son propre message et laisse un sentiment d’inachevé. L’enquête, quant à elle, passe au second plan au profit d’une discussion psychologique qui, bien que pertinente, n’est pas exploitée jusqu’au bout. Malgré ces faiblesses, l’épisode a le mérite de poser des questions rarement abordées dans les séries policières. Il rappelle aussi que les comportements humains sont complexes et qu’aucun profil psychologique ne peut être réduit à une simple étiquette.

 

Note : 4.5/10. En bref, si la série aborde ici un sujet rarement abordé dans les séries policières, l’enquête part un peu trop dans tous les sens pour rester engageante. 

Prochainement sur M6 et M6+

 

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