14 Mars 2025
La série Deli Boys s’attaque à un genre bien rodé, celui des comédies criminelles, tout en y insufflant une identité forte, ancrée dans une culture rarement mise en avant à la télévision. Avec ses dix épisodes, cette première saison explore la trajectoire de deux frères pakistano-américains confrontés à une vérité troublante : leur père, loin d’être un simple propriétaire de supérettes prospères, était en réalité impliqué dans un vaste réseau criminel. L’héritage de ce patriarche ne se limite pas à une entreprise florissante. Il inclut aussi une myriade de problèmes dont ses fils, Raj et Mir Dar, doivent désormais s’occuper.
Deux frères d'origine pakistanaise, Mir Dar et Raj, dont le père décédé, Baba, émigré arrivé sans le sou aux Etats-Unis et devenu magnat des magasins de proximité, doivent faire face à la vie criminelle secrète de leur père.
L’un est insouciant et détaché, l’autre ambitieux et pragmatique, et leurs divergences de caractère vont alimenter une dynamique aussi comique que chaotique. Dès les premières minutes, Deli Boys impose son rythme. Un événement brutal force Raj et Mir à prendre les rênes d’un empire qu’ils ne comprennent pas et dont ils ne mesurent pas immédiatement les dangers. Ils ne sont ni mafieux aguerris, ni calculateurs redoutables. Leur apprentissage, fait d’erreurs et de quiproquos, les pousse dans des situations toujours plus absurdes et périlleuses. Le contraste entre les deux frères est l’un des ressorts comiques et dramatiques de la série.
Raj, l’aîné, profite de la richesse familiale sans chercher à comprendre d’où elle provient. Son attitude détachée tranche avec celle de Mir, qui porte sur ses épaules le poids de l’héritage familial. Entre les tentatives de Mir pour maintenir un semblant de contrôle et les décisions impulsives de Raj, l’intrigue trouve un équilibre subtil entre tension et légèreté. Ce qui distingue Deli Boys, c’est sa façon d’aborder le monde du crime. Plutôt que de sombrer dans les clichés habituels, la série se joue des codes et les adapte à ses propres enjeux narratifs. Les Dar ne sont pas des gangsters nés, et cela se ressent dans chaque confrontation avec leurs rivaux ou avec la police.
L’un des points forts du récit repose sur la figure de Lucky, une tante aussi charismatique que redoutable. Bras droit du patriarche disparu, elle endosse le rôle de mentor et de protectrice pour ses neveux, leur enseignant à survivre dans cet univers où la moindre erreur peut être fatale. Son personnage apporte une dynamique supplémentaire à l’histoire, oscillant entre autorité et affection, et s’impose comme l’un des piliers de la série. Deli Boys ne se limite pas à une simple histoire de crime et de famille. La série explore aussi des thèmes plus profonds liés à l’identité, aux pressions familiales et aux différences de perception entre générations d’immigrés.
Raj et Mir sont les produits d’une éducation marquée par le rêve américain, mais ils doivent composer avec un héritage bien plus compliqué que prévu. Les références culturelles sont intégrées de manière fluide, sans jamais tomber dans l’excès explicatif. Que ce soit dans les dialogues, les situations ou les choix des personnages, la série parvient à retranscrire une expérience de diaspora authentique, où les traditions et la modernité s’entrechoquent sans cesse. Si la série brille par son humour et sa construction des personnages, certains aspects du scénario peinent à convaincre.
L’intrigue policière, notamment avec l’intervention du FBI, manque de subtilité et repose sur des ressorts scénaristiques un peu trop prévisibles. Les agents censés enquêter sur les Dar semblent souvent dépassés, ce qui amoindrit la tension dramatique que la série tente d’instaurer. D’autres éléments peuvent prêter à débat, notamment certaines incohérences relevées par une partie du public. Entre choix de prénoms qui ne correspondent pas toujours aux origines culturelles des personnages et quelques raccourcis scénaristiques, Deli Boys n’échappe pas aux critiques.
Cependant, ces détails n’entachent pas fondamentalement l’expérience globale et ne nuisent pas à l’attachement que l’on peut développer pour les protagonistes. Malgré quelques imperfections, Deli Boys parvient à captiver par son énergie et son ton unique. L’alchimie entre les acteurs, la dynamique des dialogues et le mélange de comédie et de drame en font une proposition originale dans le paysage des séries actuelles. Ce qui fonctionne avant tout, c’est la manière dont la série joue avec ses personnages. Raj et Mir, bien que dépassés par les événements, restent profondément attachants.
Leur relation fraternelle, marquée par les disputes mais aussi par une loyauté indéfectible, donne une véritable profondeur émotionnelle au récit. Finalement, Deli Boys s’impose comme une série qui, sans révolutionner le genre, réussit à proposer un regard neuf sur une histoire de crime familial. L’humour, l’action et les dilemmes moraux s’entremêlent pour offrir une aventure aussi chaotique qu’addictive. À voir si la suite permettra d’affiner certains aspects narratifs tout en conservant cette énergie qui fait tout son charme.
Note : 6/10. En bref, une série charmante qui, derrière son côté chaotique parvient à délivrer humour et émotions.
Disponible sur Disney+
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