10 Avril 2025
Dog Man // De Peter Hastings. Avec la voix de Peter Hastings, Pete Davidson et Lil Rel Howery.
Dog Man, réalisé par Peter Hastings, s’inscrit dans la veine des films d’animation récents qui refusent de choisir entre divertissement pour enfants et second degré pour les adultes. Inspiré de la série de romans graphiques signée Dav Pilkey, le long-métrage ose le mélange des genres et assume un ton volontairement absurde, à la frontière du non-sens assumé et de la critique sociétale légère. L’ensemble est bariolé, rythmé et plutôt généreux, bien qu’un brin épuisant à la longue. Dès les premières minutes, le film installe un univers qui semble tout droit sorti de l’imaginaire débridé d’un enfant hyperactif.
Lorsqu’un policier et son fidèle compagnon de la brigade canine sont tous les deux blessés au cours d’une mission, une opération chirurgicale aussi insensée que miraculeuse les lie à jamais et donne naissance à celui qu’on appellera désormais Dog Man. Celui-ci est depuis aussi motivé pour servir son pays que pour rapporter ce qu’on lui lance, s’asseoir sagement ou se rouler par terre. Dog Man s’évertue à faire ses preuves sous cette nouvelle identité pour mieux impressionner son supérieur, en mettant fin aux exactions du chat tristement célèbre Monpetit. Jamais à court de mauvaises idées, le félin n’a récemment rien trouvé de mieux que de se cloner lui-même afin de doubler sa capacité à commettre des infractions. Mais la situation se corse encore quand Petitmonpetit, son tout jeune clone, tombe entre les griffes d'un ennemi commun. Pour sauver le petit chaton, chien et chat unissent alors leurs forces bien malgré eux dans une course contre la montre survoltée. L’occasion pour eux de découvrir que les liens familiaux sont capables de réunir les ennemis les plus hostiles.
Un policier et son chien fusionnent accidentellement pour donner naissance à Dog Man, un héros mi-homme mi-chien, à la loyauté sans faille et à la maladresse attendrissante. Autour de lui gravite une galerie de personnages décalés, à commencer par Petey, un chat à l’ego surdimensionné, qui finit par se retrouver dépassé par son propre clone. Ce duo, improbable et parfois attendrissant, donne lieu à des situations aussi farfelues qu’inattendues. Le film se distingue par un style visuel qui sort des standards actuels. L’animation, bien qu’en images de synthèse, conserve l’apparence du stop motion, avec des textures qui évoquent les dessins à la main, des aplats de couleurs volontairement imparfaits, et des effets 2D qui se superposent à l’animation pour renforcer l’aspect ludique.
Ce choix artistique donne au film une vraie personnalité, même si cela peut aussi provoquer un certain sentiment de saturation visuelle. Chaque scène semble surchargée d’éléments, d’effets et de gags visuels. Cela amuse un temps, mais finit par fatiguer. Le ton, quant à lui, reste résolument enfantin, avec un humour burlesque qui s’adresse avant tout à un jeune public. Pourtant, entre deux courses-poursuites absurdes et un poisson géant prenant le contrôle de la ville (oui, vraiment), quelques références glissées ici et là éveillent l’attention des adultes.
Des clins d'œil au cinéma, comme une séquence qui rappelle Apocalypse Now, sont savamment dosés, sans tomber dans la citation gratuite. Ce double niveau de lecture fonctionne par moments, mais ne suffit pas à maintenir un équilibre sur la durée. Ce qui ressort malgré tout, c’est une certaine sincérité dans le traitement des personnages. Le lien entre Dog Man et Lil Petey, petit clone de chat au cœur tendre, apporte un souffle émotionnel inattendu. Leur relation, entre maladresse et affection, aborde avec simplicité des thèmes comme la loyauté, la recherche d’affection ou encore la reconstruction familiale.
Rien de révolutionnaire, mais une touche d’humanité bienvenue dans ce chaos assumé. La structure narrative du film suit un schéma classique d’aventure avec rebondissements à chaque coin de rue. Entre une journaliste en quête de scoops, un chef de la police dépassé par les événements et un méchant aux plans de plus en plus bancals, le récit ne laisse aucun temps mort. Cette dynamique constante a son efficacité, notamment pour capter l’attention des plus jeunes, mais elle a aussi ses limites. À force d’accélérations et de gags successifs, le film ne prend jamais vraiment le temps de respirer.
Côté humour, le film alterne jeux de mots enfantins, clins d’œil méta et absurdités pures. Certaines répliques fonctionnent bien, notamment lorsque le film se moque gentiment de l’image de la police ou des clichés hollywoodiens. D’autres sont plus poussives, voire redondantes. Néanmoins, la volonté de faire rire sans cynisme reste appréciable. Dog Man réussit à trouver un équilibre instable entre le cartoon déjanté et la fable morale légère. Il ne révolutionne rien, mais propose un moment de divertissement énergique, qui plaira surtout aux enfants et aux amateurs de récits décalés.
Les adultes y trouveront de quoi sourire, parfois de quoi lever les yeux au ciel, mais aussi quelques passages sincères qui rappellent que même dans un film rempli de gags absurdes, l’émotion peut trouver sa place. Ce film d’animation signé DreamWorks s'inscrit dans la continuité des productions qui misent sur l'extravagance visuelle et les personnages caricaturaux pour séduire un public familial. En revanche, il manque peut-être d’un peu de recul pour tempérer son énergie débordante. Il aurait gagné à ralentir, à poser certains enjeux, à laisser respirer ses personnages.
Mais ce n’est visiblement pas le parti pris de Peter Hastings, qui préfère l’outrance au minimalisme. Derrière cette déferlante de couleurs, de bruitages et de gags, se cache tout de même un film qui n’est pas dénué de cœur. Dog Man n’est pas seulement un héros comique ; il représente une forme d’innocence confrontée à un monde désordonné, ce qui résonne assez bien dans l’univers d’un jeune spectateur. Les adultes plus sensibles à l’esthétique ou aux sous-textes politiques devront probablement faire un effort pour entrer dans l’univers proposé. En résumé, Dog Man n’est pas un film d’animation à aborder avec des attentes trop précises.
C’est une aventure désorganisée, parfois trop bruyante, mais qui garde une forme de générosité dans sa façon de tout donner à chaque scène. Il amuse, il surprend, il agace parfois, mais il ne laisse pas indifférent. Et pour un film qui s’adresse avant tout aux enfants, c’est déjà une réussite. Ce type de production rappelle qu’il est encore possible de créer des films d’animation qui ne se prennent pas au sérieux, tout en intégrant des thématiques importantes à hauteur d’enfant. Dog Man n’a pas la prétention de faire date, mais il pourrait bien devenir un rendez-vous régulier si l’envie d’une suite se concrétise. Dans ce cas, peut-être qu’un peu plus de subtilité ne ferait pas de mal.
Note : 6.5/10. En bref, Dog Man n’est pas un film d’animation à aborder avec des attentes trop précises. C’est une aventure désorganisée, parfois trop bruyante, mais qui garde une forme de générosité dans sa façon de tout donner à chaque scène.
Sorti le 9 avril 2025 au cinéma
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