15 Avril 2025
The Amateur // De James Hawes. Avec Rami Malek, Laurence Fishburne et Rachel Brosnahan.
The Amateur, réalisé par James Hawes, s’inscrit dans la veine des films d'espionnage contemporains, avec tous les codes que cela implique : action, suspense, intrigues politiques et une quête de vengeance personnelle qui structure l’ensemble. Porté par Rami Malek, ce long-métrage repose autant sur les ressorts classiques du genre que sur une approche plus cérébrale de la figure du héros. Le film remplit son contrat en offrant deux heures de divertissement tendu, même si certains choix laissent une impression mitigée.
Charlie Heller, un cryptographe de la CIA aussi brillant qu’introverti, voit son existence basculer lorsque sa femme décède durant une attaque terroriste perpétrée à Londres. Déplorant l’inaction de sa hiérarchie, il prend alors l’affaire en mains et se met à la recherche des assassins, embarquant pour un dangereux voyage partout à travers le monde pour assouvir sa vengeance.
Au cœur du film, Charlie Heller, un analyste de la CIA, voit sa vie bouleversée après la mort de sa femme dans un attentat. Ce n’est pas un agent de terrain mais un spécialiste du numérique, du type discret mais redoutablement intelligent. Ce qui aurait pu rester une tragédie personnelle devient le point de départ d’un engrenage plus vaste, quand Heller découvre des éléments troublants impliquant sa propre agence. Animé par une douleur qu’il n’arrive pas à contenir, il quitte sa position de simple analyste pour mener une enquête clandestine qui le conduit à travers plusieurs villes d’Europe.
L’histoire se construit autour de la frontière floue entre justice et vengeance. Le film tente de questionner cette distinction, notamment à travers les dilemmes du personnage principal. Pourtant, ces interrogations restent en toile de fond et ne sont pas toujours explorées à fond. C’est un peu dommage, car cela aurait pu apporter une véritable densité psychologique à l’intrigue. Dans ce rôle, Rami Malek trouve un personnage à sa mesure : introverti, méthodique, mais émotionnellement secoué. Il s’éloigne des archétypes du héros d’action classique, ce qui donne une certaine originalité au film.
Son Charlie n’est ni un combattant aguerri ni un tueur né. Il agit souvent par la ruse, en utilisant ses compétences informatiques plutôt que la force brute. Ce positionnement rend certaines scènes plus crédibles, d’autres un peu moins, notamment lorsqu’il parvient à se sortir de situations délicates avec une facilité qui interroge. Malek convainc dans les moments de doute et de solitude, mais semble parfois moins à l’aise dans les scènes d’émotion plus intenses. Ce n’est pas gênant au point de nuire à l’ensemble, mais cela limite un peu l’impact de certaines séquences censées être marquantes.
L’écriture du personnage, elle aussi, aurait pu creuser davantage la complexité de sa transformation intérieure. La réalisation de James Hawes est efficace, sans être mémorable. Il livre un film rythmé, où les scènes d’action alternent avec des moments de tension plus contenus. Le découpage est précis, la narration fluide, et le spectateur est embarqué sans temps mort. L’enchaînement des villes — Londres, Paris, Istanbul, Madrid, Marseille — donne une dimension internationale au récit.
Cela participe à l’esthétique du film, même si le traitement reste un peu convenu, avec les habituelles vues aériennes et les repères géographiques affichés en toutes lettres. Le travail sur les décors mérite toutefois d’être salué. Il y a une vraie volonté de donner du relief à chaque lieu, même si le film ne s’éloigne pas des clichés touristiques. L’ambiance générale reste assez lisse, et on sent que la priorité a été donnée à l'efficacité narrative plutôt qu'à l'originalité visuelle. Autour de Rami Malek, le casting est solide mais sous-exploité. Laurence Fishburne, par exemple, joue un rôle important dans l’histoire, mais son personnage manque de clarté.
On a parfois du mal à comprendre ses motivations, ce qui rend son parcours un peu confus. Rachel Brosnahan, Jon Bernthal et Holt McCallany complètent la distribution, chacun apportant sa touche mais avec des rôles assez stéréotypés. Dans l’ensemble, ces personnages servent surtout à faire avancer l’intrigue et à incarner les différentes forces qui s’opposent ou s’allient à Charlie. Ils ne sont pas développés en profondeur, mais dans un thriller d’action, ce n’est pas toujours indispensable. Cela dit, un peu plus de nuances n’aurait pas été de trop.
Comme souvent dans ce type de film, la frontière entre crédible et improbable est franchie à plusieurs reprises. Le personnage de Charlie se déplace à travers l’Europe alors qu’il est recherché, piratant systèmes de sécurité et réseaux de surveillance avec une aisance qui fait sourire. Certaines coïncidences sont grosses, et la façon dont les pièces du puzzle s’assemblent paraît parfois un peu forcée. Mais en même temps, le film ne prétend pas être un documentaire. Il assume sa part de fiction, et cela fait partie du jeu. Il faut simplement accepter de suspendre son incrédulité.
Si l’on entre dans cette logique, The Amateur reste prenant jusqu’au bout, sans jamais vraiment relâcher la tension. The Amateur ne cherche pas à révolutionner le film d’espionnage, et c’est peut-être là sa limite mais aussi sa force. Il offre ce que l’on peut attendre d’un thriller : de l’action, des rebondissements, un héros porté par un drame personnel, et une machination plus vaste en toile de fond. Il ne creuse pas profondément ses thématiques, mais il parvient à maintenir l’intérêt, ce qui n’est pas négligeable. En choisissant un personnage principal moins conventionnel que les habituels agents surentraînés, le film tente une variation intéressante.
Même si cela reste parfois superficiel, l’intention est là. Cela pourrait d’ailleurs ouvrir la porte à une suite, tant le personnage semble pensé pour évoluer dans un univers plus large. Sans être un chef-d’œuvre, The Amateur est un thriller bien ficelé, qui remplit son objectif de divertir. Il réussit à maintenir une tension constante tout en mettant en scène un héros un peu atypique, ce qui suffit à le distinguer de certaines productions plus génériques. Quelques facilités de scénario et un manque de profondeur psychologique l’empêchent de vraiment marquer, mais cela n’empêche pas de passer un bon moment.
Note : 6.5/10. En bref, une œuvre bien menée, qui ne triche pas sur ses intentions et qui tient la route du début à la fin. Pour celles et ceux qui apprécient les histoires de vengeance portées par un fond de conspiration.
Sorti le 9 avril 2025 au cinéma
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