Critiques Séries : Watson. Saison 1. Episode 9.

Critiques Séries : Watson. Saison 1. Episode 9.

Watson // Saison 1. Episode 9. Take a Family History.

 

L’épisode 9 de Watson, intitulé « Take a Family History », opère un net changement de cap par rapport à l’épisode précédent. Après un détour maladroit par des figures emblématiques du canon holmésien, l’intrigue revient ici à une forme plus introspective, recentrée sur les personnages déjà en place. Un choix salutaire, dans la mesure où la série semble encore hésiter entre capitaliser sur ses références et développer ses propres voix. Cet épisode met en avant le personnage de Derian, dont l’attitude distante et défensive trouve ici des racines claires et profondes. 

 

Le scénario opte pour un retour en 2009, une séquence d’ouverture qui n’a rien de gratuit : il s’agit de comprendre ce qui a forgé cette femme que l’on perçoit, depuis le début, comme difficile à cerner. La scène initiale montre une jeune Ingrid (le vrai prénom de Derian) courant à l’hôpital universitaire pour retrouver sa sœur, victime d’une chute depuis un balcon. Derrière cet événement tragique, se dessinent rapidement des zones d’ombre. L’épisode laisse peu de place au doute : l’environnement familial était toxique, dominé par un père violent, physiquement comme psychologiquement. 

La blessure de Gigi, la sœur, n’a rien d’un accident domestique banal. Ce drame initial est la clé de lecture de beaucoup de choses chez Derian : son obsession pour le programme Spinal Signal, sa volonté de maîtriser chaque situation médicale, son refus de laisser d’autres prendre les décisions pour ses proches. L’opération refusée à l’époque par un médecin peu réceptif aux alternatives a brisé un espoir, mais surtout semé une rancune qui, des années plus tard, continue de nourrir la colère. Dans le présent, Derian retrouve sa sœur Gigi dans un état de panique. Sa paralysie semble empirer brutalement, et les douleurs s’intensifient. 

 

Gigi veut retourner à UHOP, l’hôpital qu’elle considère comme le plus compétent, mais Derian rechigne. Pas seulement par peur d’un diagnostic négatif : elle craint que leur lien familial soit découvert. Gigi a changé de nom, justement pour brouiller les pistes. Mais ce camouflage ne tient pas longtemps. Watson finit par faire le rapprochement. Son étonnement se mêle à une forme de trahison : Derian n’a pas été honnête, ni avec lui, ni avec l’institution médicale. Elle a inscrit sa sœur dans un programme en utilisant son influence, tout en feignant de ne pas la connaître. Pour Watson, cette dissimulation est un manquement grave. Pour Derian, c’est un acte de survie.

Ce que cet épisode fait bien, c’est articuler passé et présent, sans chercher l’excuse facile. Le personnage de Mary, chirurgienne en poste à l’époque de l’accident, se retrouve mêlée à cette histoire à double titre : en tant qu’intervenante d’alors, et en tant que partenaire affective actuelle de Watson. Si Mary a essayé, selon ses mots, de faire ce qu’elle pouvait, Derian ne lui pardonne toujours pas d’avoir baissé les bras trop tôt. Le ressentiment est vivace, alimenté par une blessure qui n’a jamais cicatrisé. Mais Derian n’est pas une simple victime passive de son histoire. Un dernier flashback vient bouleverser la perception qu’on peut avoir d’elle : elle a tué son père. 

 

Fentanyl volé à l’hôpital, mise en scène méticuleuse, enterrement discret. Ce n’est pas une pulsion, c’est une décision mûrement réfléchie. Et dans ce geste, chacun jugera selon sa propre éthique : vengeance, justice ou désespoir. À côté de cette trame principale très chargée émotionnellement, l’épisode trouve le moyen d’explorer des dynamiques plus légères, mais pas inutiles. La relation ambiguë entre Lubbock et Stephens prend un peu plus de consistance, via une situation plutôt banale : la Saint-Valentin, des profils de rencontre, et un chien à trois pattes qui, sans trop en faire, crée un lien. 

Rien de révolutionnaire, mais ce type de moment donne un peu de respiration à l’ensemble. Watson, de son côté, partage un dîner avec Mary, organisé à l’origine pour elle et son ex. L’invitation est un pis-aller, mais elle permet à Watson d’aborder, enfin, les émotions liées à un deuil passé. Leur dialogue n’a rien de spectaculaire, mais il contribue à solidifier cette relation, dans laquelle les blessures personnelles trouvent un écho. La question de l’éthique médicale traverse tout l’épisode. Derian, en cachant le lien avec sa sœur, a enfreint plusieurs règles. Elle connaît les conséquences. 

 

Mary, désormais responsable hiérarchique, décide de ne pas la renvoyer immédiatement, mais lui laisse deux mois pour se retourner. Une forme de sursis, mais aussi un avertissement. Watson, bien qu’empathique, ne prend pas le parti de Derian. Il reconnaît la gravité de ses actes, tout en comprenant l’origine de ses choix. Ce positionnement nuancé renforce la dimension humaine du personnage, qui continue à se débattre entre ses principes et ses émotions. L’épisode laisse entendre que Derian pourrait se rapprocher de Moriarty, dont la présence reste encore en filigrane mais dont l’influence semble croissante. 

Ce glissement potentiel interroge : Derian est-elle vraiment en train de basculer ? Ou simplement en quête d’une nouvelle forme de justice, après avoir épuisé les voies officielles ? Le fait qu’elle tienne un journal sur les pratiques douteuses de Watson suggère qu’elle prépare quelque chose. Ce n’est pas un retournement improbable, tant le personnage est complexe et difficile à classer. Et c’est sans doute ce qui en fait un des éléments les plus intéressants de la série, à ce stade. L’épisode 9 réussit mieux que les précédents à articuler les enjeux individuels avec les tensions médicales. 

 

Ce retour à des problématiques internes, à hauteur humaine, donne un peu d’épaisseur à une série qui peine encore à trouver un équilibre. La tentative de construire des arcs relationnels entre les personnages secondaires mérite d’être poursuivie, même si cela reste encore en surface. Certains éléments peuvent sembler téléphonés, notamment dans la manière dont les secrets sont révélés ou les conflits réglés, mais l’effort de cohérence est perceptible. Et surtout, l’épisode a le mérite de creuser des personnages que la série avait jusque-là laissés en périphérie.

 

Il reste quatre épisodes cette saison. Le choix sera crucial : continuer à injecter du "mythe" Sherlock Holmes au risque de perdre l’âme propre de Watson, ou assumer pleinement sa voie originale. Cet épisode, en tout cas, montre que le potentiel existe — même s’il est encore fragile.

 

Note : 5/10. En bref, du mieux mais cela reste une série médiocre qui a du mal à faire éclore quoi que ce soit de réellement percutant. 

Prochainement sur Paramount+

 

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