Critiques Séries : Suits L.A. Saison 1. Episode 8.

Critiques Séries : Suits L.A. Saison 1. Episode 8.

Suits L.A // Saison 1. Episode 8. Acapulco.

 

Les séries qui cherchent à prolonger le succès d’un univers déjà bien installé jouent avec le feu. Il y a ceux qui parviennent à se réinventer sans perdre l’essence de ce qui a fait leur renommée, et il y a ceux qui s’embourbent dans leur propre copie imparfaite. Suits : L.A., depuis ses débuts, s’est placé quelque part entre les deux. Mais avec cet épisode 8, il devient clair que la série n’a toujours pas trouvé ce qu’elle veut raconter, ni comment le faire. Alors que l’épisode s’ouvre sur de nouvelles tragédies, sur fond de deuils encore chauds, la promesse d’un tournant narratif se dessine. 

 

Une promesse qui, une fois de plus, ne mène pas à grand-chose. Derrière l’illusion d’un épisode "préparatoire", censé poser les fondations des deux derniers chapitres de la saison, se cache surtout le constat gênant d’un récit qui a patiné pendant trop longtemps. L’impression que la série est perpétuellement en transition devient pesante. À force de reculer le moment où elle décidera ce qu’elle est vraiment, Suits : L.A. transforme chaque épisode en parenthèse sans substance. L’épisode 8 ne fait pas exception. Il annonce, il suggère, il installe… mais il ne raconte rien de pleinement engageant.

Les tensions entre cabinets se sont éteintes sans fracas. Ce qui aurait pu servir de colonne vertébrale à la saison est expédié en quelques lignes de dialogue, remplacé par un retour sur le passé de Ted Black – un passé qui, depuis le début, semble plus chargé d’intentions que d’intérêt réel. Les séquences en flashback prennent beaucoup de place dans cet épisode. Entre souvenirs doux-amers avec un frère disparu et conversations avec un ancien ami de New York, la série tente de créer un lien émotionnel autour de Ted. Le problème, c’est que ce lien n’existe pas. Ces scènes, censées étoffer le personnage principal, viennent surtout ralentir l’intrigue principale. 

 

À force d’insister sur un passé mystérieux, la série oublie d’écrire un présent solide. Et ce qui aurait pu fonctionner comme un révélateur de personnalité devient un filtre flou, un artifice pour donner une illusion de profondeur. Il y a des façons efficaces d’utiliser les flashbacks. Ici, c’est un outil répétitif qui masque l’absence d’avancée narrative. Il y a un vrai problème avec Ted. C’est censé être le pivot de la série, mais il ne porte rien. Il traverse les épisodes avec la même attitude fermée, les mêmes états d’âme qu’il communique à coups de regards sombres et de silences pesants.

Là où Harvey Specter captivait par son assurance et sa complexité, Ted donne l’impression d’une version low cost. Il manque de charisme, de nuance, et même de cohérence. Difficile d’investir émotionnellement dans un personnage dont les dilemmes sont aussi peu convaincants. L’épisode 8 tente de le rendre plus humain, mais ça ne fonctionne pas. Trop peu, trop tard. Le vrai potentiel de la série réside dans les personnages secondaires. Leah Powers, Erica Rollins, Roslyn, Amanda Stevens : il y a là des dynamiques intéressantes, des pistes à creuser. Mais à chaque fois qu’elles s’amorcent, elles sont interrompues ou sous-exploitées.

 

Les relations esquissées entre Ted et Amanda, entre Rick et Erica, ou encore entre Leah et Roslyn, pourraient devenir les piliers émotionnels de la série. Au lieu de cela, elles servent de décors mouvants aux états d’âme du personnage principal. Là encore, l’épisode 8 pose les bases d’un développement… mais sans jamais les approfondir. C’est comme si tout devait être "gardé pour plus tard", comme si l’épisode n’avait pas le droit d’exister pour lui-même. Créer un spin-off, c’est prendre le risque de la comparaison. Suits : L.A. semble en être parfaitement conscient, mais au lieu de tracer sa propre voie, elle joue sur le mimétisme. 

Et c’est précisément ce qui l’empêche d’exister pleinement. Ted rappelle Harvey sans en avoir l’étoffe. Stuart tente maladroitement d’incarner un Louis Litt plus tempéré, mais sans la complexité ni la folie douce qui faisaient la force du personnage original. Roslyn, quant à elle, donne l’impression d’être écrite pour remplir le vide laissé par Donna Paulsen – mais là encore, l’étincelle n’y est pas. En cherchant à faire "comme avant", la série s’interdit d’être vraiment nouvelle. Et cette posture est fatale. Le retour d’un acteur emblématique de la série d’origine aurait pu être un moment fort. 

 

Mais au lieu de donner un souffle nouveau à l’histoire, cette apparition fonctionne comme un aveu de faiblesse. C’est comme si la série reconnaissait qu’elle ne tient pas la route seule. Le recours à une figure familière ne renforce pas le récit, il le fragilise. Ce clin d’œil nostalgique ne fait que rappeler ce que Suits : L.A. n’est pas, et ce qu’elle ne sera probablement jamais. Malgré la tentative de créer un cliffhanger fort, ce huitième épisode manque d’intensité. Ce qui est censé être un tournant paraît artificiel. Le rythme est plat, l’écriture prévisible, et l’enjeu dramatique manque d’impact.

La structure de l’épisode repose presque entièrement sur l’anticipation de ce qui va suivre. Ce n’est plus un épisode autonome, mais une longue bande-annonce pour le final. Et quand un épisode se résume à une attente, il finit par perdre son intérêt propre. Si cet épisode prétend amorcer la fin de saison, il oblige surtout à reconsidérer ce qui l’a précédé. Il met en lumière le fait que la majeure partie des épisodes passés étaient, au fond, du remplissage. Ce n’est pas une critique nouvelle pour une série télé, mais ici, elle prend un relief particulier. Parce que la série se vendait comme ambitieuse. 

 

Parce qu’elle voulait porter un nouveau regard sur le droit à Hollywood. Parce qu’elle avait les moyens, en théorie, de faire mieux. Mais elle a passé trop de temps à tourner autour de son sujet. À éviter les prises de position fortes. À s’enliser dans des intrigues secondaires sans saveur. La grande difficulté de Suits : L.A. est de ne jamais avoir défini sa propre identité. Elle flotte dans l’ombre de Suits, tente d’en reproduire la magie sans vraiment comprendre ce qui la rendait unique. Vouloir prolonger un univers connu n’est pas un problème en soi. Encore faut-il proposer autre chose que des clins d’œil et des copies pâles.

L’ambiance californienne aurait pu permettre un virage plus audacieux. Mais l’environnement ne suffit pas. Il faut une écriture cohérente, des personnages solides, des situations qui parlent au présent. En l’état, Suits : L.A. reste suspendue entre hommage maladroit et tentative inaboutie. Si la série veut vraiment exister, elle devra accepter de se détacher totalement de ses origines. Cela passe par un recentrage sur les personnages secondaires, par un arrêt net des références directes à New York, et par la mise à distance des figures mythiques du passé. 

 

Cela demande aussi de redéfinir les priorités : moins de flashbacks, plus de présent ; moins de mélancolie de substitution, plus d’audace narrative ; moins de copier-coller, plus de voix propre. Ce huitième épisode, malgré ses intentions, ne semble pas vouloir prendre ce virage. Il reste coincé dans l’entre-deux. L’épisode 8 de Suits : L.A. ressemble à un réveil tardif. Il tente de réorganiser les pièces du puzzle, de donner du sens à une saison qui a trop traîné en longueur. Mais ce réveil n’a d’intérêt que si le spectateur est encore là pour le vivre. Le risque, c’est que la série ait déjà perdu son public en route. À force de diluer son propos, elle a dilué l’attention de ceux qui voulaient lui donner une chance.

 

Note : 4.5/10. En bref, l’épisode 8 de Suits : L.A. ressemble à un réveil tardif. Il tente de réorganiser les pièces du puzzle, de donner du sens à une saison qui a trop traîné en longueur. Il reste deux épisodes. Deux épisodes pour convaincre. Deux épisodes pour ne pas sombrer totalement dans l’oubli. Mais pour l’instant, difficile de croire que l’élan nécessaire soit là.

Prochainement en France

 

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