Critique Ciné : À Contre-Sens 3 (2025, Amazon Prime Video)

Critique Ciné : À Contre-Sens 3 (2025, Amazon Prime Video)

À Contre-Sens 3 // De Domingo González. Avec Nicole Wallace, Gabriel Guevara et Gabriela Andrada.

 

Troisième et dernier chapitre de la trilogie inspirée des romans à succès de Mercedes Ron, À Contre-Sens 3 arrive avec l’ambition de conclure la tumultueuse histoire entre Noah et Nick. Après À Contre-Sens (2023) et À Contre-Sens 2 (2024), ce nouveau film espagnol tente de boucler la boucle, mêlant passion, drame et réconciliation. Mais à force de polir chaque plan, cette conclusion finit par perdre la saveur brute qui faisait le charme des débuts. Derrière ses airs de romance torride, ce troisième volet est avant tout un melodrame ultra-glacé, où tout semble calibré pour séduire le public fidèle à la saga. 

 

Le mariage de Jenna et Lion ouvre la voie aux retrouvailles tant attendues entre Noah et Nick, quelque temps après leur rupture. L'incapacité de Nick à pardonner à Noah crée une barrière apparemment insurmontable entre eux. Lui, désormais héritier de l'empire commercial de son grand-père, et elle, qui commence à peine sa carrière, résistent à l'envie de raviver une flamme qui couve encore en eux. Mais alors que leurs chemins se croisent à nouveau, l'amour sera-t-il plus fort que la rancune ?

 

Pourtant, pour qui découvre cet univers sans avoir vu les précédents, la confusion est presque garantie. Le film ne prend jamais le temps d’expliquer les enjeux, préférant plonger directement dans un tourbillon d’émotions, de trahisons et de réconciliations. L’histoire reprend là où le précédent film s’était arrêté : Noah (Nicole Wallace) et Nick (Gabriel Guevara), ex-beaux-frère et sœur, entretiennent toujours une relation aussi passionnelle que destructrice. Leur amour impossible oscille entre désir et rancune, attirance et rejet. Lors d’un mariage à Ibiza — celui de leurs amis Jenna et Lion — les anciens amants se retrouvent. La tension est immédiate, l’attirance intacte. Quelques verres, un regard, et les voilà replongés dans un jeu de séduction dont ils connaissent déjà la fin.

 

Cette première partie, baignée de soleil et de musiques électro-pop, donne le ton : À Contre-Sens 3 se veut glamour, sensuel, presque publicitaire. La photographie soignée, les vêtements impeccables et les décors paradisiaques créent une atmosphère de carte postale. Tout semble beau, trop beau même. Ce souci de perfection visuelle finit par lisser toute émotion. La suite déroule alors un schéma prévisible : rupture, larmes, partenaires de substitution (Noah avec Simon, Nick avec son travail et ses démons), avant le retour de flamme final. Et si la formule fonctionne sur le papier, elle tourne ici à vide. La passion de Noah et Nick, pourtant au cœur de la saga, manque d’intensité. Les dialogues, souvent plats, peinent à traduire la complexité de leur relation.

 

Ce qui frappe le plus dans À Contre-Sens 3, c’est la distance entre les intentions et le résultat. Nicole Wallace et Gabriel Guevara ont une belle alchimie, mais le scénario ne leur laisse pas assez d’espace pour jouer avec nuance. Leurs échanges, souvent écrits comme des slogans, sonnent faux. Le film se contente de montrer les événements, sans creuser les sentiments derrière. Cette superficialité se ressent tout au long du récit. Là où les romans de Mercedes Ron débordaient d’émotions et de contradictions, le film enchaîne les scènes comme des étapes obligées. Les moments-clés du livre — ceux où les personnages se confrontaient à eux-mêmes — sont expédiés, parfois totalement réécrits. 

 

On sent que le montage a voulu tout faire tenir en deux heures, quitte à sacrifier la profondeur. C’est d’autant plus frustrant que certains passages laissaient entrevoir autre chose. Les scènes de funérailles, par exemple, sont parmi les rares où la sincérité perce à travers la mise en scène. Noah y dévoile une fragilité qu’on avait presque oubliée, et la musique, plus discrète, accompagne enfin l’émotion sans l’étouffer. Ces instants isolés rappellent à quel point le matériau d’origine méritait mieux. Visuellement, À Contre-Sens 3 ne manque pas d’atouts. Les paysages de bord de mer, les appartements modernes de Madrid et les soirées à Ibiza sont filmés avec élégance. Le réalisateur soigne les lumières, les costumes et les transitions. 

 

Tout brille, tout scintille. Mais ce vernis permanent finit par desservir l’histoire. Chaque scène semble pensée pour Instagram plutôt que pour le cinéma. Les ralentis, les regards appuyés, les musiques pop sucrées : tout est calibré pour séduire, mais rien ne vient vraiment bouleverser. La mise en scène ne parvient pas à trouver un ton entre romance dramatique et soap opératique. Résultat : le film flotte dans une zone grise, jamais totalement sincère, jamais vraiment ironique. Même les moments censés être intenses — disputes, séparations, retrouvailles — manquent de souffle. La caméra reste trop sage, la mise en scène trop prévisible. À vouloir tout rendre lisse et séduisant, À Contre-Sens 3 finit par devenir… fade.

 

L’un des grands ratés du film, c’est d’avoir perdu l’énergie émotionnelle des livres. Dans la trilogie de Mercedes Ron, chaque chapitre vibrait d’intensité : colère, passion, culpabilité. Ici, ces émotions sont remplacées par des regards vides et des musiques envahissantes. L’histoire avance mécaniquement, sans surprise. Ce n’est pas un désastre, loin de là. Le film reste regardable, parfois même agréable dans sa légèreté. Mais il ne raconte plus rien de neuf. Là où le premier volet explorait les limites de l’interdit et de la jeunesse, et le deuxième questionnait la confiance, celui-ci ne fait que répéter les mêmes schémas. On sent le film pressé d’en finir, sans jamais oser aller au bout de ce qu’il propose.

 

Même la fin, fidèle au roman, manque d’impact. Tout se clôt comme prévu, mais sans émotion. Le spectateur a la sensation d’avoir assisté à un résumé plutôt qu’à une vraie conclusion. Malgré ces défauts, À Contre-Sens 3 n’est pas totalement à jeter. Certains choix musicaux fonctionnent bien, notamment lors des scènes de fête où la bande-son électro-pop colle parfaitement à l’ambiance estivale. La photographie reste soignée, et le duo Wallace / Guevara garde un certain charme, même dans la redondance. Certains dialogues, notamment ceux des scènes plus calmes, sonnent justes. On pense à la conversation entre Noah et Simon, qui parvient à dégager une émotion sincère, simple et humaine. 

 

Ces rares moments sauvent le film d’une indifférence totale. À Contre-Sens 3 voulait être la conclusion intense d’une saga culte pour toute une génération de lectrices et spectateurs. En réalité, c’est un film beau mais creux, sincère mais timide, qui finit par ne rien oser. Son principal défaut n’est pas de mal faire, mais de ne rien faire vraiment. Malgré une mise en scène élégante et des acteurs investis, le film échoue à transmettre l’émotion brute du roman. La passion devient mécanique, la douleur artificielle, et le romantisme se dilue dans le vernis visuel. C’est dommage, car le potentiel était là : celui de conclure avec force une histoire qui, sur le papier, avait tout pour marquer.

 

Note : 3/10. En bref, une conclusion trop lisse pour vraiment émouvoir. À Contre-Sens 3 ressemble à une jolie vitrine vide, un bel emballage sans contenu. Les fans y trouveront peut-être une forme de nostalgie, les autres risquent d’y voir un simple soap espagnol de luxe.

Sorti le 16 octobre 2025 directement sur Amazon Prime Video

À Contre-Sens 3 est le dernier volet de la trilogie. 

 

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