Critique Ciné : Les Intrus - Chapitre 2 (2025)

Critique Ciné : Les Intrus - Chapitre 2 (2025)

Les Intrus : Chapitre 2 // De Renny Harlin. Avec Madelaine Petsch, Gabriel Basso et Rachel Shenton.

 

Il y a des suites qu’on n’attend pas, et d’autres qu’on redoute. Vous vous doutez bien à quelle catégorie appartient Les Intrus : Chapitre 2. Renny Harlin, réalisateur au CV aussi inégal qu’un montage mal calibré, signe ici le retour des tueurs masqués dans un film qui peine à justifier son existence. Après un premier volet raté, il fallait oser persévérer — Harlin, lui, n’a pas hésité. Et le résultat prouve que la ténacité n’est pas toujours une vertu. Le film démarre pourtant avec un peu de nerf. Les premières minutes installent une ambiance tendue, presque crédible. Les sons sourds, la pluie, les bois plongés dans une lumière livide — tout laisse espérer un vrai moment de tension. 

 

Les Intrus sont de retour – plus brutaux et impitoyables que jamais. Lorsqu’ils découvrent que l’une de leurs victimes, Maya, a survécu, ils reviennent pour terminer ce qu’ils ont commencé. Traquée et isolée, Maya doit affronter un nouveau chapitre terrifiant alors que les tueurs insensés et inarrêtables, la traquent, prêts à éliminer quiconque se mettra en travers de leur route.

 

Pendant quelques instants, Les Intrus : Chapitre 2 fait croire qu’il a compris la leçon du premier film. Mais très vite, tout s’écroule : scénario paresseux, dialogues bâclés, et un rythme qui alterne entre sprint et somnolence. Maya, interprétée par Madelaine Petsch, tente de sauver ce naufrage. Son jeu n’est pas à remettre en cause — elle s’investit, hurle, court, saigne, se tord de douleur — mais le scénario ne lui laisse aucune chance d’exister autrement que comme une survivante de service. Elle n’a ni profondeur, ni véritable arc narratif, juste une série de scènes où elle fuit, tombe, et fuit encore. 

 

Le spectateur finit par la suivre plus par habitude que par empathie. L’idée de donner une origine aux tueurs masqués pouvait sembler intéressante. Après tout, comprendre ce qui pousse quelqu’un à massacrer des inconnus, pourquoi pas ? Sauf qu’ici, les flashbacks censés enrichir les antagonistes font exactement l’inverse. Au lieu d’ajouter de la complexité, ils enlèvent tout mystère. Les tueurs deviennent des caricatures de psychopathes au passé tragique, comme si un simple traumatisme d’enfance pouvait justifier des années de sadisme. La peur née de l’inconnu, cette angoisse sourde propre au premier The Strangers (le film original de 2008), disparaît totalement. 

 

À la place, Les Intrus : Chapitre 2 déroule une pseudo-psychologie de comptoir, entre flashbacks inutiles et dialogues explicatifs dignes d’un soap. En voulant tout expliquer, le film perd ce qui faisait sa seule force : l’ambiguïté. Renny Harlin n’en est pas à son premier essai dans le genre horrifique. De Freddy 4 à L’Exorciste : au commencement, il a souvent oscillé entre efficacité et catastrophe. Ici, c’est plutôt la deuxième option. La mise en scène accumule les effets sans logique : zooms agressifs, ralentis gratuits, jump scares téléphonés. Rien ne surprend, tout s’annonce. Le pire, c’est cette fameuse scène du sanglier qui m’a inspiré un fou rire au milieu de la séance. 

 

Un moment absurde où l’héroïne, censée fuir des tueurs, se retrouve à se battre contre un animal en images de synthèse ratées. Ni effrayant, ni drôle, juste gênant. On se demande presque si le réalisateur n’a pas glissé cette séquence comme une blague privée à l’attention du spectateur masochiste. Visuellement, le film oscille entre le clip et le téléfilm. Les filtres grisâtres censés évoquer la peur finissent par étouffer toute émotion. Le montage manque de souffle, les plans durent trop longtemps, et chaque scène d’action semble tournée trois fois trop lentement. L’ensemble donne une impression d’inertie, comme si le film refusait d’avancer.

 

Les problèmes d’écriture sautent aux yeux. Les Intrus : Chapitre 2 ressemble à une succession de scènes sans cohérence. Les personnages se téléportent d’un lieu à un autre, les tueurs survivent à tout, et les lois de la physique deviennent optionnelles. Une victime se fait empaler ? Elle revient deux minutes plus tard. Une porte verrouillée ? Elle s’ouvre toute seule. Les invraisemblances s’enchaînent au point de rendre toute tension impossible. Le film tente bien de relancer l’intérêt par des rebondissements, mais ils tombent à plat. Même la révélation finale, censée choquer, se voit venir de loin. Pire encore : elle prépare un Chapitre 3 annoncé comme inévitable, transformant ce deuxième volet en simple transition. 

 

Résultat, le spectateur a l’impression d’avoir regardé un long épisode filler d’une série qu’il n’a jamais voulu suivre. À part Maya, difficile de se souvenir de qui que ce soit. Les personnages secondaires entrent en scène pour mourir quelques minutes plus tard. Aucune émotion, aucune empathie, juste une mécanique de slasher basique : introduction, frisson, mise à mort. Les policiers sont ridiculement incompétents, les figurants inutiles, et même les tueurs finissent par perdre leur aura. Ils apparaissent, disparaissent, se prennent des coups mortels et continuent de marcher comme des zombies indestructibles. Le tout sans explication, évidemment.

 

La musique est omniprésente, souvent au détriment du silence, pourtant si précieux dans l’horreur. Harlin semble craindre le vide sonore. Chaque respiration de Maya est accompagnée de violons larmoyants ou de nappes électroniques censées créer de la tension. Le résultat est l’inverse : la musique souligne tout, surligne chaque émotion, jusqu’à rendre le film épuisant. Même les rares moments de calme deviennent irritants, tant on s’attend à un sursaut forcé à la prochaine seconde. Les Intrus : Chapitre 2 donne l’impression d’avoir été conçu pour meubler entre deux volets. Il ne raconte rien de neuf, ne conclut rien, et se termine sur un “To be continued” qui fait soupirer plutôt que frémir.


Harlin voulait sans doute étendre son univers, donner de la cohérence à sa trilogie. Mais sans scénario solide, sans personnages consistants, tout ce qu’il construit s’effondre aussitôt. Même les scènes d’action, pourtant plus rythmées que dans le premier, n’arrivent pas à masquer l’ennui. C’est une suite qui coche toutes les cases du cahier des charges — une héroïne courageuse, des tueurs iconiques, un final ouvert — sans jamais proposer d’idée neuve. Au final, Les Intrus : Chapitre 2 est un film d’horreur sans âme. Pas désastreux techniquement, mais terriblement creux. Tout semble fait pour maintenir artificiellement une franchise déjà essoufflée.


Madelaine Petsch tire son épingle du jeu, mais son énergie se perd dans un scénario absurde et une mise en scène sans direction. Le film aurait pu être un bon survival nerveux ; il se contente d’être un exercice de style raté. Renny Harlin voulait sans doute effrayer. Il y parvient — mais pas pour les bonnes raisons. Ce qui fait vraiment peur dans Les Intrus : Chapitre 2, c’est de penser qu’un troisième chapitre est déjà en route.

 

Note : 3.5/10. En bref, Les Intrus : Chapitre 2 est un film d’horreur sans âme. Pas désastreux techniquement, mais terriblement creux. Tout semble fait pour maintenir artificiellement une franchise déjà essoufflée. Pourtant, l’introduction donnait envie d’y croire…

Sorti le 29 octobre 2025 au cinéma

 

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