23 Octobre 2025
The Home // De James DeMonaco. Avec Pete Davidson, John Glover, Bruce Altman et Mugga.
James DeMonaco, créateur de la franchise American Nightmare, s’aventure avec The Home dans un terrain un peu différent, mélangeant huis clos horrifique et réflexions générationnelles. Le film met en scène Pete Davidson dans le rôle de Max, un trentenaire paumé qui se retrouve contraint d’effectuer un service communautaire dans une maison de retraite, plutôt que de purger une peine de prison. L’idée de départ pouvait intriguer : un jeune homme confronté à des personnes âgées dans un cadre a priori tranquille, mais qui cache des secrets sombres et inquiétants. Malheureusement, l’exécution peine à convaincre. Le personnage de Max est censé porter le poids émotionnel du récit.
Max, un homme perturbé, trouve un emploi dans une maison de retraite. Il se rend compte que les résidents et les aide-soignants cachent de sinistres secrets. Alors qu'il enquête sur le bâtiment et plus précisément sur le quatrième étage condamné, il commence à découvrir des liens avec son propre passé en tant qu'enfant placé.
Traumatisé par le suicide de son frère adoptif, il exprime son mal-être à travers des tatouages et un graffiti proclamant “Our future is burning”. Cette tentative de montrer un jeune homme en colère contre le monde et son propre passé tombe à plat. Davidson, pourtant charismatique dans ses apparitions à la télévision, semble ici incapable de traduire cette douleur de manière crédible. Son sourire figé donne l’impression qu’il se moque légèrement des situations qu’il traverse, même lorsqu’elles devraient inspirer l’angoisse ou l’effroi. La confrontation avec son beau-père en prison, qui tente de lui parler de rédemption, manque d’impact. La colère et la détresse de Max semblent déconnectées des événements, ce qui fragilise le lien émotionnel que le spectateur pourrait avoir avec le personnage.
Ce manque d’ancrage rend les choix du héros, notamment le fait de rester dans la maison malgré les avertissements, difficiles à croire et nuit à la tension dramatique. Green Meadows, la maison de retraite où Max est envoyé, aurait pu devenir un cadre fascinant pour un film d’horreur. Dès son arrivée, Max reçoit des avertissements : ne jamais monter au quatrième étage. Classique, mais efficace, ce type de restriction pose le mystère central. La demeure cache des phénomènes étranges : des résidents aux comportements bizarres, des cris inquiétants et même une forme de corps en décomposition ou de mutilation qui se veut terrifiante. Malheureusement, le film choisit trop souvent la voie du jump scare simpliste et prévisible.
Les moments censés effrayer se révèlent comiques ou artificiels, minant le potentiel d’horreur. Le mélange d’éléments horrifiques (vieillards inquiétants, gore léger, menaces implicites) ne fonctionne que par intermittence, faute de logique interne. Par ailleurs, l’idée que Max soit confronté à un conflit générationnel et écologique — les résidents vivent dans un confort que les jeunes ne peuvent plus espérer, alors que le futur semble compromis — reste sous-développée. Le film effleure ces enjeux, mais préfère se concentrer sur des séquences de violence ou des révélations farfelues, laissant passer l’occasion d’un commentaire plus incisif sur l’âge, la société et l’injustice générationnelle.
Visuellement, The Home surprend par sa qualité esthétique. La photographie widescreen utilise des couleurs saturées, notamment rouges et bleus, qui créent une atmosphère visuellement dense. Certaines scènes rappellent des références comme The Shining par leur composition, mais la comparaison s’arrête là. Là où Kubrick parvient à suggérer l’horreur par la lumière et l’espace, DeMonaco impose ses idées avec lourdeur, laissant peu de place à l’imagination. Le montage est parfois maladroit, en particulier dans l’ouverture qui alterne maladroitement le passé de Max et sa vie actuelle. Ce va-et-vient narratif cherche à installer une empathie pour le personnage, mais le résultat sonne artificiel et dispersé.
Les moments censés construire le suspense ou l’étrangeté perdent leur puissance, car le spectateur est souvent désorienté par le rythme et le découpage. Le casting secondaire tire son épingle du jeu. John Glover, dans le rôle de Lou, apporte une touche de légèreté et de personnalité qui contraste avec le sérieux maladroit du scénario. Sa présence rend certaines scènes plus vivantes et donne une raison crédible à Max de se rapprocher des résidents. Mary Beth Peil, en Norma, incarne la douceur et la chaleur humaine qui manquent au récit principal. Sa relation avec Max fonctionne mieux que n’importe quelle tentative de frisson, et elle rappelle que le film aurait gagné à explorer davantage le lien entre les générations.
Bruce Altman, en Dr. Sapien, crée quelques moments d’inquiétude par son attitude étrange et son obsession pour le personnage de Max. Ces interventions sont parmi les rares à créer un effet de tension tangible, mais elles sont trop rares pour soutenir l’ensemble du film. The Home cherche à mélanger horreur, drame psychologique et réflexion sociale. Mais le script peine à gérer ces différentes ambitions. La tentative de développer une critique du système de soin aux personnes âgées, ou une réflexion sur la jeunesse confrontée à un monde épuisé, est brouillonne et apparaît souvent comme un ajout de dernière minute. Le twist final, censé donner un sens aux événements étranges, échoue à rendre cohérente la logique de l’histoire.
La violence graphique et les révélations de dernière minute sont censées surprendre ou choquer, mais elles arrivent sans justification solide, réduisant l’effet dramatique à un simple spectacle. The Home avait du potentiel : un huis clos dans une maison de retraite mystérieuse, des thématiques générationnelles et écologiques, et un protagoniste avec un passé lourd. Mais l’exécution laisse un goût d’inachevé. Le film souffre d’un manque de cohérence, d’un protagoniste difficile à suivre et de jump scares inefficaces. La mise en scène polie et le casting secondaire suffisent à retenir l’attention, mais ne parviennent pas à créer l’horreur ou la tension promises.
Pete Davidson reste efficace dans les moments décontractés, mais il est mal servi lorsqu’il s’agit d’émotions fortes ou de frissons. Les idées du film sont là, mais elles peinent à s’articuler correctement. On ressort de The Home avec l’impression d’un projet ambitieux mais trop maladroit pour convaincre. L’intention est perceptible, mais la réalisation ne suit pas. Pour un spectateur curieux de mélanger horreur et réflexion, le film peut offrir quelques instants de divertissement. Pour celui qui espérait un thriller psychologique solide ou une critique sociale mordante, il restera une expérience frustrante, pleine de promesses non tenues.
Note : 3/10. En bref, le film souffre d’un manque de cohérence, d’un protagoniste difficile à suivre et de jump scares inefficaces.
Prochainement en France en SVOD
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