22 Octobre 2025
Slow Horses // Saison 5. Episode 5. Circus.
L’épisode 5 de la saison 5 de Slow Horses marque un tournant dans la série. Après plusieurs épisodes d’erreurs, d’improvisations et de faux départs, tout semble enfin converger vers une tension plus maîtrisée. L’histoire prend d’ailleurs une direction inattendue. Ce cinquième chapitre, intitulé Circus, ressemble à un moment charnière : celui où chaque personnage est forcé de regarder ses propres failles. Rien n’est jamais simple au Slough House, ce bureau où atterrissent les agents ratés du MI5. L’équipe de Jackson Lamb vit encore les conséquences de la mort accidentelle de Dennis Gimball, un événement qui continue de jeter une ombre sur tout le service.
Cet incident pourrait bien servir de prétexte à Regent’s Park pour fermer définitivement Slough House, un risque que Lamb tente de contenir avec son cynisme habituel. Lors d’un débriefing qui tient autant du sketch que d’un rapport officiel, Lamb choisit de taire la vérité à ses supérieurs. Il ne dit rien sur le rôle involontaire de River et Coe dans la mort de Gimball. Une décision risquée, mais cohérente avec sa manière de fonctionner : mieux vaut garder le chaos sous contrôle plutôt que de laisser le MI5 s’en emparer. L’enquête sur les terroristes prend un nouveau virage. La rancune des libiens envers le Royaume-Uni trouve racine dans l’abandon du pays après la chute de Kadhafi.
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Ce détail géopolitique apporte une dimension plus réaliste à l’intrigue, tout en donnant plus de relief au personnage de Tara. Tara, jusque-là perçue comme une victime ou une simple manipulée, révèle un visage plus complexe. Interrogée par Emma Flyte au sein du MI5, elle se montre ambiguë. Son lien avec les terroristes semble plus profond qu’admis, et ses réponses entretiennent le flou. Lorsqu’elle mentionne un ancien proverbe libyen évoquant “des corps tombant du ciel”, le malaise s’installe : le projet des terroristes semble beaucoup plus vaste qu’un simple assassinat politique. Roddy Ho retrouve ici une place centrale. Toujours aussi imbu de lui-même, il devient sans le vouloir un maillon clé du plan ennemi.
Tara lui avait demandé d’entrer un code dans le système du MI5. Il l’a fait, persuadé d’impressionner une femme qu’il croyait séduite par son génie informatique. Résultat : ce code devient l’arme numérique qui va plonger les services secrets dans le noir complet. L’ironie est totale : l’homme qui se croit indispensable au service de la nation en devient la faiblesse principale. Ce portrait d’un technicien aussi vaniteux qu’inconscient illustre parfaitement la tonalité de Slow Horses : des agents marginaux, plus proches de la catastrophe que du triomphe, mais terriblement humains. L’idée de remettre Tara sur le terrain provient de Claude Whelan, qui ne semble pas avoir appris de ses erreurs passées.
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Malgré les avertissements, il insiste pour la renvoyer vers les terroristes, équipée d’un manteau piégé avec un traceur. L’opération tourne à la débâcle : Tara s’en débarrasse dans le métro et rejoint librement ses complices. Pendant ce temps, le MI5 se persuade de contrôler la situation alors que tout leur échappe. Dans un moment d’ironie tragique, le code de Tara infecte tout le système informatique de Regent’s Park. Les agents se retrouvent aveugles, incapables d’accéder à leurs données, alors même que l’opération est en cours. Le plan libyen atteint son objectif : priver le renseignement britannique de sa vision, littéralement et symboliquement. C’est dans ce chaos que Lamb et ses agents comprennent que Tara n’était pas un pion, mais l’une des architectes du plan.
Chaque élément conservé par Roddy dans sa boîte à souvenirs – billets, photos, objets de leurs rendez-vous – retrace la chronologie du complot. Ce détail anodin devient la clé de lecture d’une manipulation bien plus élaborée qu’ils ne l’imaginaient. L’un des moments les plus touchants de l’épisode se déroule loin des bureaux du MI5. David Cartwright, ancien espion et grand-père de River, vit désormais en maison de repos. Son esprit vacille, mais certaines de ses intuitions restent d’une lucidité troublante. En suivant les actualités, il comprend ce qui se trame. Malheureusement, ses propos confus ne sont plus pris au sérieux. River, trop absorbé par ses propres remords, ne l’écoute qu’à moitié.
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Cette relation entre passé et présent résume parfaitement l’esprit de Slow Horses. L’expérience n’est plus une garantie de clairvoyance, et la jeunesse n’apporte pas forcément la lucidité. Le renseignement devient ici une affaire de perception biaisée, d’instincts contrariés et de vérités perdues dans la brume bureaucratique. Tout l’épisode repose sur une mécanique d’erreurs en chaîne. Chaque décision prise pour limiter les dégâts finit par en créer de nouveaux. Le MI5, persuadé de garder le contrôle, devient victime de sa propre arrogance. Les agents de Slough House, quant à eux, avancent à tâtons, sans gloire, mais avec une étrange forme de persévérance.
Cette vision du renseignement, dénuée d’héroïsme, donne à Slow Horses sa force narrative. La série préfère montrer des agents usés, faillibles, parfois risibles, mais portés par une conscience du devoir qui dépasse leur condition. Même dans leurs pires maladresses, ils gardent un instinct que leurs supérieurs n’ont plus. Ce cinquième épisode prépare clairement le terrain pour un final explosif. Tous les fils se resserrent : Tara, désormais identifiée comme membre du groupe terroriste ; le MI5 paralysé par son propre système ; et les agents de Slough House, seuls à entrevoir la vérité.
Il reste à savoir si Lamb et ses “ratés” parviendront à réparer ce que leurs supérieurs ont laissé s’effondrer. À ce stade, la série ne cherche plus à montrer la réussite du renseignement britannique, mais plutôt sa désagrégation lente, orchestrée par ses propres faiblesses. Dans Slow Horses, la lucidité se gagne dans la douleur. Et cet épisode 5 prouve qu’avant de voir clair, il faut d’abord accepter d’être aveugle.
Note : 8.5/10. En bref, un épisode surprenant qui lève le voile sur le chaos et prépare le terrain pour un final explosif.
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