16 Octobre 2025
Slow Horses // Saison 5. Episode 4. Missiles.
Il y a des épisodes de Slow Horses qui résument à eux seuls tout ce qui rend cette série si singulière : un mélange de fiascos monumentaux, d’instincts brillants, et de personnages qui avancent tant bien que mal dans la boue du renseignement britannique. L’épisode 4 de la saison 5 illustre parfaitement cette dualité, où chaque réussite semble précédée d’une erreur, et chaque sauvetage d’un désastre. Dès le début, le ton est donné. D’un côté, Catherine et Shirley tentent de déjouer un assassinat politique, tandis que River et Coe, dans leur élan maladroit, provoquent sans le vouloir un drame d’une ampleur inattendue.
Cet équilibre précaire entre efficacité et catastrophe est devenu la marque de fabrique du Slough House, ce département où aboutissent les agents mis au rebut de l’espionnage britannique. L’intrigue tourne autour de la course à la mairie de Londres. Deux candidats s’affrontent : Zafar Jaffrey, le maire en place, et Dennis Gimball, son rival populiste. Chacun incarne un pan opposé du discours politique londonien, et chacun devient à son tour une cible potentielle dans un plan de déstabilisation orchestré par un groupe terroriste. Le problème, c’est que personne ne sait vraiment qui est visé. Les agents de Slough House sont répartis sur les deux fronts : Catherine et Shirley pour protéger Jaffrey, River et Coe pour sécuriser Gimball.
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La logique voudrait qu’ils agissent avec coordination. Mais à Slough House, la logique reste une notion assez élastique. Pendant que Shirley et Catherine parviennent à perturber une tentative d’assassinat, River et Coe provoquent sans le vouloir la mort du candidat Gimball dans une scène absurde, presque burlesque, où un simple pot de peinture devient l’arme du crime. Ce mélange d’humour noir et de tragédie renforce le ton si particulier de Slow Horses, où chaque victoire a le goût amer d’une défaite. Parallèlement, Roddy Ho continue d’être l’incarnation la plus irritante et la plus fascinante de Slough House. Enfermé dans une salle d’interrogatoire, il fait face à Flyte, l’une des rares agentes du MI5 à combiner compétence et patience.
Leur échange tourne vite au ridicule lorsque Roddy, persuadé de son propre génie, croit déceler une forme d’amour dans les manœuvres psychologiques de Flyte. Leur conversation révèle surtout l’ampleur du danger : Tara, la femme que Roddy croit aimer, est impliquée bien plus profondément qu’il ne veut l’admettre. En tentant de la protéger, il finit par trahir sa position. Ce genre de méprise illustre à merveille la mécanique tragique de Slow Horses : même les erreurs les plus pathétiques peuvent déclencher des événements aux conséquences disproportionnées. Ce quatrième épisode joue sur une idée simple : à Slough House, il n’existe pas de ligne claire entre les “ratés” et les “héros”.
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Jackson Lamb, leur supérieur, le sait mieux que quiconque. Ce vétéran désabusé du renseignement, à la fois cynique et redoutablement lucide, résume son équipe en une phrase : « Des incapables, certes, mais des incapables d’envergure. » Et c’est précisément ce qui rend ces agents intéressants. Leur instinct est souvent juste, mais leur exécution laisse à désirer. Leur loyauté, parfois maladroite, finit malgré tout par faire la différence. Dans cet épisode, cette tension entre échec et réussite atteint un point de non-retour. La mort de Gimball bouleverse le fragile équilibre. L’épisode 4 dépasse le cadre du simple thriller d’espionnage. Il parle aussi de pouvoir, d’image et de manipulation.
La campagne de Gimball repose sur une rhétorique populiste, tandis que Jaffrey incarne une façade de respectabilité menacée par les scandales. Entre les deux, les agents de Slough House deviennent des pions dans une partie qu’ils ne contrôlent pas. Ce contraste entre les ambitions politiques et les manœuvres d’espions ratés crée une forme de satire douce-amère. Derrière l’humour et les maladresses, Slow Horses explore le vide moral du monde du renseignement : tout y est calcul, mensonge et accident heureux. L’épisode se clôt sur un sentiment étrange, à mi-chemin entre le rire et la consternation. Le chaos de Slough House n’a jamais semblé aussi maîtrisé, même s’il conduit à un désastre politique.
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La série semble dire qu’il n’y a pas de gloire dans ce métier, seulement des dégâts plus ou moins bien gérés. Ce mélange de noirceur et de dérision fonctionne parce que rien n’y paraît artificiel. Les personnages sont faillibles, parfois agaçants, mais toujours humains. Leurs erreurs, leurs doutes et leurs petites victoires donnent à Slow Horses une densité que peu de séries d’espionnage modernes parviennent à atteindre. Ce quatrième épisode de la saison 5 confirme la force narrative de Slow Horses. La série continue d’explorer la frontière floue entre l’échec et la réussite, la loyauté et la maladresse, la stratégie et l’improvisation. Les agents de Slough House ne sont pas des héros, mais ils incarnent une vérité que peu de services secrets accepteraient d’admettre : parfois, le chaos est la seule méthode qui reste.
Note : 7/10. En bref, ce quatrième épisode de la saison 5 confirme la force narrative de Slow Horses. La série continue d’explorer la frontière floue entre l’échec et la réussite, la loyauté et la maladresse, la stratégie et l’improvisation.
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