Critiques Séries : Slow Horses. Saison 5. Episode 3.

Critiques Séries : Slow Horses. Saison 5. Episode 3.

Slow Horses // Saison 5. Episode 3. Tall Tales.

 

Ce troisième épisode de la saison 5 de Slow Horses confirme la direction plus sombre et plus nerveuse prise depuis le début de la série. Après un démarrage marqué par un attentat et des tensions internes, la situation atteint ici un nouveau degré de désordre. L’équipe de Slough House se retrouve bloquée, surveillée, et contrainte de collaborer sous pression, pendant que les forces du MI5 tentent d’étouffer la crise. Au milieu de ce chaos organisé, un nom revient sans cesse : Roddy Ho. Celui qui servait jusque-là de distraction comique devient malgré lui l’élément central d’une affaire qui dépasse de loin son entendement.

 

Roddy Ho n’a jamais été un modèle d’équilibre ou de modestie. Son arrogance et son obsession de l’auto-glorification ont toujours fait partie du décor. Mais cette fois, sa légèreté devient un problème concret. Soupçonné d’avoir laissé fuiter des informations confidentielles, il est arrêté et transféré à Regent’s Park pour être interrogé. Son comportement frôle l’absurde. Confronté à Taverner, il transforme la salle d’interrogatoire en scène de théâtre, lançant des répliques comme s’il jouait dans un film d’action. Ce décalage entre la gravité de la situation et son incapacité à la prendre au sérieux souligne tout ce qui le rend à la fois agaçant et pitoyable.

Taverner, froide et incisive, perce rapidement la bulle d’illusion dans laquelle Roddy s’est enfermé. Son histoire d’amour avec Tara, qu’il considère encore sincère, apparaît sous un jour bien différent : manipulation, chantage, ou les deux à la fois. L’idée que cette relation ait pu être exploitée pour infiltrer le système du MI5 ne fait guère de doute. Et lorsqu’il admet avoir laissé Tara seule quelques instants devant son ordinateur après avoir accédé à la base de données de l’agence, la ligne entre naïveté et faute professionnelle devient ténue. La révélation de cette négligence a des répercussions lourdes. Ce n’est plus seulement Roddy qui est en cause, mais tout Slough House qui se retrouve placé sous surveillance. 

 

L’équipe est confinée, privée de communication et contrainte à l’inaction, pendant que le Park cherche à comprendre l’ampleur des dégâts. Cette situation d’enfermement sert de catalyseur aux tensions latentes. River tente de contourner les restrictions, Shirley bouillonne d’impatience, et Lamb, fidèle à lui-même, semble se moquer du protocole. Son apparente désinvolture masque toutefois une vigilance intacte. Derrière ses sarcasmes, il observe, calcule et finit par trouver une issue inattendue à ce huis clos étouffant. L’épisode s’attarde longuement sur cette séquence de confinement, véritable centre nerveux de la narration. 

Chacun réagit à sa manière à la perte de liberté : certains s’agitent, d’autres ironisent, quelques-uns cherchent à comprendre la logique derrière cette manœuvre du MI5. Jackson Lamb finit par reprendre le contrôle à sa façon. Loin des méthodes classiques, il joue de son excentricité et de son art du contre-pied pour semer la confusion chez les agents chargés de les surveiller. À travers une anecdote sur un interrogatoire mené par la Stasi, il captive son auditoire et détourne l’attention juste assez longtemps pour déclencher une rébellion coordonnée. Ce passage illustre parfaitement l’essence de Slow Horses : une équipe de ratés présumés, capables de prouesses dès qu’ils cessent de suivre les règles.

 

Pendant que Slough House improvise sa propre libération, le scénario élargit le champ de vision. Coe, toujours plongé dans ses réflexions solitaires, formule une théorie glaçante : les attaques récentes — la fusillade, les explosions de moteurs trafiqués, et même un attentat visant un zoo — ne seraient que des étapes d’un plan de déstabilisation méthodique. Selon lui, le chaos actuel n’est pas accidentel mais orchestré, et la prochaine phase viserait le cœur du pouvoir politique. L’idée d’un assassinat ciblé circule, et les soupçons se tournent vers le maire Jaffrey, déjà fragilisé par les événements précédents. Ce fil rouge donne à l’épisode une portée plus large que le simple drame d’espionnage. 

Il questionne le rapport entre manipulation politique, médias et sécurité intérieure, tout en gardant cette tonalité désabusée qui caractérise la série. Roddy reste l’énigme centrale. Son imprudence a ouvert une brèche, mais son rôle exact dans le plan des terroristes demeure flou. Est-il un pion manipulé, un bouc émissaire, ou le détonateur involontaire d’une machination bien plus complexe ? Malgré ses défauts, son personnage offre un contraste intéressant. Sa bêtise apparente cache une forme d’innocence qui, paradoxalement, le rend plus humain que certains agents plus compétents mais moralement ambigus. 

 

Sa naïveté renvoie à la vulnérabilité de tout un système : celui d’un service de renseignement trop sûr de lui, prêt à mépriser ses propres éléments jusqu’à ce qu’ils deviennent une menace. En refermant cet épisode, la série semble préparer un affrontement ouvert entre Slough House et le Park. Les rancunes internes, les manœuvres de Taverner et la défiance de Lamb annoncent un rapport de force inévitable. D’un côté, une hiérarchie obsédée par le contrôle ; de l’autre, une bande d’agents bancals mais imprévisibles, capables de transformer la moindre erreur en opportunité. La dynamique entre ces deux camps reste l’un des piliers de Slow Horses. Ce troisième épisode la relance avec efficacité, en plaçant l’humour et la tension dans un équilibre instable mais maîtrisé.

Cet épisode 3 de la saison 5 met en lumière la fragilité du système que Slow Horses explore depuis ses débuts : un monde d’espions fatigués, d’institutions dysfonctionnelles et de loyautés incertaines. Roddy, figure du ridicule, devient malgré lui le miroir d’un environnement où la bêtise et la vanité peuvent avoir des conséquences catastrophiques. L’équipe de Slough House, quant à elle, prouve encore qu’elle fonctionne mieux dans le chaos que dans la discipline. Derrière les blagues, les maladresses et les coups de bluff, l’épisode révèle une réflexion plus large sur la manière dont la bêtise ordinaire peut être exploitée par des forces bien plus inquiétantes. Et c’est là que Slow Horses trouve toute sa pertinence : dans cette frontière floue entre la comédie humaine et la tragédie politique.

 

Note : 8/10. En bref, ce troisième épisode la relance avec efficacité, en plaçant l’humour et la tension dans un équilibre instable mais maîtrisé.

Disponible sur Apple TV+

 

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