29 Octobre 2025
Slow Horses // Saison 5. Episode 6. Scars.
SEASON FINALE
Le dernier épisode de la saison 5 de Slow Horses, intitulé « Scars », clôt cette aventure sur une note à la fois maîtrisée et désabusée. Cette fin ne cherche pas à impressionner par la démesure, mais plutôt à ramener la série à ce qu’elle fait de mieux : explorer la fatigue du renseignement et la fragilité de ceux qui s’y accrochent. Cette fois, les enjeux ne se mesurent pas à l’ampleur du danger, mais à la manière dont chacun y répond. Le MI5 chancelle sous le poids d’une crise qu’il a lui-même provoquée, et les agents de Slough House tentent, encore une fois, de réparer les dégâts sans qu’on leur en donne le crédit.
Dès les premières minutes, une tension sourde s’installe : un compte à rebours s’affiche au siège du MI5. Il reste une heure pour transférer une somme colossale aux terroristes libyens qui menacent de frapper un lieu de culte si leurs exigences ne sont pas satisfaites. Ce chantage place Taverner face à un dilemme moral et politique. Refuser de payer reviendrait à condamner des innocents, céder serait admettre la faiblesse d’un service déjà ébranlé. Whelan, fidèle à son image de bureaucrate déconnecté, tente de rejouer le refrain du “nous ne négocions pas avec les terroristes”. Cette posture de façade ne résiste pas longtemps à la réalité.
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Taverner comprend que la ligne de conduite officielle n’a plus aucun sens face à la menace. Le pragmatisme reprend le dessus, dans une scène qui résume bien la série : la morale est un luxe que le renseignement ne peut plus s’offrir. Tara, jusqu’ici figure trouble, se retrouve au centre de l’échiquier. Persuadée d’être la maîtresse du jeu, elle découvre que les terroristes qu’elle pensait manipuler l’utilisent à leur tour. Ce renversement apporte une dimension plus humaine à son personnage. Son ambition et son désir de revanche se heurtent à la dure réalité de ceux qu’elle a sous-estimés. Farouk et Kamal, les deux figures les plus radicales du groupe, refusent toute négociation.
Pour eux, l’argent n’effacera jamais l’humiliation subie par leur pays. La vengeance devient leur unique horizon, quitte à se retourner contre ceux censés être leurs alliés. À ce stade, la logique politique s’efface totalement, laissant place à une mécanique de destruction pure. Cette perte de contrôle progressive fait écho à celle du MI5. Dans les deux camps, l’orgueil et la peur dictent les décisions. C’est là que Slow Horses frappe juste : la série rappelle que l’espionnage n’est pas un jeu d’intelligence, mais une suite d’erreurs humaines que chacun tente de camoufler. Au milieu de cette débâcle, les agents de Slough House font ce qu’ils savent faire : improviser dans la confusion.
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Jackson Lamb, toujours fidèle à sa manière brute et sans détour, anticipe là où les autres s’enlisent. Rien d’héroïque dans ses actes, juste une lucidité usée par l’expérience. Sa relation avec Taverner prend ici une tournure intéressante. Leur rivalité constante se transforme presque en partenariat forcé. Deux cynismes qui s’affrontent, mais finissent par se comprendre. Pendant ce temps, River, Coe et Shirley se retrouvent sur le terrain, dans un enchaînement de scènes aussi maladroites que décisives. Leur intervention dans une église menacée par les terroristes condense tout ce qui définit Slough House : des décisions prises à l’instinct, des coups de chance improbables et une efficacité qui tient davantage du hasard que de la stratégie.
River tente de sauver les apparences, Shirley tire avant de réfléchir, Coe agit sans prévenir. Le chaos devient leur seul langage commun. Pourtant, c’est dans cette désorganisation que réside leur force. Ils ne suivent pas les protocoles, ils les contournent. Ce désordre devient une forme de logique à part entière, celle d’un service où les erreurs finissent parfois par donner les bons résultats. Whelan, de son côté, incarne le revers du système. L’épisode lui réserve enfin la chute qu’il mérite. Son arrogance, longtemps tolérée, finit par le rattraper. En cherchant à se défausser sur Lamb et à faire porter à Slough House la responsabilité du fiasco, il déclenche sa propre perte.
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Le contraste entre sa suffisance et la patience de Lamb souligne le fossé entre ceux qui manipulent le pouvoir et ceux qui en supportent les conséquences. Lamb, fidèle à son image de chef désabusé, ne cherche même plus à convaincre. Sa seule réponse est le geste, souvent brutal mais toujours lucide. Son attachement à ses « slow horses » transparaît dans les interstices de ses sarcasmes. Sous sa carapace, il reste ce vétéran qui comprend que ces ratés sont, au fond, les seuls à encore croire au sens du devoir. Même s’il le cache derrière un verre de whisky et une remarque acide.
L’épisode se referme sur une atmosphère mélancolique. Rien ne change vraiment. Whelan est écarté, Taverner récupère la direction du MI5, et Slough House retourne à sa routine. Le monde du renseignement n’évolue pas ; il recycle ses échecs avec la même indifférence. River retrouve son grand-père, David Cartwright, dont la mémoire continue de s’effilocher. Ce fil narratif, discret mais essentiel, ramène la série à une forme d’intimité. Le déclin de Cartwright devient une métaphore du service lui-même : un organisme vieillissant, lucide par éclairs, mais condamné à répéter les mêmes erreurs. Ce final n’a rien d’une explosion. Il referme les blessures sans les guérir, laisse ouvertes les failles et prépare le terrain pour ce qui suivra.
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Slough House reste debout, par habitude plus que par mérite. Lamb garde ses agents près de lui, non par bonté, mais parce qu’ils partagent la même cicatrice : celle d’avoir trop vu, trop compris, et d’en rire pour ne pas sombrer. La saison 5 de Slow Horses se termine sans fracas, mais avec une vérité simple : dans ce monde, la survie tient plus du réflexe que du triomphe. Et c’est précisément là que la série continue de trouver sa force.
Note : 7.5/10. En bref, l’épisode 6 de la saison 5 de Slow Horses clôt la série sur une note lucide et amère, où l’ironie du désordre et la fatigue du pouvoir remplacent le triomphe, rappelant que dans l’espionnage, la survie vaut mieux que la victoire.
Disponible sur Apple TV
Apple a déjà renouvelé Slow Horses pour une saison 6 et une saison 7 de six épisodes chacune.
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