13 Octobre 2025
Task // Saison 1. Episode 6. Out Beyond Ideas of Wrongdoing and Rightdoing There is a River.
L’épisode 6 de Task s’impose rapidement comme un tournant, pas forcément pour un twist spectaculaire mais plutôt pour les émotions qui nous fait traverser. Tout y converge : les trahisons accumulées, les blessures mal refermées, les derniers éclats d’espoir. Dans ces soixante minutes où tout semble se refermer, la série resserre son étau autour de ses personnages, jusqu’à les étouffer. Dès les premières images, la tension est palpable. La forêt devient un piège à ciel ouvert, un décor presque organique où chaque bruit semble annoncer la fin de quelque chose. C’est là que tout explose — littéralement et symboliquement.
La confrontation entre Robbie, Tom et les membres des Dark Hearts n’a rien du duel classique : c’est une cacophonie maîtrisée, un chaos filmé avec une lucidité glaciale. Le spectateur n’a pas besoin de comprendre chaque mouvement pour saisir ce qui se joue — une course désespérée, un combat perdu d’avance. Robbie n’a jamais été un héros. Ses décisions, souvent dictées par la colère ou la culpabilité, l’ont conduit dans cette impasse. Et pourtant, au moment où tout bascule, il retrouve un semblant de clarté. Son affrontement avec Jayson, brutal et intime, ressemble moins à une vengeance qu’à une libération. Robbie se vide autant de sa rage que de son sang.
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L’image de Tom, impuissant, tentant de le sauver dans une voiture qui file vers nulle part, dit tout : il n’y a plus rien à réparer. Ce décès n’est pas seulement celui d’un personnage central ; c’est la chute d’un pilier moral bancal, celui qui, malgré ses erreurs, gardait encore un reste d’humanité. Robbie était ce fil fragile entre le monde du crime et celui de la rédemption. Sa mort laisse un vide, mais aussi une question : que reste-t-il à croire, quand même les repentis tombent ? Et puis, il y a Lizzie. Sa disparition frappe autrement, presque plus fort. Elle n’était pas au centre du récit, mais son énergie, sa maladresse parfois, apportaient une respiration au cœur du drame.
La série choisit de la faire tomber au pire moment, frappée sans raison valable, comme un dommage collatéral de la folie des hommes. Ce choix narratif interroge. Lizzie ne meurt pas en héroïne, elle meurt parce que le monde de Task n’offre aucune échappatoire à ceux qui espèrent un peu trop. Sa relation ambiguë avec Grasso rend cette perte encore plus amère. Lui, le policier infiltré, celui qui navigue entre mensonge et devoir, finit par provoquer — indirectement — la mort de celle qui croyait encore en lui. La trahison de Grasso pèse lourd, car elle brise ce qu’il restait de confiance dans un univers où tout se délite.
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Il y a dans cet épisode une forme de lucidité désarmante : rien n’avance, tout s’enfonce. L’enquête n’aboutit pas, la Task Force se désagrège, et ceux qui restent debout ne savent plus très bien pourquoi ils se battent. Tom Brandis, jusque-là moteur de la série, paraît épuisé. Son instinct d’enquêteur entre en collision avec ses doutes de père. L’idée même de justice devient floue. La scène où il confronte Grasso en dit long sur ce désenchantement. Pas de grand éclat, pas de tirades moralisatrices, juste un échange sec, entre deux hommes qui savent qu’ils se comprennent trop bien. L’un tente encore de sauver ce qu’il peut, l’autre s’est déjà perdu.
Grasso, malgré ses airs de professionnel calculateur, laisse entrevoir une fragilité inattendue. Sa douleur après la mort de Lizzie sonne vraie. C’est peut-être ce qui rend son personnage si difficile à juger : il trahit, mais il souffre aussi. La série n’exploite pas la mort de Robbie comme un simple ressort dramatique. Elle en explore les conséquences. Maeve, sa nièce, découvre peu à peu l’étendue de ses mensonges et des choix qu’il a faits pour la protéger. Tom, lui, tente de donner un sens à tout cela en recueillant Sam, cet enfant que Robbie avait arraché à son destin incertain. Ce geste n’efface rien, mais il répare un fragment de quelque chose. Dans une autre série, cette adoption aurait pu apparaître comme un symbole de rédemption. Ici, c’est plus ambigu.
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Tom ne se rachète pas, il tente simplement de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Ce n’est pas la morale qui guide Task, mais la nécessité. Les personnages agissent parce qu’ils n’ont plus d’autre choix. Avec Robbie disparu, Grasso devient le point de bascule du récit. Son rôle de taupe au sein de la Task Force le place au cœur du conflit. Mais la série refuse d’en faire un simple antagoniste. Il y a chez lui quelque chose de profondément humain, presque contradictoire. Son alliance avec les Dark Hearts semble motivée par une loyauté déformée, une peur peut-être, ou un besoin de contrôle. Lorsqu’il affronte son supérieur hiérarchique, le chef Dorsey, la hiérarchie du bien et du mal s’effondre totalement.
Le policier exemplaire cache ses propres arrangements, et Grasso, en se rebellant, se découvre finalement prisonnier d’un système aussi pourri que ceux qu’il prétend combattre. Cette ambiguïté rend Task particulièrement intéressante. La série ne cherche pas à désigner un coupable unique. Elle explore les nuances de la faute, les justifications, les petits renoncements qui, mis bout à bout, mènent à la catastrophe. Malgré la violence de cet épisode, ce qui reste en tête, c’est la pudeur avec laquelle la série aborde la douleur. Pas de grands violons, pas de monologues tragiques. Tout passe par les regards, les silences, les gestes hésitants. Le face-à-face final entre Tom et Grasso illustre parfaitement cette retenue.
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Le premier parle de confession comme d’un acte humain, un moyen d’apprivoiser la honte. Ce parallèle entre foi et culpabilité résume l’esprit de Task : la morale n’est pas une ligne droite, mais un terrain mouvant où chacun cherche à tenir debout. Un point me dérange pourtant. Après Eryn, c’est Lizzie qui disparaît brutalement. Deux femmes, deux morts qui servent avant tout à relancer les arcs masculins. Si la série tente d’en faire un moteur émotionnel pour Tom, Aleah ou Grasso, la répétition crée un malaise. Ces pertes auraient pu avoir plus de poids si elles avaient été vécues autrement que comme des catalyseurs de vengeance. Aleah, heureusement, échappe à ce schéma.
Son sang-froid lors de la fusillade, sa précision de tireuse et sa lucidité lui donnent une véritable présence. Mais il faudra que le dernier épisode lui laisse enfin la place qu’elle mérite, sans la réduire à la coéquipière solide du héros abîmé. Ce qui me touche le plus dans cet épisode, c’est la façon dont la série ramène la tragédie à une échelle intime. Les scènes entre Tom et ses filles, Emily et Sara, sont d’une simplicité désarmante. Il n’y a plus de crimes, plus de conspirations, juste une famille qui tente de recoller les morceaux. Leur complicité retrouvée, leur humour timide, contrastent avec la noirceur du reste. Dans cette maison où tout semblait s’effondrer, il reste des rires, des gestes tendres, des tentatives de normalité.
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C’est là que Task retrouve sa force : dans cette humanité qui résiste, même au milieu du désastre. L’épisode 6 a tout d’un épilogue anticipé. Beaucoup de fils narratifs trouvent ici leur résolution logique, sans pourtant refermer la série. Il reste des dettes morales à solder, des vérités à révéler. Mais le sentiment dominant, c’est celui d’une fin déjà amorcée. Le rythme plus lent du dernier tiers installe une forme de deuil collectif. Chaque personnage prend la mesure de ce qu’il a perdu. Plus de certitudes, plus de héros, juste des survivants. Et si le final s’annonce encore plein de tensions, il semble clair que Task ne se conclura pas par la victoire de la loi, mais par la reconnaissance de ses limites.
Ce sixième épisode de Task marque un tournant émotionnel et narratif. Les morts de Robbie et Lizzie redéfinissent les enjeux et rappellent que cette série n’a jamais été une enquête classique, mais une exploration du poids des choix. Derrière les fusillades et les trahisons, Task parle avant tout d’humanité, de honte et de réparation impossible. Si la série parvient à conclure son récit avec la même justesse, elle aura réussi quelque chose de rare : raconter la chute des hommes sans perdre de vue ce qui les rend encore dignes d’être sauvés.
Note : 9/10. En bref, Cet épisode de Task marque un tournant émotionnel et narratif. Les morts de Robbie et Lizzie redéfinissent les enjeux et rappellent que cette série n’a jamais été une enquête classique, mais une exploration du poids des choix.
Disponible sur HBO max
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