Critiques Séries : The Chair Company. Saison 1. Episode 2.

Critiques Séries : The Chair Company. Saison 1. Episode 2.

The Chair Company // Saison 1. Episode 2. New Blood. There’s 5 Rons Now.

 

L’épisode 2 de The Chair Company, intitulé « New Blood. There’s 5 Rons Now », poursuit la trajectoire étrange initiée dans le premier épisode. L’histoire continue de suivre Ron Trosper, un homme ordinaire qui semble s’enfoncer, parfois malgré lui, dans une enquête dont il ne comprend pas vraiment les contours. Derrière la façade comique, il y a quelque chose de plus profond : la manière dont un individu banal se débat avec la perception qu’il donne aux autres et celle qu’il a de lui-même. Ce qui frappe d’abord, c’est à quel point Ron vit dans un décalage constant. Sa fille le voit comme un homme charismatique, à l’aise avec tout le monde, alors que chaque scène prouve le contraire. 

 

Il s’emmêle, bafouille, et tente de sauver les apparences dans des situations où il ne maîtrise rien. Même sur son lieu de travail, où il a pourtant une position stable, il donne l’impression de ne jamais être à sa place. Tout repose sur un équilibre fragile, comme si sa vie tenait sur une tour de mensonges qui menace de s’effondrer à tout moment. Cet épisode le montre face à une tâche à la fois dérisoire et symbolique : convaincre les parents de son futur gendre de valider un lieu de mariage potentiellement hanté. Derrière cette demande absurde se cache une vérité plus intime : Ron veut absolument prouver qu’il est capable de résoudre les problèmes, même ceux qu’il ne comprend pas. 

C’est cette même logique qui le pousse à poursuivre son enquête sur l’énigmatique entreprise Tecca, persuadé qu’un complot plus vaste se cache derrière de simples chaises. Mais à mesure qu’il avance, ses choix deviennent de plus en plus discutables. Sa recherche d’un vendeur de chemises à motifs, censée lui fournir un indice, tourne vite à la catastrophe. Pressé par son obsession, il met en danger sa collègue Jamie, qu’il tente d’éloigner par un stratagème douteux. Ce moment révèle quelque chose d’inquiétant chez lui, une part sombre qu’il tente d’ignorer mais qui resurgit dès que la situation lui échappe. L’épisode joue beaucoup sur cette dualité : la gentillesse apparente d’un homme banal confrontée à une noirceur qu’il peine à contrôler.

 

Ce mélange d’humour maladroit et de tension constante donne à la série une tonalité singulière. Ce n’est pas tant l’enquête qui captive que la manière dont Ron s’y enfonce. Son obsession pour les détails insignifiants, ses tentatives pour garder le contrôle, tout cela devient le miroir d’une anxiété plus universelle : celle de perdre le fil, de ne plus comprendre le monde qui nous entoure. Ce qui pourrait passer pour une comédie de bureau se transforme peu à peu en portrait d’un homme dépassé par sa propre narration. La rencontre avec Mike Santini, l’homme qui l’avait agressé dans l’épisode précédent, change un peu la donne. Ce personnage de brute vieillissante, à la fois inquiétant et pathétique, devient un improbable allié. 

Il fait partie de ces figures secondaires typiques de la série : absurdes mais ancrées dans une réalité assez terne pour être crédibles. Leur dialogue dans un diner chaotique, entre cris et chaises qui volent, illustre bien cette atmosphère d’étrangeté familière. On ne sait jamais si on doit rire ou se sentir mal à l’aise. Ce qui rend Ron attachant, malgré tout, c’est sa chance. Une chance inexplicable, presque injuste, qui le tire d’affaire au moment où tout devrait s’effondrer. Chaque mauvaise idée semble finir par lui profiter d’une manière ou d’une autre. Même sa bévue avec le kit de détection d’empreintes, qu’il commande par erreur en version jouet, trouve un écho inattendu dans sa vie familiale. 

 

Cet objet ridicule devient un cadeau pour son fils, transformé par hasard en tendance du moment. Tout fonctionne sur cette ironie : Ron ne comprend pas le monde, mais le monde semble parfois conspirer pour le sauver. Pourtant, l’épisode ne se contente pas de rire de ses maladresses. Il installe une inquiétude réelle. Lorsqu’il reçoit à la fin une photo de lui prise à l’intérieur de sa propre maison, on comprend que la série joue aussi avec le registre du thriller. Ce n’est plus seulement la peur d’un complot industriel, mais la peur plus intime d’être observé, surveillé, trahi dans son espace le plus privé. La frontière entre paranoïa et réalité devient poreuse, et Ron n’a plus les repères nécessaires pour distinguer l’une de l’autre.

Ce deuxième épisode confirme que The Chair Company n’est pas simplement une comédie absurde. C’est une exploration du malaise moderne, de la manière dont un homme ordinaire tente de donner du sens à des événements qui le dépassent. Ron n’est pas un héros, mais il refuse de lâcher prise. Sa quête n’a peut-être pas d’objectif clair, mais elle traduit quelque chose de profondément humain : ce besoin de trouver une cohérence dans le chaos. En suivant cette logique, la série avance dans une zone intermédiaire, ni totalement réaliste, ni complètement farfelue. C’est ce flou qui fait sa force. Chaque scène paraît sur le point de basculer vers le ridicule, mais garde toujours une ancre émotionnelle. 

 

Même les dialogues les plus absurdes résonnent d’une certaine vérité : celle d’un homme qui cherche encore à comprendre comment il en est arrivé là. Au fond, cet épisode ne parle pas tant d’un complot autour d’une entreprise de chaises que de la fragilité des apparences. Ron vit dans une illusion qu’il a lui-même construite, persuadé qu’il maîtrise quelque chose. Mais tout, autour de lui, suggère l’inverse. Sa gentillesse devient maladresse, sa curiosité tourne à l’obsession, et son sens du devoir le pousse à franchir des limites qu’il ne pensait pas dépasser. En sortant de cet épisode, une impression demeure : celle d’avoir assisté à un effritement discret. 

Ron continue d’avancer, mais sans comprendre que ce n’est pas la vérité qu’il poursuit, seulement un moyen de se rassurer. Et c’est précisément là que The Chair Company trouve sa justesse : dans la façon dont elle montre un homme essayer désespérément de tenir debout alors que tout vacille autour de lui.

 

Note : 7.5/10. En bref, ce deuxième épisode confirme que The Chair Company n’est pas simplement une comédie absurde. C’est une exploration du malaise moderne, de la manière dont un homme ordinaire tente de donner du sens à des événements qui le dépassent.

Disponible sur HBO max

 

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