21 Mai 2019
Netflix continue d’investir les univers surnaturels teintés de drames humains avec Chambers. Créée par Leah Rachel (Audrey, Dating Rules from my Future Self), Chambers nous plonge dans l’univers de Sasha, incarnée par Sivan Alyra Rose (inconnue au bataillon) et des expériences qu’elle vit depuis qu’elle a été transplanté du coeur d’une autre jeune femme. La série s’offre tout de même des influences visuelles intéressantes, permettant aussi de donner un cachet réellement différent à la série par rapport à l’offre générale de Netflix. On a par moment l’impression de voir Chambers comme si elle avait été traitée au cinéma. Le regard d’Alejandro Jodorowsky donne un petit truc en plus à la série qui lui permet aussi de sortir du lot. Le mélange parfois étranges des influences (on pourrait citer Twin Peaks par moment) permet aussi à Chambers de dévoiler rapidement une mythologie complexe et fascinante autour de drames humains particulièrement intéressants. Mais ce que je trouve dommage finalement c’est le fait que Chambers veuille semble t-il raccrocher tout ce qu’elle raconte à des histoires de forces obscures et un sentiment d’horreur mystique. Du coup, le surplus d’intrigues surnaturelles (ou d’allusions) casse par moment le délire et surtout ce que la série réussie à faire : le drame humain.
Après avoir survécu à une crise cardiaque, une jeune femme devient obsédée par le mystère entourant la greffe de cœur qui lui a sauvé la vie. Plus elle se rapproche de la vérité sur la mort soudaine de son donneur, plus elle développe les traits de caractère du défunt dont certains se révèlent terriblement sinistres.
La relation entre Sasha et les parents de Becky (la défunte qui lui a permis d’avoir un nouveau coeur) est complexe et l’un des éléments les plus intéressants de la série. Notamment l’emprise que les parents veulent avoir sur le destin de Sasha, pour s’assurer que le coeur de leur fille ait servi à sauver quelqu’un de bien. Sasha plonge alors petit à petit dans un monde qu’elle en connait pas (les amis de Becky et ceux qui l’ont connu, une école d’élite payée par les parents de Becky, une voiture aussi, etc.). Par moment, le côte assez effrayant de la chose devient particulièrement fascinant et à d’autres le côté mystique de la série prend le pas et là le bas blesse. Les visions de Becky, et le sentiment de voir les choses au travers d’une fille décédée est un concept que l’on a déjà vu ailleurs mais fort heureusement que la mise en scène est alors là pour rattraper le tout. Alfonso Gomez-Rejon, qui a travaillé sur American Horror Story rend alors la série magnifique par moment, ce qui casse un peu les erreurs de la narration et permet de directement se replonger dedans. Peut-être aussi que le problème de Chambers est de manquer de matière pour remplir dix épisodes. C’est un reproche que j’ai déjà pu faire par le passé pour Hemlock Grove qui pourrait finalement se rapprocher un peu de Chambers (sans les éléments de créatures fantastiques bien entendu).
Côté casting, il y a parfois aussi quelques échecs. Si Goldwyn et Uma Thurman parviennent à être dans le haut du panier et à faire virevolter la série, leurs rôles sont souvenir absurdes et mal gérés par un scénario qui veut trop tirer sur la corde fantastique. Sans parler du fait qu’ils ne sont pas suffisamment bien exploités par les scénaristes par moment, ce qui nous laisse alors avec quelques scènes étranges. A côté de ça, Sivan Alyra Rose s’en sort avec les honneurs. Notamment pour incarner un personnage assez complexe, engouffré dans tout un tas d’intrigues légèrement soap-esques et pas toujours brillantes par la même occasion. Mais je souligne tout de même qu’il y a une vraie ambition dans Chambers et qu’une seconde saison ne serait pas de refus. Cela fait un bout de temps que je n’avais pas été autant enthousiasmé par une série fantastique de Netflix. Bien que la série fasse par moment des choses déjà vu et qu’elle tire aussi un peu en longueur, l’ensemble est honorable et mérite d’être vu si vous avez envie d’une série de genre un peu plus belle que les autres mais le côté parfois très étrange de la mythologie de la série peut aussi en rebuter plus d’un…
Note : 6/10. En bref, une série avec ses défauts mais qui a le mérite de tenter quelque chose dans un moule assez joli et efficace.
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