Critique Ciné : Saint Omer (2022)

Critique Ciné : Saint Omer (2022)

Saint Omer // De Alice Diop. Avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda et Valérie Dréville.

 

Alice Diop, tout juste auréolée d’un César du meilleur premier film, mérite amplement sa récompense. Saint Omer est un film fort racontant l’histoire d’une jeune mère accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Pour un premier film, Alice Diop parvient à nous plonger au coeur de ce procès en gardant des éléments terriblement réalistes qui permettent de tout de suite accrocher au récit. Kayije Kagame est parfaite dans le rôle de Laurence Coly, cette mère perdue dans la vie et que personne n’a voulu aidé ou regardé. Saint Omer est dans un sens non pas le procès de Laurence mais le procès du spectateur qui ne prend pas le temps de regarder le monde qui l’entoure et qui en oublie d’aider son prochain. Ce n’est pas fait avec les gros sabots mais avec une simplicité déconcertante qui rend le tout d’autant plus viscéral. 

 

Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l’accusée, l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement.

 

Saint Omer a beau poser sa caméra sur les monologues de cette mère, les silences et les détails visuels offrent eux aussi quelque chose de complémentaire qui en disent souvent plus. Saint Omer ne cherche jamais à être bavard et lorsque l’on est dans la cour d’assises, on est alors plongés dans quelque chose de palpitant. Il y a un sens de l’action qui est tenu par la mise en scène, le cadrage et surtout le talent d’une actrice que je ne connaissais pas du tout. Malgré la simplicité même du récit, Saint Omer est bien plus dense que l’on pouvait l’imaginer. Ce que celui-ci raconte permet aussi de toucher le spectateur autrement que ce que l’on a pour habitude de voir parmi les films judiciaires français. Alors Saint Omer n’est pas aussi brillant que Jusqu’à la Garde (qui reste l’une des plus belles claques du cinéma français de ces dernières années) mais il sait être incarné et brillé par des petits éléments simples qui font de grandes choses. Alice Diop saisit alors les silences de son récit pour en faire des moments prenants. Saint Omer n’est pas facile, notamment par sa thématique (l’infanticide) mais part d’un horrible fait divers pour dérouler une vraie réflexion sur le fait d’être mère et le fait que la société laisse beaucoup de gens sur le bas côté.

 

Note : 8/10. En bref, un premier film percutant et réussi qui mélange intelligemment son fait divers sordide avec une vraie réflexion de fond. 

Sorti le 23 novembre 2022 au cinéma - Disponible en DVD le 4 avril 2023

 

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