Ladies in Black (Saison 1, 6 épisodes) : les drames en noir à Sydney

Ladies in Black (Saison 1, 6 épisodes) : les drames en noir à Sydney

La nouvelle série australienne Ladies in Black, se déroulant dans le Sydney des années 60, reprend là où le film de Bruce Beresford de 2018 s’était arrêté (Les Petites Robes Noires sorti en 2019 en VOD chez nous). Cette adaptation historique, bien que visuellement fidèle à l'époque, manque cependant de profondeur et de crédibilité sur le plan narratif. En effet, malgré une reconstitution minutieuse des décors et des costumes, l’authenticité des personnages et de l’intrigue laisse à désirer, rappelant que si les personnages et l’histoire ne semblent pas authentiques, tout le reste s'effondre. Sous la direction de Gracie Otto, qui a récemment réalisé un excellent documentaire sur son père acteur Barry, l'histoire de Ladies in Black adoucit les aspérités de l’histoire, donnant une série douce et statique, en dépit de se situer dans une période de changements sociaux profonds. Otto semble voir l’évolution de la société des années 50 à 60 comme un passage du monochrome à la couleur, sans explorer en profondeur les bouleversements de l’époque.

 

Un groupe de femmes connues sous le nom de « dames en noir » est présenté à la timide Lisa, âgée de 16 ans, lorsqu’elle commence à travailler pendant les vacances d’été dans un grand magasin de Sydney, au début de l’année 1959.

 

L’intrigue se déroule principalement dans le rayon des vêtements pour dames d’un grand magasin fictif, Goodes, un endroit peu propice à observer les révolutions sociales. Les scénaristes Greg Waters, Sarah Bassiuoni, Joan Sauers et Randa Sayed, tentent d’intégrer des histoires de jeunesse, notamment à travers le personnage de Lisa (Clare Hughes), une jeune femme ambitieuse jonglant entre son travail et ses études universitaires. Lisa est présentée comme étant à l'avant-garde du changement, illustré par un monologue où elle déclare que le sexe est ce qui sépare les femmes polies et belles, en quête de mari, de celles qui pensent, créent, et construisent des vies et des carrières. Hughes, tout comme le script, termine souvent ses phrases par des points d’exclamation, soulignant de manière excessive les points importants, au détriment de la subtilité.

 

Un autre personnage, une collègue de Lisa, lui prédit un avenir brillant en tant qu’intellectuelle, une déclaration qui, au lieu d’ajouter de la profondeur, semble redondante et explicite. Les autres personnages, bien qu’intéressants, parlent souvent de manière trop formelle et artificielle. Parmi eux, Mrs Ambrose (Miranda Otto), une Britannique pompeuse, et Magda (Debi Mazar), une Polonaise rêvant de diriger sa propre entreprise. Fay (Jessica De Gouw), une vendeuse mariée à un Hongrois, lutte quant à elle avec la question de la maternité. Le scénario tente de répartir l’attention entre les divers personnages, mais cette dispersion dilue l’intrigue. L’introduction d’Angela (Azizi Donnelly), une Libano-Australienne espionnant pour l’industrie de la mode en volant les designs de Goodes, aurait pu offrir une perspective rafraîchissante. Malheureusement, ce potentiel narratif est sous-exploité.

 

Le premier épisode présente un élément rarement vu dans une série d’époque : un personnage exprimant des dialogues racistes, xénophobes et homophobes typiques de l’époque. Jenny (Eloise Mignon), l’une des vendeuses, se plaint de la présence d’hommes homosexuels et critique le mariage de Fay à un Hongrois. Cependant, ce type de dialogue, jugé trop inconfortable, mène rapidement à l’éviction de Jenny dès le premier épisode, signalant que cette série opte pour une version édulcorée de l’histoire. Malgré des tentatives pour insuffler de la vivacité et de l’énergie à Ladies in Black, les dialogues artificiels et la rigidité des personnages nuisent à l’ensemble. Par exemple, une réplique dit qu’ « il ne suffit pas qu’un homme soit un loup pour qu’une fille soit un agneau », un style de discours peu crédible.

 

Ladies in Black aurait pu être une exploration captivante des bouleversements sociaux des années 60 à travers le prisme d’un grand magasin. Cependant, le choix de maintenir une perspective superficielle et un traitement édulcoré des sujets sociétaux réduit l’impact potentiel de la série. Les intrigues et les personnages, bien qu’intéressants en surface, manquent de développement et de profondeur pour rendre l’ensemble véritablement engageant. En conclusion, Ladies in Black présente une vision nostalgique et visuellement agréable du Sydney des années 60, mais ne parvient pas à capturer pleinement l’essence et les turbulences de cette période de changement. Le manque d'authenticité dans les personnages et les dialogues, ainsi qu'une approche trop adoucie des enjeux sociaux, limitent la portée de la série, la rendant agréable à regarder mais peu mémorable. Pour véritablement briller, "Ladies in Black" aurait besoin d'une dose de réalisme et d'audace dans sa narration, afin de refléter avec plus de fidélité et d'impact l'époque qu'elle cherche à dépeindre.

 

Note : 4/10. En bref, c’est très joli mais assez vain d’un point de vue narratif. 

Prochainement en France

 

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