Critique Ciné : La Promesse Verte (2024)

La Promesse Verte // De Edouard Bergeon. Avec Alexandra Lamy, Félix Maori et Sofian Khammes.

L'un des récents films qui suscite des débats dans le paysage cinématographique français est La Promesse Verte. Ce long-métrage, dirigé par Édouard Bergeon, se présente comme une œuvre engagée, dénonçant la déforestation et la production massive d’huile de palme en Indonésie, tout en nous plongeant dans un drame familial poignant. Cependant, malgré une intention louable et une distribution de qualité, ce film divise. Au cœur de La Promesse Verte, l’enjeu est clair : la déforestation massive pour la production d’huile de palme, une ressource omniprésente dans nos produits de consommation, y compris dans les carburants dits "verts". Cette exploitation a des conséquences désastreuses, tant sur l’environnement que sur les populations locales. Le film cherche à éveiller les consciences sur cette réalité trop souvent ignorée ou minimisée par les consommateurs.

Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Le réalisateur nous transporte en Indonésie, où la beauté des paysages contrastent avec la brutalité de leur destruction. Ces scènes de forêts tropicales, filmées avec soin, sont parmi les points forts du film. Elles rappellent l’importance de préserver ces écosystèmes, un message que le film tente de marteler à travers son intrigue. Alexandra Lamy, actrice emblématique du cinéma français, incarne une mère courageuse, prête à tout pour sauver son fils, condamné à mort en Indonésie. Si Lamy brille par son engagement, certains pourraient regretter une surenchère émotionnelle qui parfois frôle l'excès. Sa prestation est cependant sincère, et elle réussit à transmettre l’angoisse et la détermination d’une mère face à l’injustice. Félix Moati, qui interprète le rôle du fils, offre une performance respectable, bien que son personnage souffre d’une écriture quelque peu stéréotypée. Le jeune homme, plongé dans une situation extrême, oscille entre résignation et rébellion, mais manque parfois de crédibilité dans ses actions. 

Ce manque de profondeur pourrait décevoir ceux qui attendaient une exploration plus nuancée des relations mère-fils et des motivations des personnages. Le film tente de jongler entre plusieurs genres : drame familial, thriller écologique et récit judiciaire. Si cette diversité aurait pu enrichir le récit, elle donne au contraire l’impression que le film se perd en chemin. L'intrigue, bien qu'initialement prometteuse, s’égare parfois dans des sous-intrigues moins convaincantes, affaiblissant le propos central. Le message écologique, bien qu'indéniablement pertinent, est souvent noyé sous des dialogues simplistes et une mise en scène parfois maladroite. Les relations entre les personnages manquent de profondeur, et certaines scènes semblent davantage servir de remplissage que d'apporter une réelle valeur à l'histoire. Cela dit, le film parvient tout de même à sensibiliser sur la question de l'huile de palme, même si le traitement aurait gagné à être plus incisif.

Malgré ses imperfections, La Promesse Verte reste une œuvre importante pour son sujet. Il est rare de voir le cinéma français s'attaquer de front à des problématiques aussi cruciales que la déforestation et les abus des grandes industries. Cependant, la manière dont ces thèmes sont abordés laisse un goût d'inachevé. Le film, en voulant toucher à trop de sujets à la fois, finit par ne vraiment approfondir aucun d’entre eux. Ce qui aurait pu être un thriller écologique percutant se transforme en un drame parfois convenu, où les bonnes intentions ne suffisent pas à masquer les faiblesses narratives. Certains spectateurs pourraient se sentir frustrés par le manque d’audace dans la mise en scène et par des choix scénaristiques discutables, tandis que d’autres apprécieront l’effort de sensibilisation et la beauté des images.

La Promesse Verte est un film qui divise. D'un côté, il aborde un sujet crucial avec une distribution de qualité et une intention louable de dénoncer les ravages de la déforestation. De l’autre, il souffre de faiblesses scénaristiques et d'une mise en scène qui n'exploite pas pleinement le potentiel de son intrigue. Ce n'est pas un film sans mérite, mais c'est un film qui aurait pu, et peut-être dû, être plus incisif pour véritablement marquer les esprits. Un rendez-vous manqué pour certains, une œuvre engagée à saluer pour d'autres.

Note : 5.5/10. En bref, les paysages sont beaux, Alexandra Lamy est impliquée, mais le scénario reste imparfait et parfois invraisemblable. Reste alors le sujet, rare au cinéma, qui fait plaisir à voir dans le cinéma français. 

Sorti le 27 mars 2024 au cinéma - Disponible en VOD