Critique Ciné : Première Affaire (2024)

Critique Ciné : Première Affaire (2024)

Première Affaire // De Victoria Musiedlak. Avec Noée Abita, Anders Danielsen Lie et Alexis Neises.

 

Lorsque j'ai entendu parler du film Première Affaire, j'étais intrigué par la promesse d'une plongée dans l'univers judiciaire à travers les yeux d'une jeune avocate fraîchement diplômée. Le concept me semblait porteur de potentiel, surtout pour un drame où les enjeux humains et professionnels se croisent et s'entremêlent. Malheureusement, après avoir visionné le film, je ressors avec un sentiment mitigé. Le film, réalisé par Victoria Musiedlak, se distingue par une singularité qui pourrait ne pas plaire à tout le monde. Loin de chercher à captiver un large public, Première Affaire adopte une approche qui peut être perçue comme distante, voire maladroite. La protagoniste, interprétée par Noée Abita, incarne une jeune avocate confrontée à sa première affaire pénale, un véritable baptême du feu dans un environnement oppressant et souvent cruel. Ce personnage aurait pu être l'occasion de nous offrir un récit poignant sur les débuts d'une carrière juridique, mais le film se perd en cours de route.

 

Jeune avocate fraichement diplômée, Nora a l'impression de n'avoir rien vécu lorsqu'elle est propulsée dans sa première affaire pénale. De sa première garde à vue au suivi de l’instruction, Nora découvre la cruauté du monde qui l’entoure, dans sa vie intime comme professionnelle. Emportée par la frénésie de sa nouvelle vie, elle multiplie les erreurs et en vient à questionner ses choix.

 

L'un des principaux reproches que l'on pourrait faire à Première Affaire est son manque de cohérence dans le traitement de son sujet. Le scénario, qui se voulait centré sur l'apprentissage difficile d'une jeune avocate confrontée à une affaire sordide, bifurque rapidement vers une intrigue romantique qui semble déplacée. Cette romance, entre la jeune avocate et un policier, occupe une place disproportionnée dans le récit, reléguant l'affaire criminelle au second plan. Ce choix narratif affaiblit considérablement le film, car il détourne l'attention du spectateur de ce qui aurait dû être le cœur du récit : le parcours initiatique de l'avocate. D'un point de vue technique, la mise en scène souffre également de certains défauts. Les gros plans sont omniprésents, parfois jusqu'à l'excès, et les ralentis, souvent inutiles, alourdissent inutilement le rythme du film. Ces choix esthétiques, loin de renforcer l'immersion, créent une distance avec le spectateur, rendant difficile l'attachement aux personnages et à l'intrigue.

 

L'atmosphère générale du film est sombre, presque glauque, ce qui pourrait être approprié compte tenu de la nature de l'affaire traitée. Cependant, ce ton austère contraste fortement avec l'apparence frêle et vulnérable de l'héroïne. Noée Abita, malgré son talent indéniable, peine à convaincre dans ce rôle. Non pas à cause de ses compétences d'actrice, mais plutôt en raison d'une inadéquation entre son physique et la dureté du personnage qu'elle incarne. Il semble que la réalisatrice ait misé sur un contraste entre la délicatesse de l'actrice et la brutalité du monde judiciaire, mais le résultat est un manque de crédibilité qui nuit au film. Le film n'est pas sans qualités. Certaines scènes, notamment celles qui explorent la vie personnelle de l'avocate, sont touchantes et bien menées. De plus, les moments d'affrontement entre Noée Abita et Anders Danielsen Lie, qui incarne un policier au charisme inquiétant, sont chargés d'une tension palpable. 

 

Ces moments d'électricité contribuent à maintenir un certain intérêt pour le film, même si, au final, ils ne suffisent pas à compenser ses faiblesses. Un autre aspect qui m'a déçu est la représentation de la ville d'Arras. Le choix de situer l'intrigue dans cette ville du Pas-de-Calais aurait pu apporter une dimension supplémentaire au film, en ancrant l'histoire dans un contexte géographique particulier. Cependant, l'image donnée d'Arras est peu flatteuse et pourrait même froisser ses habitants. Le film dépeint une ville grise et morose, qui n'aide en rien à relever l'ambiance déjà pesante du film. En conclusion, Première Affaire est un film qui, malgré de bonnes intentions, se perd dans des choix narratifs discutables et une mise en scène maladroite. Si le sujet de départ était prometteur, le film ne parvient pas à tenir la distance et laisse le spectateur sur sa faim. Ce premier essai de Victoria Musiedlak montre des signes de potentiel, mais souffre de trop de défauts pour être pleinement convaincant. 

 

Note : 4/10. En bref, un premier essai trop juste pour transcender sa thématique judiciaire (thématique qui m’est chère).

Sorti le 24 avril 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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