Critique Ciné : 4 Zéros (2024)

Critique Ciné : 4 Zéros (2024)

4 Zéros // De Fabien Onteniente. Avec Gérard Lanvin, Didier Bourdon et Isabelle Nanty.

 

Le film 4 Zéros de Fabien Onteniente, soutenu par des stars du football et financé en partie par le PSG, est une expérience que je déconseille vivement. Ce qui se voulait une comédie sur fond de football, avec ses allures de blockbuster populaire, se révèle être un navet cinématographique digne de son titre. Entre un scénario insipide, un humour maladroit, des dialogues vides et une vision stéréotypée du monde du foot, 4 Zéros peine à convaincre sur tous les aspects. Le premier échec du film réside dans son scénario, qui manque cruellement d’originalité et d’intérêt. On pourrait croire que la trame d’une comédie sportive se prêterait bien à des situations dynamiques et à des rebondissements inattendus. Malheureusement, 4 Zéros semble s’être contenté d’un récit sans profondeur, aussi creux qu’une coquille vide. L’histoire ne décolle jamais vraiment et, dès les premières minutes, on sent que la narration ne mène nulle part.

 

Sylvie Colonna, présidente du club de foot des Haricots d’Arpajon, a refait sa vie avec José Pinto. Ensemble, ils tiennent un restaurant portugais à Pontault-Combault : le Churrasco. Mais les affaires vont mal. Leur fils, Manu, trentenaire un peu paumé, rêve de devenir agent de joueur. Un jour, il tombe sur une pépite : Kidane, un jeune prodige qui met le feu sur les terrains… Mais d’autres agents rodent, déjà autour… Les Pinto qui voient en Kidane l’espoir de sortir de la galère décident d’appeler à la rescousse, Alain Colonna qui vit une retraite tranquille à Tahiti. Mais le football a changé… Tous ensemble, ils vont devoir affronter DZ, l’agent le plus influent du biz, un homme au bras long et à la mauvaise réputation… Avec comme objectif de permettre à Kidane d’intégrer le club de ses rêves : le PSG.

 

 La ligne directrice est floue, comme si le script avait été relégué au second plan. Onteniente aurait pu choisir de développer des personnages attachants ou de jouer avec des intrigues secondaires pour enrichir le récit, mais il n’en est rien : le scénario tourne en rond, sans finesse ni subtilité. Le film prétend être une comédie, mais en matière d’humour, il accumule les échecs. Là où les comédies réussies savent distiller des rires subtils ou de l’ironie, 4 Zéros nous sert des blagues lourdes et éculées, sans le moindre effet comique. Le film semble tout miser sur quelques moments d’humour qui tombent rapidement à plat. Les gags sont prévisibles, les punchlines inexistantes, et même les moments qui devraient faire sourire ne suscitent qu’ennui et désintérêt. Le manque d’innovation et de spontanéité est flagrant : il n’y a rien de frais ni d’inédit dans le traitement comique. 

 

Ce défaut majeur transforme la séance en un interminable moment de frustration, où l’on attend désespérément une étincelle qui ne viendra jamais. Les dialogues, eux aussi, déçoivent. Réduits à des échanges monotones, les personnages se contentent de phrases simplistes, à tel point qu’on a du mal à croire au réalisme des scènes. Les expressions répétitives et les dialogues basiques rappellent une conversation sans saveur, où chaque mot tombe à plat. Ce manque de profondeur empêche toute connexion émotionnelle avec les personnages et ne fait qu’accentuer l’aspect décevant de l’ensemble. Parfois, le mot "frérot" est répété sans arrêt, comme pour compenser l’absence de dialogues plus étoffés. Ce manque de diversité linguistique réduit encore l’intérêt du film et ne fait qu’appuyer sa pauvreté narrative. L’un des arguments marketing de 4 Zéros est la présence de figures emblématiques du monde du football : Paul Pogba, Jean-Claude Darmon, Guy Roux, entre autres. 

 

Bien que leur apparition ait été annoncée comme un atout, ces caméos s’avèrent finalement sans impact. Ces légendes du foot sont reléguées à des rôles de figurants, comme de simples apparitions qui n’apportent rien de significatif au film. Au lieu de renforcer l’intrigue, ces participations semblent avoir été placées uniquement pour attirer l’attention des amateurs de football, sans réelle utilité pour l’histoire. Cela donne une impression d’incohérence et renforce l’impression que le film est un produit purement commercial, dépourvu de véritable ambition artistique. Le film présente le football d’une manière caricaturale et datée. Là où d’autres productions récentes parviennent à capturer la passion et les enjeux de ce sport, 4 Zéros donne une image désuète et stéréotypée de cet univers. La représentation des joueurs et des entraîneurs ressemble davantage à une caricature qu’à un hommage, et les scènes de match sont filmées avec peu de réalisme. 

 

Plutôt que de montrer des moments intenses et vibrants, le film propose des scènes de football maladroites, où les actions sont exagérées ou mal chorégraphiées. Cette vision déformée ne fait qu’ajouter à la déception générale et finit par aliéner aussi bien les passionnés de foot que les amateurs de bon cinéma. Seule consolation, le casting comporte des visages bien connus, ce qui aurait pu donner un atout au film. Des acteurs talentueux et des anciens footballeurs charismatiques auraient pu insuffler un peu de vie et de crédibilité. Kaaris s’en sort d’ailleurs plutôt bien, mais il ne peut pas sauver à lui seul cette débâcle. Didier Bourdon et Gérard Lanvin, habitués à des rôles marquants dans le cinéma populaire, semblent perdus dans cet univers artificiel et fade, comme s’ils avaient eux-mêmes du mal à croire aux dialogues qu’ils récitent. En somme, le casting est sous-exploité et laissé sans réel impact.

 

4 Zéros porte bien son nom : il mérite quatre zéros pour le scénario, l’humour, les dialogues et l’image du monde du football qu’il véhicule. C’est un film sans ambition, sans émotion et sans substance, qui accumule les fautes comme une équipe en bas de classement. Il n’y a rien de mémorable ou de plaisant dans ce long-métrage, et il ne laissera probablement aucune trace dans l’esprit des spectateurs. Pour ceux qui cherchent un bon moment de divertissement ou un hommage sincère au monde du foot, ce film est à fuir. Mieux vaut encore passer son chemin et profiter de films qui apportent un vrai plaisir cinématographique.

 

Note : 1/10. En bref, 4 Zéros est une déception sur tous les fronts, une production sans âme ni substance.

Sorti le 23 octobre 2024 au cinéma

 

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