14 Novembre 2024
La sortie de Like a Dragon: Yakuza en mini-série a soulevé une certaine curiosité, notamment chez ceux qui, comme moi, n’avaient jamais touché à la franchise de jeux vidéo Yakuza. Sans le bagage de joueur, je découvrais cette adaptation avec des yeux neufs, sans attentes particulières. Pourtant, après avoir terminé les six épisodes, un sentiment de déception domine, malgré quelques qualités indéniables. Je connaissais bien sûr la réputation de la saga Yakuza dans le monde des jeux vidéo, mais mon ignorance du contenu précis m'a permis d'aborder la série avec une approche plus détachée. La mini-série se concentre principalement sur les événements du premier jeu, une option judicieuse pour éviter de surcharger l'intrigue. Cependant, il ne faut pas longtemps pour comprendre que la série s'éloigne de ce qui fait l'âme des jeux.
Ce qui frappe rapidement, c'est le ton résolument mélodramatique de la série, une approche qui tranche avec l'esprit d’aventure et d'excentricité que je m’imaginais dans une histoire de yakuzas. Dès les premiers épisodes, Like a Dragon: Yakuza met l’accent sur les relations humaines, notamment celles entre Kiryu et ses amis d’enfance. Cette relation est le cœur battant de l’intrigue, mais malheureusement, elle se révèle bien trop pesante et répétitive sur la longueur. Les dynamiques psychologiques sont sur-exploitées au détriment de l’action et de l’humour. Je ne m'attendais pas à des éclats de comédie à chaque coin de rue, mais l'absence totale de moments plus légers nuit à l’équilibre global de la série. L'une des grandes forces de la série, il faut le reconnaître, est la profondeur des personnages. Kiryu, Nishiki, Yumi et Miho ne sont pas des archétypes plats, mais bien des individus complexes, tiraillés entre leurs aspirations personnelles et les circonstances dramatiques qui les entourent.
Le personnage de Kiryu, en particulier, est magnifiquement interprété par Ryoma Takeuchi, dont la performance habite l’écran et parvient à rendre crédible ses tourments intérieurs. Sa relation avec Nishiki, jouée par Kento Kaku, est également bien développée, et leur amitié qui s’effrite au fil des épisodes est certainement l’une des intrigues les plus intéressantes à suivre. Cependant, cette richesse psychologique a un prix : le rythme. La série peine à maintenir une tension constante. Certains passages sont étonnamment longs, diluant l’impact émotionnel. Par exemple, les scènes qui auraient pu être des moments forts, comme les confrontations entre Kiryu et ses ennemis, sont souvent noyées dans des dialogues interminables qui ralentissent la progression de l’intrigue. En tant que spectateur, je me suis retrouvé à attendre avec impatience un regain d'énergie ou un changement de dynamique qui ne venait que trop rarement.
Il est impossible d’ignorer le manque d'action dans Like a Dragon: Yakuza. Étant donné que la série se concentre sur des personnages de yakuzas, je m'attendais à des scènes de combats stylisées, voire à une forme de spectacle visuel rappelant l’action débridée du cinéma japonais. Hélas, ce n'est pas le cas ici. Les scènes d'action, lorsqu’elles surviennent, manquent de punch et de créativité. Si le dernier épisode relève un peu le niveau avec la confrontation finale, cela arrive trop tard pour compenser l’ennui généré par les épisodes précédents. L'absence totale d'humour est également un point noir. D’après ce que j’ai pu lire à propos des jeux, Yakuza est une franchise qui oscille entre drame intense et humour décalé, ce qui contribue à rendre l'univers si singulier. Or, dans la série, ces moments de légèreté sont absents. Je pense que cette décision de priver l'intrigue de tout humour joue en défaveur de l’ensemble.
Le ton est trop sérieux, trop lourd, ce qui rend les rares moments de tension encore plus pesants, et le spectateur peine à respirer entre deux séquences dramatiques. La réalisation de Masaharu Take (The Naked Director) est correcte, sans être mémorable. Les décors sont réussis, et la reconstitution de Kamurocho, ce quartier fictif inspiré de Kabukicho à Tokyo, est assez immersive. Pourtant, la mise en scène manque d'audace. La caméra suit sagement les personnages, sans jamais surprendre le spectateur avec des choix visuels marquants. Les plans sont fonctionnels, mais rarement inspirés. En tant qu’adaptation, il semble que la série n’ait pas réussi à trouver le bon équilibre entre hommage au jeu vidéo et création originale pour le petit écran. L’un des aspects les plus frustrants de la série est l’intrigue elle-même. Déjà, la décision de raconter l’histoire sur deux temporalités, avec des flashbacks constants, complique inutilement le récit.
Certes, les séries qui jonglent entre passé et présent peuvent réussir à maintenir une intrigue captivante, mais ici, cela ne fait que brouiller les pistes. Le spectateur se perd dans des détails qui semblent sans importance, et les révélations tombent souvent à plat, car mal amenées. Le mystère autour des motivations des personnages n’est pas suffisamment intrigant pour compenser cette confusion narrative. En fin de compte, Like a Dragon: Yakuza s’adresse à un public de niche. Ceux qui apprécient les drames psychologiques très appuyés, où chaque scène est une nouvelle tentative de sonder l’âme humaine, y trouveront peut-être leur compte. Cependant, pour ceux qui espéraient une série d’action plus rythmée, avec un mélange de tension dramatique et de moments plus légers, la déception sera sans doute au rendez-vous.
Personnellement, je ne connaissais pas la franchise avant de regarder la série, et je pense que cela a joué en ma défaveur. Les fans des jeux semblent avoir des attentes différentes, mais même sans ce bagage, il est évident que Like a Dragon: Yakuza ne parvient pas à trouver sa propre voix. Trop de longueurs, trop peu d’action, et surtout une intrigue qui se perd dans ses propres ambitions mélodramatiques. En conclusion, Like a Dragon: Yakuza est une série ambitieuse qui n’arrive pas à exploiter tout son potentiel. Si elle bénéficie d’une belle profondeur dans la caractérisation de ses personnages, le manque d’équilibre entre drame et action, l'absence totale d’humour, et un rythme souvent languissant, la rendent difficile à recommander sans réserve. Les six épisodes peinent à captiver, et si la série peut éventuellement trouver son public, elle risque de rester en marge, ne séduisant ni les fans des jeux vidéo ni les amateurs de séries policières plus dynamiques.
Note : 4/10. En bref, une mini-série ambitieuse et imparfaite qui a tendance à se concentrer sur un mélodrame sans grande saveur au détriment de l’action et l’humour.
Disponible sur Amazon Prime Video
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