Sentinelles : Ukraine (Saison 2, épisodes 1 et 2) : les coulisses intimes du conflit russo-ukrainien

Sentinelles : Ukraine (Saison 2, épisodes 1 et 2) : les coulisses intimes du conflit russo-ukrainien

La série Sentinelles : Ukraine fait son grand retour avec une seconde saison intense qui plonge les téléspectateurs dans les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine. Après une première saison qui nous transportait au Sahel, la série fait un saut géographique et temporel pour explorer les tensions et les bouleversements qui ont secoué le Donbass à l'aube de ce conflit historique. Ce changement de décor marque un tournant dans la série et renouvelle son approche tout en conservant la qualité d'écriture et de réalisation qui avait fait son succès. Dès les premières minutes des deux premiers épisodes, l’immersion est totale. La série place ses personnages au cœur d'une situation des plus critiques, à la fois intime et tragique. Ce choix narratif, qui met en scène des civils venus en Ukraine pour accueillir leurs enfants nés par gestation pour autrui, ajoute une profondeur émotionnelle inédite à l’histoire. 

 

C'est une décision habile qui permet de combiner la dure réalité de la guerre avec une réflexion plus humaine et universelle : celle de la famille et de la fragilité de la vie. Ce contexte rend les événements d'autant plus frappants, car la guerre ne fait pas que perturber des stratégies militaires, elle s’immisce dans la vie privée de ces personnages, à un moment où ils sont particulièrement vulnérables. Le scénario de Sentinelles : Ukraine met en scène une poignée de Français et de Belges qui se retrouvent dans un hôpital du Donbass en février 2022. Ils sont tous là pour des raisons profondément personnelles, réunis dans ce lieu pour un heureux événement : la naissance de leurs enfants par GPA. Cette trame narrative, à la fois singulière et symbolique, permet de confronter des individus qui n'ont jamais été exposés à la guerre, à une réalité brutale qu'ils n'imaginaient qu’à travers des écrans de télévision. 

La juxtaposition de la naissance et de la destruction, du début d’une nouvelle vie et de la menace de mort imminente, est poignante et soulève des questions existentielles fortes. La mise en scène des premiers jours de l’invasion russe est très réussie. Jean-Philippe Amar, déjà salué pour son travail sur la première saison, démontre une nouvelle fois son talent pour capturer l’intensité dramatique sans tomber dans le spectaculaire gratuit. Ici, la guerre est montrée non pas à travers des scènes de combat épiques, mais à travers les yeux de civils déroutés et des militaires tout aussi sidérés. La tension monte graduellement, jusqu’à l’annonce fatidique : « C’est la guerre. » À partir de là, la série bascule dans une atmosphère d'urgence et de chaos. Les spectateurs ne peuvent qu’être happés par cette montée en puissance, et ressentent, à chaque instant, la menace omniprésente qui plane sur ces personnages.

 

Ce qui frappe dans ces premiers épisodes, c'est l'authenticité avec laquelle les scénaristes, Frédéric Krivine et Thibault Valetoux, parviennent à représenter la guerre. Ils n’hésitent pas à montrer les civils comme premières victimes de ce conflit, tout en intégrant des éléments de géopolitique subtilement distillés à travers les dialogues et les interactions des personnages. On sent que chaque ligne, chaque scène, est pensée pour illustrer l’impact global du conflit sur le quotidien des individus, sans pour autant sombrer dans un discours moralisateur ou trop explicatif. Un autre point fort de la série est la justesse des émotions et des interactions humaines. Les personnages, qu’ils soient civils ou militaires, sont confrontés à des choix déchirants. Le lieutenant Anaïs Collet, interprétée avec une intensité remarquable, est au centre de cette tragédie. Elle doit à la fois gérer l’urgence de la situation, protéger sa compagne et les autres civils, tout en restant lucide sur la menace que représente l’avancée des forces russes. 

Ce mélange entre devoir militaire et angoisse personnelle donne lieu à des moments de tension extrême, où chaque décision peut avoir des conséquences dramatiques. Ce qui ressort également, c'est le contraste saisissant entre les deux théâtres d’opérations. Là où la première saison se déroulait dans la chaleur accablante du Sahel, Sentinelles : Ukraine s’installe dans un décor hivernal glacial. Le froid, omniprésent, devient presque un personnage à part entière, accentuant la rudesse de la situation et le sentiment de vulnérabilité des protagonistes. Ce changement climatique n’est pas qu’une toile de fond ; il souligne également la différence de contexte stratégique et humain entre ces deux guerres, tout en rappelant que la guerre, où qu'elle soit, reste d'une cruauté sans égale. Visuellement, la série parvient à capter l’essence de ce conflit naissant : des paysages enneigés, des bâtiments en ruines, des visages marqués par la peur. Rien n’est exagéré, et c’est sans doute cette sobriété qui rend le tout si percutant.

 

Il est aussi intéressant de noter que la série s'intéresse à des thématiques plus larges que la simple représentation de la guerre. La gestation pour autrui, qui occupe une place centrale dans ces premiers épisodes, est traitée avec beaucoup de sensibilité. Loin de vouloir créer une polémique, Sentinelles aborde cette question sous un angle profondément humain, en montrant les espoirs et les doutes des parents, mais aussi la complexité morale et éthique de cette pratique, surtout dans un contexte de guerre. Cela donne à la série une dimension supplémentaire, qui dépasse largement le cadre d'un simple drame militaire. En conclusion, Sentinelles : Ukraine se révèle être une œuvre poignante, qui parvient à renouveler son propos tout en restant fidèle à l’esprit de la première saison. Les deux premiers épisodes sont d’une intensité rare, mêlant habilement tension dramatique, réflexion sur les enjeux humains de la guerre, et profondeur émotionnelle. 

Loin des clichés sur le conflit, la série réussit à capturer la fragilité de l’existence humaine face à la violence brute, tout en offrant des moments de grâce et de réflexion sur ce qui fait de nous des êtres vulnérables, mais résilient. Si la suite est à la hauteur de ce début prometteur, cette saison 2 de Sentinelles pourrait bien s’imposer comme l’une des meilleures séries sur la guerre contemporaine de ces dernières années.

 

Note : 7/10. En bref, plongée poignante entre tension et intime aux débuts du conflit entre la Russie et l’Ukraine dans le Donbass. 

La première saison de Sentinelles se déroulait au Mali. La série était produite pour OCS. Depuis, OCS a été racheté par le groupe Canal+ qui a commandé une saison 2 se déroulant en Ukraine. 

 

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