19 Novembre 2024
Dès que j’ai commencé Where’s Wanda, une série en huit épisodes, je dois avouer que mes attentes étaient modestes. Pourtant, cette comédie noire s’est révélée être une véritable surprise, captivante et pleine de mystères. Centrée sur la disparition de Wanda, une adolescente de 17 ans, et les efforts désespérés de ses parents, Carlotta et Dedo, pour la retrouver, la série propose une intrigue aussi amusante que troublante. Chaque épisode agit comme un chapitre distinct, dévoilant de nouvelles facettes de leur petite ville et ses habitants tout en multipliant les indices sur ce qui est arrivé à Wanda. Soyons honnêtes : le premier épisode n’est pas parfait. Trop léger, presque cliché, il donne l’impression d’une série allemande moyenne, loin du potentiel qu’on connaît à ce pays en matière de production télévisuelle. Les 20 premières minutes manquent de mordant, oscillant entre la caricature et un humour un peu trop sage.
Heureusement, un twist bien amené à la fin de cet épisode pose les bases d’un mystère bien plus complexe qu’il n’y paraît. Le véritable potentiel de la série éclate au grand jour dès le deuxième épisode. Avec un rythme mieux maîtrisé et une narration qui joue habilement sur deux temporalités – la journée de la disparition de Wanda et le présent –, la série nous entraîne dans un récit à tiroirs. Chaque épisode apporte des révélations, parfois subtiles, qui remettent en question nos certitudes. Ce procédé rend l’ensemble captivant : il devient difficile de ne pas enchaîner les épisodes, même avec les cliffhangers frustrants qui clôturent presque chaque chapitre. Le duo parental formé par Carlotta et Dedo est indéniablement le cœur de la série. Carlotta, mère déterminée et pleine de ressources, incarne la force et l’intelligence dans cette quête désespérée.
Son mari, Dedo, plus décontracté mais tout aussi investi, apporte une touche de légèreté bienvenue. Leur complicité et leur volonté de contourner les règles pour retrouver leur fille sont autant de moments touchants que drôles. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Parmi eux, la détective Rauch se démarque par son sérieux et son pragmatisme. Elle agit comme un contrepoids aux méthodes parfois chaotiques de Carlotta et Dedo. Chaque personnage croisé au fil des épisodes ajoute une pièce au puzzle de la disparition de Wanda, tout en étoffant l’univers de la série. Même si certains critiques reprochent un manque d’attachement au personnage de Wanda elle-même – perçue comme antipathique dans ses rares scènes –, je trouve que cela sert plutôt l’intrigue. En mettant l’accent sur les parents et leur entourage, la série nous pousse à ressentir leur douleur, leur frustration et leur détermination, plutôt que de s’appesantir sur une figure absente.
L’un des aspects les plus séduisants de Where’s Wanda est sa capacité à jouer avec les attentes du spectateur. La série donne régulièrement l’impression que nous disposons de toutes les cartes, avant de dévoiler un détail crucial qui change complètement la perspective. Cette approche, où l’on se sent parfois manipulé en tant que spectateur, est audacieuse et maintient l’intérêt tout au long de la saison. Ce jeu avec la narration est particulièrement marqué dans l’épisode 7, qui compare l’enquête sur la disparition de Wanda à la structure d’un bon roman policier : une histoire solide, de nombreux personnages et des intrigues interconnectées qui se résolvent de manière satisfaisante. Certes, tout n’est pas parfait – quelques choix scénaristiques paraissent discutables, et certaines situations défient la crédibilité –, mais l’ensemble tient la route grâce à un équilibre entre suspense, humour et émotion.
La série aborde avec finesse des thèmes universels tels que les relations familiales, la perte, l’amitié, la solitude et même la sexualité. Ces sujets sont traités avec une légèreté apparente, mais un fond sincère qui rend les personnages et leurs dilemmes d’autant plus humains. Where’s Wanda ne se contente pas d’être une comédie noire : elle explore aussi les méandres des relations humaines avec un regard à la fois acéré et bienveillant. D’un point de vue esthétique, la série n’est pas en reste. La direction artistique, les costumes et même le choix de la musique – le générique d’ouverture, « Mania » d’Alice Merton, est particulièrement accrocheur – contribuent à créer une ambiance unique, à la fois contemporaine et intemporelle. La langue allemande elle-même, parfois perçue comme une barrière par certains spectateurs, ajoute une touche d’authenticité qui sert l’histoire.
Le dernier épisode de la saison, sans en révéler les détails, est un tour de force. La série boucle plusieurs arcs narratifs tout en laissant suffisamment de questions ouvertes pour susciter une attente fébrile de la suite. C’est le genre de final qui donne envie d’appeler immédiatement Apple TV+ pour leur demander de renouveler la série – car elle le mérite amplement. En résumé, Where’s Wanda est bien plus qu’un simple divertissement. C’est une série qui sait surprendre, émouvoir et faire rire, tout en explorant des thèmes profonds. Malgré quelques faiblesses – notamment un début un peu maladroit et des raccourcis scénaristiques occasionnels –, elle réussit à maintenir un équilibre délicat entre mystère, comédie et émotion. Si vous cherchez une série à la fois légère et intrigante, avec une touche de folie et des personnages mémorables, Where’s Wanda est un excellent choix.
Et si, comme moi, vous êtes curieux de voir ce que la télévision allemande peut offrir de mieux, cette série est une belle porte d’entrée. J’espère sincèrement que la série aura droit à une deuxième saison. Non seulement pour répondre aux questions laissées en suspens, mais aussi pour retrouver ces personnages qui m’ont marqué bien plus que je ne l’aurais imaginé. Apple TV+, il ne vous reste plus qu’à nous convaincre que vous croyez autant en Where’s Wanda que ses fans.
Note : 7.5/10. En bref, une comédie noire sous forme d’enlèvement dans une petite banlieue allemande réussie.
Disponible sur Apple TV+
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