17 Décembre 2024
Canadian, Sniper // De Michel Kandinsky. Avec François Arnaud, Lothaire Bluteau et Sophie Desmarais.
Certains films laissent une impression durable, qu’elle soit positive ou négative. Canadian, Sniper, le dernier long-métrage de Michel Kandinsky, s’inscrit malheureusement dans la seconde catégorie. Bien qu’il ambitionne d’être une plongée psychologique dans la vie d’un ancien militaire souffrant de stress post-traumatique (SPT), le film peine à captiver. Malgré des intentions louables et une performance correcte de François Arnaud, l’ensemble manque cruellement de rythme, d’émotion et de profondeur. Avec un titre comme Canadian, Sniper, il serait légitime de s’attendre à un thriller militaire ou à une œuvre chargée de tension dramatique. Or, Kandinsky choisit une approche bien différente : celle d’un drame introspectif.
Alors qu’il tente de se réinsérer pacifiquement dans la vie civile, un tireur d’élite de l’armée a du mal à discerner la réalité de l’incertitude obsédante du syndrome de stress post-traumatique.
Si l’idée de se concentrer sur les séquelles psychologiques de la guerre est pertinente et potentiellement émouvante, le résultat est loin d’être à la hauteur. La mise en scène terne, presque désincarnée, échoue à exploiter le potentiel narratif de cette histoire. Le protagoniste, un ancien tireur d’élite sans nom (interprété par François Arnaud), rentre dans sa petite ville natale au Canada après avoir servi en Afghanistan. Rongé par le SPT, il tente tant bien que mal de reconstruire sa vie tout en cherchant des réponses sur la disparition de son père. Si ce synopsis pouvait ouvrir la voie à une réflexion poignante sur les cicatrices invisibles de la guerre, le film tombe dans une lenteur narrative frustrante. Les événements s’enchaînent mollement, sans jamais parvenir à captiver l’attention.
L’un des plus grands problèmes de Canadian, Sniper est son incapacité à maintenir l’intérêt. La lenteur du récit, combinée à une réalisation trop académique, confère au film un caractère ennuyeux. Certaines scènes s’éternisent sans raison apparente, comme si Kandinsky voulait étirer chaque instant pour en extraire une profondeur qui, au final, n’existe pas. Les flashbacks sur le passé militaire du personnage, pourtant essentiels pour comprendre son état mental, sont insuffisamment exploités et manquent d’impact visuel ou émotionnel. De même, les moments supposés illustrer la confusion mentale du héros ou la frontière floue entre ses souvenirs et la réalité tombent à plat. Kandinsky semble incapable de transmettre la tension psychologique nécessaire pour faire ressentir au spectateur la détresse intérieure du protagoniste.
Le résultat est une expérience distante, presque froide, qui empêche toute immersion. Si le film évite de sombrer totalement, c’est en grande partie grâce à François Arnaud, qui s’efforce de donner vie à ce personnage torturé. Dans le rôle de cet ancien sniper, il parvient à exprimer une certaine vulnérabilité malgré un scénario qui lui offre peu de matière. Par son langage corporel et ses silences pesants, Arnaud traduit la douleur contenue et l’isolement de son personnage. Cependant, même son interprétation ne suffit pas à sauver le film de sa fadeur. Le problème réside surtout dans l’écriture du personnage principal. Alors qu’il aurait pu être fascinant de creuser son ambivalence – un homme formé à tuer mais aspirant à une vie paisible –, Canadian, Sniper le réduit à une figure stoïque et monotone.
À plusieurs reprises, les décisions du personnage manquent de logique ou de profondeur psychologique, ce qui rend difficile toute empathie ou attachement. Visuellement, le film ne parvient pas non plus à impressionner. Les paysages canadiens, qui auraient pu être utilisés pour renforcer l’atmosphère ou refléter l’état d’esprit du protagoniste, sont filmés de manière plate et sans imagination. Kandinsky opte pour une palette de couleurs ternes, peut-être pour illustrer la mélancolie du héros, mais cela ne fait qu’accentuer la monotonie générale de l’œuvre. Les rares scènes d’action ou de confrontation manquent cruellement d’énergie et d’intensité. Par exemple, une séquence impliquant une altercation dans un bar – qui aurait pu offrir un moment clé de tension dramatique – est expédiée sans véritable impact.
De même, les scènes censées montrer les crises de SPT du héros sont traitées de manière mécanique, presque désintéressée, ce qui réduit leur pouvoir émotionnel. L’une des intentions du film semble être de dénoncer l’isolement des anciens combattants et les stigmates invisibles du SPT. C’est un sujet pertinent et nécessaire, mais Canadian, Sniper ne réussit pas à lui rendre justice. En voulant trop insister sur la sobriété et la retenue, Kandinsky finit par étouffer toute forme de pathos ou de connexion émotionnelle. Le spectateur reste à distance, incapable de ressentir pleinement la douleur ou les dilemmes du protagoniste. De plus, la sous-intrigue autour de la disparition du père du personnage, qui aurait pu être un fil conducteur intéressant, est traitée de manière superficielle.
Plutôt que d’apporter un éclairage supplémentaire sur le héros ou sur son passé, cette quête semble être un prétexte pour justifier certains actes du personnage, sans véritable résonance dramatique. En conclusion, Canadian, Sniper est une œuvre qui, malgré ses ambitions, ne parvient pas à convaincre. La performance honnête de François Arnaud ne suffit pas à compenser une réalisation fade, un scénario sans relief et une incapacité à exploiter la richesse thématique de son sujet. Ce qui aurait pu être un drame psychologique captivant se transforme en un film long et laborieux, qui laisse un arrière-goût de frustration. Si certains spectateurs pourraient trouver dans le jeu d’Arnaud une raison de s’y attarder, je ne peux m’empêcher de penser que Canadian, Sniper est avant tout une opportunité manquée. Avec un tel sujet, il y avait matière à offrir une expérience intense et marquante.
Note : 2/10. En bref, un portrait fade et frustrant d’un vétéran tourmenté. Michel Kandinsky semble s’être perdu en chemin, livrant un film aussi fade que son protagoniste. Pour ma part, l’ennui ressenti face à cette œuvre m’a laissé plus que dubitatif.
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