16 Décembre 2024
La fiction apocalyptique a toujours exercé un certain attrait sur les spectateurs. Ces récits captivent par leur capacité à mélanger tensions dramatiques, enjeux humains et visions catastrophiques spectaculaires. Avec La Palma, cette mini-série en quatre épisodes, l’objectif semblait clair : offrir une aventure haletante autour d’un cataclysme naturel. Malheureusement, le résultat final n'est qu'une promesse non tenue. Bien que dotée d'un concept intrigant et de quelques moments visuellement impressionnants, La Palma échoue à exploiter pleinement son potentiel. Le premier épisode pose les bases avec une certaine efficacité. Il présente les protagonistes, introduit un contexte géologique inquiétant et insuffle une tension latente.
Une famille de touristes norvégiens est surprise par une grande éruption volcanique sur les îles Canaries habituellement idylliques. Soudain, ils doivent se battre pour leur vie , entre les cendres toxiques et la lave, pour se mettre en sécurité avant d’être frappés par le plus grand tsunami que le monde ait jamais vu.
La mise en scène initiale laissait entrevoir une série captivante, notamment avec les dangers imminents liés à l’activité volcanique et au tsunami annoncé. Mais cet élan narratif s’effondre dès le deuxième épisode. Au lieu de se concentrer sur les périls qui guettent, la série s’embourbe dans des arcs secondaires inutiles, où les dilemmes sentimentaux et familiaux prennent un espace disproportionné. Ces intrigues manquent de profondeur et tombent souvent dans le cliché, ce qui mine l’intérêt pour les personnages. L’un des points les plus agaçants de La Palma réside dans la manière dont les personnages agissent face à la catastrophe. Leurs décisions défient toute logique. À plusieurs reprises, les protagonistes quittent des lieux sûrs ou prennent des risques absurdes, non pas par nécessité, mais pour créer artificiellement du suspense.
Cette écriture maladroite finit par exaspérer plutôt que d’immerger. L’exemple le plus frappant est cette obsession étrange des personnages à vouloir fuir l'île, malgré des avertissements clairs sur les zones réellement menacées. Alors que rester sur place aurait été la décision la plus sensée, ils s’entêtent dans une fuite chaotique qui aggrave leur situation. Ces comportements illogiques s'accumulent au fil des épisodes, rendant toute empathie envers les protagonistes impossible. Plutôt que de se concentrer sur les implications scientifiques ou humaines d'une telle catastrophe, La Palma accorde une place excessive à des drames familiaux convenus et peu captivants. Les conflits entre membres de la famille principale, loin d'enrichir l’histoire, la ralentissent considérablement.
Ces moments censés être émouvants tombent souvent à plat, car les personnages manquent de profondeur. Leur écriture stéréotypée et leur manque d’évolution rendent leurs dilemmes personnels ennuyeux et, parfois, insupportables. Les scènes de disputes ou de réconciliations forcées finissent par sembler déconnectées de l’urgence apocalyptique environnante. Côté visuel, La Palma a ses moments de brillance. Les scènes de l’éruption volcanique et du tsunami sont impressionnantes, offrant un spectacle grandiose qui justifie en partie l’attente. Cependant, ces séquences sont trop rares et trop courtes pour compenser les nombreuses longueurs de la série. La tension visuelle que ces scènes devraient apporter est diluée par l’omniprésence des intrigues secondaires inutiles.
Ce déséquilibre laisse un goût amer : les spectateurs espèrent des moments spectaculaires, mais ceux-ci restent anecdotiques dans une trame dominée par un drame peu engageant. L’un des aspects les plus problématiques de La Palma est sa gestion des enjeux géographiques et humains liés à la catastrophe. La série semble étrangement focalisée sur les répercussions potentielles aux États-Unis, situé à des milliers de kilomètres, tout en ignorant presque totalement les conséquences locales. Cela crée une dissonance narrative majeure. Pourquoi accorder si peu d’attention aux habitants de La Palma ou des pays voisins comme le Maroc, pourtant bien plus directement menacés ? Cette omission donne l’impression que les vies locales sont reléguées au second plan, transformées en simples accessoires pour une intrigue centrée sur des perspectives plus "globales".
La conclusion de La Palma est à la fois frustrante et déroutante. Alors que des dizaines de milliers de vies sont supposément perdues, la série termine sur un ton presque joyeux, mettant en scène des personnages qui semblent avoir oublié l’ampleur de la tragédie. Ce contraste entre la gravité des événements et l’attitude désinvolte des survivants souligne un problème fondamental : une incapacité à traiter les enjeux émotionnels et moraux de manière crédible. Cette déconnexion finale laisse un arrière-goût amer, donnant l’impression que la série n’a pas su comprendre ni exploiter l’impact émotionnel qu’un tel désastre aurait dû provoquer. En fin de compte, La Palma aurait peut-être mieux fonctionné sous forme de film. La mini-série étire inutilement son récit avec des scènes de remplissage qui affaiblissent le rythme global.
Une version condensée aurait permis d’éliminer les intrigues superflues et de se concentrer sur l’essentiel : la catastrophe et ses répercussions. Les moments forts auraient gagné en intensité, et le spectateur aurait été moins distrait par les digressions inutiles. Avec un scénario resserré et un développement des personnages plus précis, le potentiel de La Palma aurait pu être pleinement exploité. La Palma avait tout pour réussir : un cadre intrigant, des phénomènes naturels impressionnants et une opportunité de raconter une histoire humaine face à l’inconnu. Malheureusement, le résultat final ne parvient pas à convaincre. Entre des personnages mal écrits, des intrigues secondaires superficielles et une gestion maladroite de son sujet, la série s’égare et laisse une impression d’inachevé.
Pour les amateurs de fictions apocalyptiques, il reste une certaine satisfaction visuelle, mais celle-ci ne suffit pas à compenser les nombreuses faiblesses de la série. Si Netflix envisage d’autres projets dans ce genre, il serait judicieux de s’appuyer sur des formats plus adaptés et des récits mieux maîtrisés. La Palma restera, pour ma part, une occasion manquée.
Note : 3/10. En bref, en dehors du premier épisode c’est crétin à souhait.
Disponible sur Netflix
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