Critique Ciné : Monster on a Plane : Y a-t-il un monstre dans l’avion ? (2025, direct to myCanal)

Critique Ciné : Monster on a Plane : Y a-t-il un monstre dans l’avion ? (2025, direct to myCanal)

Monster on a Plane : Y a-t-il un monstre dans l’avion ? // De Ezra Tsegaye. Avec Eva Habermann, Robin Czerny et Philippe Brenninkmeyer.

 

Les films d’horreur à petit budget ont souvent le don d’attirer les spectateurs en quête de curiosités cinématographiques, surtout lorsqu’ils s’aventurent dans des concepts aussi improbables qu’amusants. Avec un titre comme Monster on a Plane, Ezra Tsegaye annonce la couleur dès le départ. Ce n’est pas un film qui joue la carte de la subtilité, mais un divertissement qui s’assume comme une comédie horrifique délirante. Malheureusement, le résultat final, bien qu’agréable à regarder dans un certain état d’esprit, peine à convaincre par sa réalisation brouillonne et ses ambitions limitées. Il est difficile de ne pas penser immédiatement à Des Serpents dans l’Avion en découvrant Monster on a Plane.

 

Un professeur ramène clandestinement à bord d’un vol commercial une créature mystérieuse provenant d’une contrée lointaine. Mais lorsque l’avion traverse de violentes turbulences, la bête se réveille et se met à attaquer les passagers…

 

L’idée d’un huis clos aérien où une menace sème la panique à bord n’est pas nouvelle, mais elle reste efficace lorsqu’elle est bien exploitée. Ici, le réalisateur allemand Ezra Tsegaye reprend ce principe et y ajoute un monstre doté de particularités étranges, comme la capacité de provoquer des hallucinations avec ses flatulences. Ce détail, aussi absurde soit-il, résume parfaitement l’approche du film : un mélange d’humour décalé et d’horreur volontairement exagérée. Le problème, cependant, est que Monster on a Plane n’apporte pas grand-chose de nouveau. L’histoire tient sur un fil : un scientifique irresponsable transporte en secret une créature dangereuse à bord d’un avion à destination de Berlin. 

 

Comme on pouvait s’y attendre, la créature s’échappe lors de turbulences et déclenche une série de massacres parmi les passagers. Ce scénario aurait pu être la base d’un film drôle et rythmé, mais il manque ici une véritable vision pour transformer cette idée en expérience mémorable. Le manque de moyens est évident dès les premières minutes du film, et cela impacte fortement l’immersion. L’action commence sur une île prétendument exotique, mais qui ressemble davantage à une forêt banale agrémentée de quelques palmiers numériques. Ces effets spéciaux grossiers posent immédiatement le ton : Monster on a Plane est un film qui ne prend pas ses décors au sérieux, et encore moins ses spectateurs.

 

Les scènes à bord de l’avion sont légèrement plus crédibles, mais là encore, on sent les limites du budget. L’intérieur de l’appareil manque de réalisme, et les plans extérieurs animés par ordinateur sont à peine acceptables. Ces choix de production donnent au film un aspect amateur qui aurait pu être charmant s’il avait été accompagné d’une narration plus solide. Mais en l’état, il est difficile de ne pas voir ces défauts comme des distractions qui empêchent le spectateur de s’investir pleinement dans l’histoire. Un autre problème majeur réside dans les performances des acteurs. Bien que certains films d’horreur de série B compensent leurs faiblesses techniques par des interprétations charismatiques, ce n’est malheureusement pas le cas ici. 

 

La majorité des acteurs livrent des performances si exagérées ou désintéressées qu’il est difficile de croire à leurs personnages. Même Eva Habermann, qui possède pourtant une certaine expérience dans le cinéma de genre (Sky Sharks), semble ici sous-exploitée. Les dialogues n’arrangent rien. Trop souvent, les personnages s’engagent dans des échanges inutiles qui n’apportent rien à l’intrigue. Les tentatives d’humour tombent à plat, et les interactions manquent de naturel. Cette faiblesse rend les moments censés être dramatiques ou effrayants complètement inopérants, car il est impossible de s’attacher ou même de s’intéresser aux personnages. Le véritable attrait de Monster on a Plane réside dans sa créature. 

 

Visuellement, elle rappelle les Critters, ces petits monstres poilus des années 80 et au fond on sent que le réalisateur est ici fan tant elle ressemble aux Critters comme deux gouttes d’eau. Elle évolue également au fil du film, passant d’un simple gnome malicieux à une sorte de plante carnivore géante. Ce design rétro et ludique est sans doute le point fort du film. Certaines séquences, où la créature interagit avec ses victimes, évoquent une nostalgie pour les films d’horreur pratiques d’antan. Cependant, cette réussite partielle est gâchée par une exploitation médiocre du monstre. Au lieu de créer des scènes tendues ou des affrontements mémorables, le film se contente de montrer la créature errer dans des décors mal éclairés, sans véritable enjeu. 

 

Même les attaques, censées être le point culminant de ces moments, manquent de dynamisme. Les effets spéciaux numériques, souvent bâclés, réduisent l’impact des scènes sanglantes. Bien que certains maquillages soient convaincants, comme des visages dévorés, ces réussites sont trop rares pour compenser le reste. Le choix de traiter Monster on a Plane comme une comédie horrifique est compréhensible, mais il est mal exécuté. Le film ne parvient jamais à trouver un juste équilibre entre humour et horreur. Les blagues, bien qu’intentionnellement absurdes, tombent souvent à plat, tandis que les moments censés être effrayants manquent de tension. Ce ton hésitant donne l’impression d’un film qui ne sait pas ce qu’il veut être.

 

De plus, le rythme est problématique. Après un début prometteur, l’intrigue s’essouffle rapidement. De longues périodes de dialogues inutiles ralentissent l’action, et les scènes censées relancer l’intérêt ne parviennent pas à convaincre. À mesure que le film avance, on a l’impression qu’il s’enlise dans sa propre absurdité, sans jamais parvenir à offrir une véritable montée en puissance. Malgré ses nombreux défauts, Monster on a Plane peut avoir une certaine valeur pour les amateurs de films de série B. Ceux qui apprécient les productions volontairement absurdes et mal réalisées, comme celles du studio The Asylum, pourraient y trouver leur compte. Certaines scènes, notamment celles tournées sur fond vert ou les moments où le monstre utilise son « attaque par hallucination », frisent le ridicule au point d’en devenir drôles. 

 

Mais pour cela, il faut regarder le film avec un certain état d’esprit, prêt à rire des maladresses plutôt qu’à s’en agacer. Monster on a Plane est un film qui s’adresse à une niche très spécifique de spectateurs. Ceux qui cherchent un divertissement horrifique sérieux ou un scénario bien construit risquent d’être profondément déçus. Les décors artificiels, les performances médiocres et l’humour mal dosé font de ce film une expérience frustrante. Cependant, pour les amateurs de cinéma trash et décomplexé, ce long-métrage pourrait constituer une curiosité amusante à regarder entre amis. La créature, malgré son potentiel sous-exploité, apporte une touche de charme rétro qui évoque les classiques des années 80. 

 

Note : 3.5/10. En bref, un film de monstre qui décolle difficilement. Monster on a Plane reste une œuvre limitée, qui peine à décoller et s’écrase bien avant d’atteindre sa destination. Elle vaut le coup pour son hommage clairement assumé aux Critters.

Sorti directement sur myCanal

 

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