25 Janvier 2025
Star Trek: Section 31 // De Olatunde Osunsanmi. Avec Michelle Yeoh, Omari Hardwick et Kacey Rohl.
Lorsqu’un nouveau projet portant le nom Star Trek est annoncé, il est difficile de ne pas ressentir une pointe d’excitation, mêlée d’espoir. La franchise, qui a marqué plusieurs générations de spectateurs, représente plus qu’un simple univers de science-fiction : c’est un espace de réflexion sur l’humanité, ses valeurs, et son avenir. Malheureusement, avec Star Trek : Section 31, cette promesse semble avoir été oubliée. Ce film, qui aurait pu offrir un regard captivant sur l’organisation secrète de la Fédération, s’égare dans un mélange maladroit de clichés et de décisions créatives discutables.
L'impératrice Philippa Georgiou rejoint une division secrète de Starfleet. Chargée de protéger la Fédération des planètes unies, elle doit également faire face aux péchés de son passé.
L’un des plus grands reproches à faire à Star Trek : Section 31 est son scénario. Plutôt que d’explorer en profondeur les intrigues et dilemmes moraux qu’une organisation comme Section 31 pourrait offrir, le film préfère s’engager dans des scènes d’action sans âme et des rebondissements prévisibles. Il manque une véritable réflexion, pourtant caractéristique des productions Star Trek. La Section 31, déjà évoquée dans les séries Deep Space Nine ou Discovery, est connue pour ses missions sombres et ses décisions éthiquement ambiguës. Pourtant, ici, elle devient une simple excuse pour multiplier les explosions et les effets spéciaux, sans véritable cohérence ou tension dramatique.
À aucun moment, le film ne parvient à capturer ce qui aurait pu rendre cet angle de l’univers Star Trek passionnant. Les personnages de Star Trek : Section 31 souffrent d’un manque flagrant de développement. Chacun d’eux semble réduit à une fonction ou à un trait caricatural, sans profondeur ni complexité. Ce problème est particulièrement visible avec les aliens introduits dans le film : bien que leurs designs soient intéressants, ils se résument à des capacités spéciales simplistes, sans que leur culture ou leurs motivations ne soient réellement explorées. Michelle Yeoh, pourtant une actrice talentueuse, fait de son mieux dans le rôle de Philippa Georgiou. Mais même son charisme ne suffit pas à sauver un personnage écrit de manière unidimensionnelle.
Le film échoue à lui donner un véritable opposant moral ou une dynamique intéressante, la privant ainsi de ce qui rendait son rôle fascinant dans Discovery. Sans cette opposition, son arrogance et son cynisme deviennent lassants, voire irritants. La direction du film pose également problème. Les choix esthétiques et narratifs donnent parfois l’impression d’être devant un téléfilm à gros budget, plutôt qu’un long-métrage censé enrichir l’univers de Star Trek. Les scènes d’action, bien que nombreuses, manquent d’originalité et de tension. Elles semblent plus intéressées par l’accumulation d’effets spéciaux que par la narration. Le réalisateur, connu pour son travail sur Star Trek : Discovery, semble répéter les mêmes erreurs.
Plutôt que de chercher à approfondir les thématiques chères à la franchise, il s’appuie sur des recettes superficielles qui ne rendent pas justice à l’héritage de Star Trek. Le film donne ainsi l’impression de trahir l’esprit de la saga, en oubliant que celle-ci a toujours été plus qu’une simple série de batailles spatiales. L’un des aspects les plus frustrants de Star Trek : Section 31 est qu’il ne semble pas justifier son existence. Le film n’apporte rien de nouveau ou de significatif à la mythologie Star Trek. Les fans qui espéraient une exploration approfondie des zones d’ombre de la Fédération seront déçus, car le film évite soigneusement tout débat ou questionnement moral.
De plus, le lien avec l’univers Star Trek paraît souvent artificiel. À part quelques mentions de Starfleet et des vaisseaux spatiaux, le film pourrait tout aussi bien être une production indépendante. Cette déconnexion est aggravée par des choix scénaristiques qui ne tirent pas parti du cadre riche et complexe de la franchise. Avec une durée d’à peine 95 minutes, le film peine à installer une intrigue cohérente et des personnages mémorables. Tout semble précipité, comme si le scénario avait été conçu pour une série télévisée, mais compressé en un format de film. Ce rythme effréné empêche toute construction émotionnelle ou réflexion. Le résultat est une expérience frustrante, où les événements s’enchaînent sans laisser le temps aux spectateurs de s’investir.
Les enjeux, pourtant cruciaux pour l’univers, paraissent anecdotiques, car ils ne sont jamais suffisamment développés. Malgré tous ses défauts, Star Trek : Section 31 n’est pas dépourvu de qualités. Le film bénéficie d’une esthétique correcte, avec des décors et des costumes qui respectent l’esprit visuel de la franchise. Les scènes se déroulant dans l’espace, bien qu’elles manquent d’impact narratif, restent agréables à regarder. Michelle Yeoh, même sous-exploitée, parvient à insuffler une certaine énergie au film. Sa présence à l’écran est l’un des rares éléments qui maintiennent l’intérêt. Mais cela ne suffit pas à sauver un projet qui semble condamné dès ses premières minutes.
En tant que fan de Star Trek, il est difficile de ne pas ressentir une certaine tristesse face à ce film. Star Trek a toujours été une franchise ambitieuse, explorant des thèmes complexes à travers des récits intelligents. Section 31, en revanche, s’apparente à une tentative de blockbuster générique, sans âme ni substance. L’échec du film réside non seulement dans son incapacité à capturer l’esprit de la saga, mais aussi dans son refus de prendre des risques ou d’apporter quelque chose de nouveau. Cela ressemble davantage à un produit conçu pour remplir un catalogue de streaming qu’à une véritable œuvre cinématographique. Star Trek : Section 31 est un exemple frappant des pièges dans lesquels une franchise bien-aimée peut tomber.
En tentant d’élargir son public avec des effets spéciaux tape-à-l’œil et un humour simpliste, le film oublie ce qui a fait le succès de Star Trek : des histoires qui défient l’intellect et interrogent la nature humaine. Pour ceux qui aiment la franchise, ce film risque de représenter une déception. Il ne parvient ni à honorer l’héritage de Star Trek, ni à proposer une expérience satisfaisante en tant que long-métrage indépendant. Espérons que les futurs projets de la saga sauront tirer les leçons de cet échec et retrouver ce qui fait l’essence de Star Trek.
Note : 1/10. En bref, qu’est-ce que c’est que cette merde ? Un point pour Michelle Yeoh.
Sorti le 24 janvier 2025 directement sur Paramount+
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