Critique Ciné : Strange Darling (2025, direct to SVOD)

Critique Ciné : Strange Darling (2025, direct to SVOD)

Strange Darling // De J.T. Mollner. Avec Willa Fitzgerald, Kyle Gallner et Barbara Hershey.

 

Strange Darling, le dernier film écrit et réalisé par JT Mollner, est une véritable pépite cinématographique pour les amateurs de thrillers complexes et déroutants. À mi-chemin entre un hommage au cinéma classique et une expérimentation visuelle audacieuse, ce film chamboule les attentes du spectateur avec une narration non linéaire, des performances magistrales et une esthétique visuelle marquante. Mais qu’est-ce qui rend ce thriller si unique et captivant ? Dès les premières minutes, Strange Darling impose un ton et un style visuel qui saisissent immédiatement. 

 

Un homme poursuit une femme pour des raisons mystérieuses. Une journée dans la vie amoureuse d’un tueur en série.

 

Le film s’ouvre sur une scène de course-poursuite haletante : une femme ensanglantée, simplement appelée The Lady (interprétée par Willa Fitzgerald), tente désespérément d’échapper à un homme menaçant surnommé The Demon (Kyle Gallner). À ce stade, tout semble simple. Pourtant, cette apparente simplicité se révèle rapidement être un leurre. La structure du film, découpée en six chapitres présentés dans un ordre non chronologique, invite le spectateur à reconstituer le puzzle. Cette approche narrative rappelle les œuvres de Tarantino, notamment Pulp Fiction, mais s’inscrit également dans une tradition de thrillers psychologiques jouant sur les perceptions et les attentes. 

 

Chaque chapitre dévoile une nouvelle pièce du puzzle tout en semant le doute sur ce que l’on croyait acquis. Cet effet de surprise constant est à la fois exaltant et déstabilisant, car le film n’hésite pas à manipuler son public pour lui offrir des révélations explosives. Un des points forts de Strange Darling réside dans sa photographie époustouflante. Tourné entièrement en 35 mm, le film se distingue par une esthétique granuleuse et vibrante qui donne à chaque image une profondeur et une intensité singulières. Giovanni Ribisi, connu principalement comme acteur, s’impose ici comme un talent exceptionnel derrière la caméra. 

 

Ses choix de cadrages et d’éclairages transforment chaque scène en un tableau vivant, où les couleurs éclatantes contrastent brutalement avec la violence omniprésente. Les jeux de lumière, souvent teintés de néons rouges et bleus, amplifient la tension dramatique. Ces visuels, à la fois séduisants et oppressants, renforcent l’impact émotionnel des scènes les plus marquantes. Ribisi et Mollner semblent prendre un plaisir manifeste à explorer toutes les possibilités offertes par ce médium, multipliant les effets stylistiques, comme les plans en dioptrie divisée qui rappellent Brian De Palma. Le succès de Strange Darling repose en grande partie sur les performances remarquables de ses deux acteurs principaux. 

 

Willa Fitzgerald livre une interprétation à couper le souffle dans un rôle exigeant qui demande une maîtrise parfaite de l’ambiguïté. Elle incarne The Lady avec une intensité qui captive et déstabilise, jouant habilement sur les nuances de son personnage. De son côté, Kyle Gallner, qui s’était déjà distingué par son rôle dans The Passenger, est tout aussi impressionnant en incarnant un antagoniste mystérieux et imprévisible. Les interactions entre ces deux personnages, alimentées par des dialogues percutants et des silences lourds de sens, constituent le cœur du film. Chacun d’eux joue avec les perceptions du spectateur, brouillant constamment les lignes entre victime et bourreau. 

 

Cette dynamique alimente une réflexion sur les rôles de genre et les rapports de pouvoir, des thématiques que JT Mollner explore avec audace et subtilité. Si l’esthétique et la narration de Strange Darling séduisent, elles peuvent également provoquer une certaine fatigue chez le spectateur. La narration fragmentée, bien que captivante, demande une attention soutenue et peut donner l’impression, à certains moments, que le film mise davantage sur son style que sur sa substance. De plus, la seconde moitié du film, où les mystères s’éclaircissent, perd un peu de l’énergie effrénée qui caractérise le début.

 

Cependant, il serait injuste de réduire Strange Darling à une simple démonstration de style. Le film sait récompenser les spectateurs patients avec des moments de pure tension et des rebondissements inattendus. Chaque révélation est soigneusement construite, et malgré ses détours narratifs, le film ne triche jamais. C’est une œuvre qui demande à être revisitée pour en apprécier pleinement la richesse. Ce qui distingue Strange Darling, c’est sa capacité à s’approprier les codes du genre tout en les subvertissant. JT Mollner joue avec les clichés du thriller et les attentes du spectateur pour créer une expérience cinématographique unique. 

 

La structure éclatée de l’intrigue n’est pas qu’un artifice : elle sert à déconstruire les préjugés et à forcer le public à remettre en question ses premières impressions. Le film explore également des thématiques dérangeantes, notamment les dynamiques de pouvoir et la violence inhérente aux relations humaines. Bien que ces sujets puissent mettre mal à l’aise, ils sont abordés avec une intelligence et une sensibilité qui évitent de sombrer dans la gratuité. Strange Darling n’est pas un thriller comme les autres. Avec son esthétique visuelle éblouissante, ses performances intenses et sa narration déroutante, il s’impose comme une œuvre audacieuse qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui mérite d’être découverte. 

 

Ce film prouve que le cinéma peut encore surprendre et bousculer, en jouant à la fois sur les émotions et l’intellect. Pour ceux qui recherchent un thriller intelligent, qui ose sortir des sentiers battus et qui stimule autant qu’il déstabilise, Strange Darling est une recommandation incontournable. Mais attention : pour en profiter pleinement, mieux vaut y aller avec un esprit ouvert et le moins d’informations possible. Une expérience unique vous attend, prête à vous faire questionner tout ce que vous pensez savoir.

 

Note : 7/10. En bref, un thriller audacieux qui réinvente les codes du genre.

Prochainement en France

 

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