22 Janvier 2025
Wallace et Gromit : La palme de la vengeance // De Nick Park et Merlin Crossigham. Avec la voix de Ben Whitehead, Lenny Henry et Peter Kay.
Wallace et Gromit reviennent pour une aventure inédite avec La Palme de la Vengeance, et cette fois, l’histoire prend un tournant plus sombre sans perdre ce charme si singulier qui a marqué des générations. Ce nouvel opus, disponible sur Netflix, témoigne du savoir-faire inégalé du studio Aardman, qui continue de maîtriser l’art délicat de la stop-motion. Avec une intrigue mêlant tension, humour et une touche d’effroi, cette nouvelle aventure revisite les thématiques chères à la saga tout en explorant des enjeux plus contemporains.
Gromit s'inquiète du fait que Wallace soit devenu trop dépendant de ses inventions, après sa création d'un gnome intelligent...
L’histoire démarre, comme souvent, avec une invention de Wallace qui tourne mal. Cette fois, sa création devient l’objet d’une machination diabolique orchestrée par Feather McGraw, le redoutable pingouin aperçu dans Un Mauvais Pantalon. Ce personnage, aussi minimaliste dans son apparence qu’effrayant dans ses intentions, revient avec un plan machiavélique impliquant des nains de jardin contrôlés à distance. L’idée peut sembler farfelue, mais c’est justement cette absurdité assumée qui rend l’univers de Wallace et Gromit si unique.
Pourtant, contrairement aux précédentes aventures, ce film adopte un ton plus sombre. Certaines scènes évoquent des atmosphères presque horrifiques, avec des références subtiles à des classiques du genre comme Chucky ou Ça. Cette touche d’effroi, bien que modérée, ajoute une dimension inattendue à l’histoire. Les nains de jardin robotisés, par exemple, sont à la fois hilarants et légèrement perturbants, offrant un décalage parfait entre humour et tension. Wallace et Gromit n’ont pas changé, et c’est précisément ce qui fait leur force. L’inventeur farfelu, avec sa naïveté touchante, et son fidèle chien, qui reste stoïque face aux catastrophes, forment un duo intemporel.
Gromit, toujours sans paroles, exprime une profondeur incroyable grâce à ses gestes et ses regards, un exploit rendu possible par la finesse de l’animation en pâte à modeler. Cette fois-ci, leur relation est explorée d’un angle un peu différent, mettant en lumière le sentiment de frustration de Gromit face à l’insouciance de Wallace. Ce thème, bien qu’effleuré, offre une nouvelle perspective sur leur dynamique. Cependant, le film reste avant tout centré sur l’action et les péripéties, et ces éléments de développement de personnage auraient mérité d’être approfondis. Cela aurait ajouté une couche supplémentaire de complexité à une intrigue qui, malgré ses qualités, reste relativement prévisible.
Ce qui distingue La Palme de la Vengeance, c’est son esthétique. Le choix de conserver la technique de la stop-motion, même à une époque où l’animation numérique domine, est une décision qui témoigne du respect du studio Aardman pour ses racines. Chaque détail, des décors minutieusement travaillés aux expressions des personnages, contribue à créer un univers cohérent et vivant. Le film ne se contente pas de rester dans le registre old school. Il intègre subtilement des thèmes modernes, comme l’intelligence artificielle, en les mêlant à l’esthétique rétro caractéristique de la saga. Cette fusion entre tradition et modernité donne au film une identité unique.
Les inventions de Wallace, bien que toujours absurdes, trouvent un écho dans les préoccupations actuelles, rendant le récit pertinent sans jamais devenir trop sérieux. L’humour reste un pilier de l’univers de Wallace et Gromit, et ce film ne déroge pas à la règle. Les gags visuels abondent, souvent dissimulés dans les coins de l’écran pour surprendre les spectateurs attentifs. Les références à la culture britannique sont omniprésentes, du goût pour les crackers aux clins d’œil à des traditions bien ancrées. Cependant, tous les gags ne fonctionnent pas avec la même efficacité. Certains moments brillent par leur ingéniosité, comme les interactions avec Feather McGraw, dont le contraste entre son apparence inoffensive et ses plans diaboliques est irrésistible.
D’autres, en revanche, semblent un peu plus convenus et peinent à maintenir le même niveau de fraîcheur. Cela dit, ces fluctuations n’entachent pas réellement l’expérience globale, car l’ensemble reste fluide et divertissant. L’un des atouts majeurs de La Palme de la Vengeance est sa capacité à séduire un public intergénérationnel. Les plus jeunes apprécieront l’action rapide et les personnages attachants, tandis que les adultes trouveront leur compte dans l’humour décalé et les références plus subtiles. Ce mélange de simplicité et de sophistication est une marque de fabrique d’Aardman, et il fonctionne à merveille ici. Le film réussit également à équilibrer des thématiques légères et des sujets plus sérieux.
L’exploration de la vengeance, de l’obsession technologique et des relations interpersonnelles ajoute de la profondeur à une intrigue qui, autrement, aurait pu sembler trop simple. Même si ces thèmes ne sont pas développés de manière exhaustive, ils apportent une richesse qui distingue ce film d’autres productions d’animation. Si La Palme de la Vengeance reste fidèle à l’esprit de la saga, il n’est pas exempt de défauts. Le développement des personnages, notamment, aurait pu être poussé plus loin, en particulier concernant Gromit et son rôle dans l’histoire. De plus, certaines idées, bien qu’intéressantes, semblent sous-exploitées, ce qui laisse une légère impression d’inachevé.
Malgré ces réserves, le film conserve tout le charme qui a fait le succès de Wallace et Gromit. Il ne cherche pas à révolutionner l’animation, mais à offrir un divertissement sincère et de qualité. Et sur ce point, il remplit pleinement sa mission. Près de trois décennies après leurs débuts, Wallace et Gromit continuent de fasciner. Ce nouvel opus témoigne de l’évolution de la saga, qui sait rester fidèle à ses racines tout en s’adaptant aux attentes modernes. La touche Aardman, avec son mélange d’absurde et de tendresse, est toujours bien présente, et c’est précisément ce qui rend La Palme de la Vengeance si agréable à regarder. Pour les amateurs de stop-motion et les nostalgiques des premières aventures de ce duo culte, ce film est une véritable madeleine de Proust.
Mais il saura également séduire ceux qui découvrent cet univers pour la première fois, grâce à sa capacité à raconter une histoire simple mais captivante. Wallace et Gromit : La Palme de la Vengeance est une œuvre qui parvient à raviver la magie de la saga tout en proposant une aventure inédite et rafraîchissante. Malgré quelques faiblesses, elle offre un moment de cinéma sincère, drôle et visuellement captivant. À travers cette histoire mêlant humour noir, tension et un soupçon d’effroi, le film rappelle pourquoi Wallace et Gromit occupent une place si spéciale dans le cœur des amateurs d’animation.
Si l’univers loufoque de ces deux personnages vous manque, ou si vous êtes curieux de découvrir leur monde, ce nouvel opus est un passage obligé. Une aventure intemporelle, à savourer avec une tasse de thé et quelques crackers, comme il se doit.
Note : 7.5/10. En bref, une nouvelle aventure entre humour noir et nostalgie.
Sorti le 3 janvier 2025 directement sur Netflix
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