Patience (Saison 1, 6 épisodes) : Astrid et Raphaëlle version britannique

Patience (Saison 1, 6 épisodes) : Astrid et Raphaëlle version britannique

La première saison de Patience, composée de six épisodes, s’inscrit dans le genre des séries policières où le duo principal repose sur la complémentarité des protagonistes. Cependant, bien que l’idée de départ soit prometteuse, l’exécution soulève plusieurs questions. Le personnage central, Patience, est censé porter la série, comme le suggère le titre. Pourtant, son traitement scénaristique laisse un goût d’inachevé. Si l’on perçoit quelques tentatives d’explorer ses difficultés sociales et son atypisme, celles-ci restent superficielles. Patience est souvent reléguée au rôle d’outil narratif, intervenant comme une "solution magique" pour résoudre les intrigues. Ce choix affaiblit l’attachement émotionnel que l’on pourrait développer envers elle.

 

La série semble vouloir illustrer son parcours personnel, mais tout se déroule trop vite : en l’espace de six épisodes, elle évolue de façon peu crédible, brisant d’un coup ses barrières émotionnelles et personnelles. En tant que spectateur, il est difficile de ressentir une véritable empathie pour elle, car son histoire n’est pas pleinement développée. L’évolution de Patience, notamment dans sa relation aux autres, aurait pu être un fil rouge passionnant. Malheureusement, tout paraît précipité, comme si le temps manquait pour une exploration en profondeur. L’un des points positifs de la série est la relation qui se construit entre Patience et l’inspectrice Bea Metcalf. 

 

Au fil des épisodes, cette dynamique permet de révéler une certaine tolérance et une reconnaissance mutuelle. Bea apprend à comprendre les difficultés de Patience, tandis que cette dernière montre que ses compétences uniques peuvent être des atouts majeurs pour l’équipe. Cependant, là encore, la série n’explore pas cette relation avec suffisamment de profondeur. Les interactions entre les deux personnages manquent de nuances et de subtilité. Leur collaboration, qui aurait pu devenir un pilier émotionnel et narratif, est réduite à un enchaînement d’épisodes où l’efficacité de Patience en matière de résolution d’enquêtes est mise en avant sans réel développement personnel ou relationnel.

 

En tant qu’adaptation, Patience s’inspire fortement de la série franco-belge Astrid et Raphaëlle, mais sans parvenir à atteindre le même niveau d’authenticité et de complexité. Là où Astrid et Raphaëlle excelle à plonger le spectateur dans l’univers intérieur d’Astrid, à explorer ses luttes et ses victoires, Patience reste en surface. Astrid, dans la version originale, est un personnage qui émeut et fascine grâce à une interprétation nuancée et un scénario qui prend le temps d’explorer sa condition et son quotidien. Dans Patience, en revanche, les scénaristes semblent hésiter entre hommage et imitation. Certains épisodes reprennent presque intégralement les intrigues de l’original, ce qui rend l’ensemble prévisible pour quiconque a vu Astrid et Raphaëlle. 

 

Ce manque de nouveauté affaiblit la série, d’autant plus que les différences culturelles et contextuelles ne sont pas suffisamment exploitées pour donner à cette adaptation une identité propre. L’un des atouts indéniables de Patience réside dans ses décors et sa photographie. La série s’éloigne des cadres habituels des séries policières britanniques pour proposer des lieux de tournage moins conventionnels. Ces choix permettent de rafraîchir visuellement le genre et de mettre en avant des paysages rarement explorés à l’écran, ce qui pourrait séduire les amateurs de belles images. Cependant, ces efforts visuels ne compensent pas les faiblesses narratives. 

 

Une série ne peut pas se reposer uniquement sur son esthétique : le spectateur attend également une écriture solide et des personnages auxquels s’attacher. L’un des sujets centraux de Patience est la condition de son héroïne, qui présente des traits autistiques. Malheureusement, la série adopte une approche caricaturale, réduisant son atypisme à des traits stéréotypés. À plusieurs reprises, les comportements de Patience sont simplifiés ou contournés pour servir les besoins de l’intrigue, ce qui nuit à la crédibilité du personnage. Un exemple frappant est celui de la scène où Patience, initialement montrée comme ne supportant pas les contacts physiques, accepte sans difficulté un câlin de l’enfant de Bea. 

 

Ce revirement soudain donne l’impression que ses traits autistiques ne sont qu’un obstacle temporaire, facilement surmontable avec un peu de bonne volonté, ce qui trahit une méconnaissance de la réalité de l’autisme. Cette simplification ne rend pas justice à la complexité du sujet et prive la série d’une véritable profondeur émotionnelle. Sur le plan des intrigues policières, Patience suit une structure classique, avec un cas à résoudre par épisode. Si certains mystères sont intéressants, d’autres souffrent d’un manque d’originalité, surtout pour ceux qui connaissent Astrid et Raphaëlle. Le recyclage des intrigues de la série originale enlève tout effet de surprise, ce qui est particulièrement dommageable pour un genre où l’inattendu est crucial.

 

Quant aux personnages secondaires, ils sont globalement sous-exploités. Si l’on devine leur potentiel, celui-ci n’est jamais pleinement réalisé. Ces personnages restent souvent des archétypes, présents pour remplir des fonctions narratives sans réelle profondeur ou arc narratif propre. Malgré ses faiblesses, Patience n’est pas dénuée de qualités. La performance de l’actrice principale, bien qu’entravée par un scénario limité, parvient par moments à transmettre une certaine authenticité. Par ailleurs, la série réussit à éviter certaines des dérives habituelles du genre policier, comme une violence gratuite ou un excès de vulgarité. Ces choix permettent de toucher un public plus large, en quête de récits moins brutaux.

 

Enfin, les amateurs de séries policières pourraient trouver leur compte dans les enquêtes, à condition de ne pas chercher une œuvre particulièrement novatrice ou profonde. En conclusion, Patience est une série qui partait d’une idée prometteuse, mais qui souffre d’un traitement trop superficiel et précipité. Si l’on peut apprécier certains aspects de la production, comme la relation naissante entre Patience et Bea ou les choix de lieux de tournage, l’ensemble manque de cohérence et d’originalité. Cette première saison donne l’impression d’un brouillon, une esquisse de ce que la série pourrait devenir si elle osait s’affranchir de son modèle et approfondir ses personnages et ses intrigues. 

 

Si une deuxième saison voit le jour, il serait essentiel de miser sur une écriture plus nuancée et sur un développement plus organique des personnages. En attendant, Patience reste une série qui, sans être mauvaise, peine à se démarquer dans un paysage déjà riche en productions policières.

 

Note : 4.5/10. En bref, un potentiel sous-exploité et des choix discutables. 

Prochainement en France

Patience est l’adaptation britannique de la série française Astrid et Raphaëlle. La série de France 2 avec Sara Mortensen et Lola Dewaere a déjà 7 saisons et 50 épisodes au compteur et est un véritable succès. 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article