28 Janvier 2025
La première saison de Super Mâles, disponible sur Netflix, s’inscrit dans la continuité des comédies françaises récentes qui tentent d’explorer des thématiques modernes autour des rapports de genre. Adaptation directe de la série espagnole Machos Alfa, cette œuvre propose un stage de déconditionnement de la masculinité toxique comme point de départ. Sur le papier, l’idée est prometteuse, mais le résultat final s’égare dans un mélange de lourdeur et de maladresse. Le concept de la série repose sur quatre amis quadragénaires aux prises avec leurs propres contradictions : Tom, Tonio, Jérémie et Cédric, incarnés par des acteurs reconnus comme Manu Payet et Guillaume Labbé.
Les pérégrinations d'un groupe d’amis de longue date, dont les vies amoureuses et professionnelles sont chamboulées par les femmes de leur vie. Cédric, Tom, Jérémie et Tonio galèrent à trouver leur place et à trouver l’amour dans une société qui remet en question le patriarcat, et les prive progressivement de leurs privilèges.
Ces personnages, bien que caricaturaux, illustrent des problématiques masculines modernes. Entre la dépression post-rupture, la parentalité pesante, les infidélités répétées et la rancœur face au féminisme, chacun d’eux incarne une facette des enjeux contemporains liés à la masculinité. L’idée du stage de déconditionnement, imposé suite à un pétage de plombs collectif, aurait pu être un formidable terrain pour explorer ces thématiques en profondeur. Malheureusement, ce fil narratif reste sous-exploité. Loin d’être un espace de remise en question authentique, le stage se limite à quelques scènes humoristiques stériles et des dialogues souvent convenus. Au lieu de mettre à nu les personnages, la série s’enlise dans des ressorts comiques trop grossiers et répétitifs.
Malgré des noms prometteurs comme Manu Payet, le casting de Super Mâles peine à susciter l’adhésion. Si Payet réussit parfois à tirer son épingle du jeu en apportant une certaine profondeur à son personnage, les autres acteurs principaux se débattent dans des rôles mal définis. Ce manque de nuance rend les personnages peu attachants et difficilement crédibles. Quant aux actrices qui entourent ce quatuor masculin, elles sont encore moins mises en valeur. Leurs personnages semblent exister uniquement en réaction aux comportements des hommes, sans réelle consistance ni arc narratif propre. Une absence regrettable qui renforce le déséquilibre général de la série.
Super Mâles est directement inspirée de la série espagnole Machos Alfa, qui, en trois saisons, a su imposer son style. La version originale se distingue par son équilibre entre humour incisif et exploration fine des dynamiques de genre. Elle offre des personnages complexes, attachants et drôles, tout en jonglant habilement avec les codes de la comédie. L’adaptation française, en revanche, échoue à retrouver cette finesse. Les meilleures répliques de la série espagnole sont reprises presque telles quelles, mais perdent leur saveur dans le contexte français. Le ton, plus lourd et grivois, peine à capter la subtilité qui faisait le charme de l’original.
Là où Machos Alfa brillait par son humour intelligent et ses dialogues percutants, Super Mâles s’enlise dans des blagues faciles et des situations convenues. Dans une époque où la déconstruction des normes de genre est au cœur des débats, Super Mâles aurait pu être une œuvre pertinente. Cependant, la série reste en surface et semble avoir du mal à aller au bout de ses intentions. Sous prétexte de parodier à la fois les réflexes sexistes et les clichés féministes, elle finit par tomber dans une zone d’inconfort où elle ne prend aucun véritable parti. Certains moments, comme les scènes de nudité masculine ou les discussions sur la parentalité et la virilité, montrent un potentiel inexploité.
Mais ces séquences sont souvent éclipsées par des gags répétitifs et une écriture qui manque de profondeur. Le traitement du personnage de Cédric, par exemple, est symptomatique de cette désinvolture. Sa frustration face au féminisme aurait pu ouvrir la voie à des réflexions intéressantes sur les privilèges et les rapports de pouvoir, mais elle est réduite à un simple ressort comique. Le rythme de la série constitue un autre point faible. Les épisodes manquent de dynamisme, et les scènes s’enchaînent sans réelle fluidité. Le montage et la mise en scène contribuent à cette impression d’inachèvement, avec des dialogues parfois mal rythmés et des plans qui ne parviennent pas à capter l’essence des moments clés.
Visuellement, Super Mâles ne se démarque pas non plus. La photographie est fonctionnelle mais sans originalité, et la lumière, souvent plate, n’apporte rien à l’atmosphère. Comparée à la série espagnole, qui utilise des décors et des jeux de couleurs pour accentuer l’humour et l’ironie, l’adaptation française paraît terne et sans relief. Le principal problème de Super Mâles réside dans son manque d’originalité. En reprenant presque mot pour mot le scénario de Machos Alfa, la série se prive d’une identité propre. Les rares écarts par rapport à l’original se révèlent soit mal amenés, soit dénués d’intérêt.
Cette tendance à adapter des succès étrangers sans leur insuffler une véritable vision est malheureusement fréquente dans les productions françaises. L’exercice demande un équilibre subtil entre respect de l’œuvre originale et adaptation aux spécificités culturelles locales. Dans le cas de Super Mâles, cet équilibre n’est jamais trouvé. Super Mâles avait toutes les cartes en main pour devenir une comédie intelligente sur la masculinité et les rapports hommes-femmes. Pourtant, elle échoue à trouver sa voix et s’enlise dans des choix scénaristiques et stylistiques discutables. Les fans de la série originale Machos Alfa risquent d’être déçus par cette adaptation qui ne parvient pas à égaler son modèle. Quant à ceux qui découvrent l’histoire pour la première fois, ils y trouveront une comédie sans grande saveur, qui oscille entre humour facile et réflexion superficielle.
Note : 2.5/10. En bref, c’est raté. Le potentiel était là, mais il est resté inexploité. Pour une exploration plus aboutie et plus drôle de la masculinité moderne, mieux vaut se tourner vers la série espagnole, qui reste une référence en la matière.
Disponible sur Netflix
Super Mâles est le remake français de la série espagnole Machos Alfa, disponible également sur Netflix. La série originale a déjà 3 saisons au compteur et une saison 4 est commandée. Un remake allemand est également prévu prochainement sur Netflix.
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