Celda 211 (Mini-series, 6 épisodes) : Cellule 211

Celda 211 (Mini-series, 6 épisodes) : Cellule 211

Les séries carcérales ont toujours eu une place particulière dans le paysage audiovisuel (on pense notamment à Prison Break tant Cellule 211 ressemble par moment à la saison 5 de la série de FOX). Ce ne sont pas forcément celles vers lesquelles je me tourne instinctivement, mais lorsqu’un titre attire mon attention, je me laisse souvent embarquer jusqu’au bout. C’est ainsi que j’ai découvert Cellule 211, une mini-série en six épisodes adaptée du roman de Francisco Pérez Gandul. Avec un tel format, on pourrait s’attendre à un thriller intense et haletant, mais le résultat laisse un goût d’inachevé.

 

Après être resté coincé dans une prison lors d’une émeute sanglante, un avocat se fait passer pour un prisonnier pour pouvoir se sauver. De l’autre côté des barreaux, en mode survie, il entreprend un périple effrayant où il ne sera plus le même.

 

L’histoire suit Juan, un avocat spécialisé dans les droits de l’homme, qui se rend dans une prison mexicaine pour s’entretenir avec une détenue, Flavio Gonzalez. Son épouse, enceinte, préférerait le voir accepter un poste plus stable et moins risqué, mais il s’obstine à mener sa mission. Ce qui devait être une simple visite bascule rapidement dans le chaos lorsqu’une émeute éclate, orchestrée par Calancho, le leader officieux des détenus. Juan se retrouve pris au piège et doit feindre d’être un prisonnier pour survivre. Là où la série frappe fort, c’est dans sa mise en place. 

 

Les premiers instants sont immersifs, et la tension monte rapidement. On sent que Juan est sur le point de se retrouver dans une situation dont il ne maîtrise rien. Les coulisses de la prison, gangrenées par la corruption et les jeux de pouvoir entre détenus et gardiens, laissent entrevoir une critique sociale intéressante. Malheureusement, après ce bon départ, l’ensemble s’essouffle. Une fois la situation établie, l’intrigue s’embourbe. Plutôt que d’intensifier la tension ou d’explorer les relations complexes entre les personnages, le récit stagne. Pendant trois épisodes, l’histoire semble tourner en rond, répétant les mêmes conflits sans réelle évolution. 

 

Les enjeux instaurés autour de Calancho et de Baldor, le détenu recherché par les criminels de l’extérieur, perdent en intensité. Là où Cellule 211 aurait pu proposer un thriller sous haute tension, elle peine à maintenir un rythme engageant. Ce qui aurait pu être une montée en puissance progressive se transforme en une attente interminable. Ce manque de dynamisme rend certains épisodes presque dispensables, comme si la série s’était imposé un format de six épisodes alors qu’un film de deux heures aurait suffi. Il faut attendre les deux derniers épisodes pour retrouver un peu d’adrénaline. À ce stade, toute avancée scénaristique est la bienvenue, ce qui donne l’illusion d’un final réussi. 

 

Pourtant, en y regardant de plus près, le dénouement soulève des incohérences et des raccourcis scénaristiques. L’évolution de Juan, de l’homme droit à la figure ambiguë, aurait pu être fascinante si elle avait été mieux développée. De même, la rivalité entre Calancho et les autres factions reste floue, et certains éléments narratifs, comme l’importance des fichiers de Baldor, manquent d’explications claires. Si Cellule 211 se déroule dans un environnement hostile et fermé, elle peine pourtant à en retranscrire l’oppression. La mise en scène, bien que soignée dans son esthétisme, manque d’impact. 

 

Les scènes de révolte ne dégagent pas la tension attendue, et le découpage visuel ne parvient pas à transmettre l’urgence de la situation. L’une des faiblesses majeures réside dans l’usage de certains artifices de mise en scène, comme des ralentis forcés, qui au lieu d’amplifier l’émotion, créent une rupture dans l’immersion. De plus, malgré une action qui se déroule sur une seule journée, la série donne l’impression d’étirer inutilement le temps, ce qui accentue la sensation de longueur. Le principal atout de Cellule 211 réside dans son casting. Diego Calva livre une performance solide, incarnant un personnage qui évolue sous la pression du huis clos carcéral. 

 

Noé Hernández impose une présence forte dans le rôle de Calancho, oscillant entre brutalité et idéalisme. Ana Sofía Gatica, bien que peu présente à l’écran, apporte une intensité physique et émotionnelle marquante. Malheureusement, la série ne met pas suffisamment en valeur son casting. Plusieurs personnages secondaires, pourtant clés dans l’intrigue, manquent de développement. Karina Gidi et Úrsula Pruneda, qui jouent des figures d’autorité cruciales, n’ont pas l’espace nécessaire pour imposer leur présence. De même, Ernesto Godoy, censé incarner un antagoniste puissant, n’a finalement que peu d’impact à l’écran.

 

Avec le recul, Cellule 211 aurait gagné à être condensée en un format cinématographique. Le potentiel était bien présent : un contexte carcéral propice à une tension constante, des dynamiques de pouvoir intrigantes, et un protagoniste en pleine transformation. Pourtant, en étalant son intrigue sur six épisodes, la série s’affaiblit, donnant l’impression de combler le vide plutôt que d’approfondir ses thèmes. Il est difficile de ne pas voir dans cette mini-série un produit calibré pour les besoins des plateformes de streaming, où l’algorithme favorise les formats longs au détriment d’une narration resserrée et efficace. 

 

Tout semble indiquer que le scénario initial n’était pas conçu pour une série et que son extension s’est faite au détriment du rythme et de l’intensité dramatique. En fin de compte, Cellule 211 n’est ni un échec total ni une réussite mémorable. Si elle parvient par moments à captiver, notamment dans son introduction et son final, elle peine à maintenir un niveau de tension constant. Les amateurs de drames carcéraux y trouveront peut-être leur compte, mais ceux en quête d’un thriller haletant risquent d’être déçus. Le véritable problème de la série ne réside pas tant dans son sujet que dans la façon dont il est traité. 

 

Avec un scénario plus concis, un meilleur équilibre du rythme et une mise en scène plus immersive, Cellule 211 aurait pu s’imposer comme un incontournable du genre. En l’état, elle laisse une impression mitigée, entre moments de brillance et frustrations scénaristiques.

 

Note : 4/10. En bref, une mini-série frustrante qui ne profite pas vraiment de l’idée de départ et a tendance à tirer en longueur pour rien. Cellule 211 aurait gagné à être un film. 

Disponible sur Netflix

 

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