Critique Ciné : Wolf Man (2025)

Critique Ciné : Wolf Man (2025)

Wolf Man // De Leigh Whannel. Avec Christopher Abbott, Julia Garner et Matilda Firth.

 

Leigh Whannell s’est fait une place remarquée dans le cinéma de genre grâce à des films qui mêlent tension psychologique et horreur ancrée dans une réalité contemporaine. Après avoir modernisé L’Homme Invisible avec une relecture intelligente et oppressante, il revient avec Wolf Man, une nouvelle interprétation du mythe du loup-garou. L’idée de voir ce cinéaste talentueux s’attaquer à cette figure emblématique du bestiaire horrifique avait de quoi intriguer. e genre du film de loup-garou a connu des hauts et des bas au fil des décennies. 

 

Après un évènement traumatisant, Blake quitte San Francisco pour retourner au fin fond de son Oregon natal et vivre dans sa maison d'enfance. C’est l’occasion pour lui de faire une pause loin de la ville et de tenter de sauver son mariage avec son épouse Charlotte en passant quelques jours dans la propriété avec leur fille, Ginger. À la nuit tombée alors que la famille arrive enfin à la ferme, ils sont attaqués par un animal invisible et, dans une fuite effrénée, se barricadent à l'intérieur de la maison pour se protéger de la créature qui rôde dans le périmètre, aux aguets. Mais à mesure que la nuit avance, Blake commence à se comporter de manière étrange...

 

Avec Wolf Man, Whannell ne cherche pas à révolutionner la créature, mais à l’inscrire dans une dynamique émotionnelle et familiale, où l’horreur vient autant du monstre que de la tragédie humaine qui l’entoure. Dès son prologue, Wolf Man installe une ambiance pesante. Une séquence de chasse haletante, où la menace reste d’abord suggérée avant de frapper violemment, donne le ton. Leigh Whannell joue sur la suggestion : des silhouettes furtives, un souffle rauque, des ombres qui se déplacent dans l’obscurité. Plutôt que d’exhiber immédiatement son monstre, il en fait une présence diffuse, une menace latente qui hante l’écran.

 

Ce choix permet de construire une tension efficace et d’introduire subtilement les thématiques du film. Car Wolf Man n’est pas qu’un simple survival horrifique ; il explore aussi la transmission du traumatisme et la fatalité de l’héritage familial. Au cœur du film se trouve un père, marqué par une enfance difficile, qui tente de protéger sa famille tout en luttant contre une force qui le dépasse. La lycanthropie est ici envisagée comme une métaphore d’un héritage toxique, un mal transmis malgré soi, impossible à contenir. Cette idée est renforcée par la dynamique familiale du récit. Entre un couple brisé et une relation mère-fille en péril, le film met en scène des tensions qui dépassent la simple menace du monstre. 

 

La transformation du personnage principal ne se limite pas à une mutation physique ; elle symbolise aussi une perte de contrôle progressive, un homme qui devient un danger pour ceux qu’il aime malgré lui. Whannell ancre son récit dans une seule nuit, un choix narratif qui intensifie l’urgence et l’oppression. Une fois que la famille se retrouve piégée dans un lieu clos, la tension ne cesse de monter, transformant le film en un huis clos anxiogène où chaque recoin devient un terrain de chasse. L’un des atouts majeurs de Wolf Man réside dans sa mise en scène. 

 

Whannell exploite l’espace avec intelligence, utilisant la caméra pour renforcer la sensation d’isolement et d’incompréhension entre les personnages. Des plans étudiés traduisent visuellement la distance qui se creuse entre eux, notamment à travers des travellings fluides qui semblent symboliser un mur invisible. L’éclairage et la photographie méritent aussi d’être soulignés. Inspiré par l’esthétique des classiques du cinéma fantastique, le film alterne entre des teintes sombres et des jeux d’ombre qui rappellent les premiers films de monstres. Certains plans, presque monochromes, rendent hommage aux origines du mythe tout en apportant une modernité brute.

 

Si le début du film pose des bases solides et installe une atmosphère prenante, la seconde partie peine à maintenir le même niveau d’intensité. À mesure que la créature se dévoile et que les enjeux deviennent plus physiques, le récit suit une trajectoire plus attendue. Là où L’Homme Invisible parvenait à garder une tension constante jusqu’à son dénouement, Wolf Man finit par emprunter des chemins plus classiques du film de monstre. Quelques retournements de situation restent efficaces, mais certains éléments peuvent être anticipés, atténuant l’impact des révélations finales.

 

Cela n’enlève rien aux qualités du film, mais il manque cette montée en puissance qui aurait permis à Wolf Man de se démarquer davantage dans son dernier acte. Le film bénéficie d’un casting convaincant. Christopher Abbott incarne avec justesse un homme pris au piège de sa propre nature, oscillant entre résistance et résignation. Son jeu subtil évite les excès et apporte une crédibilité bienvenue à son personnage. Face à lui, Julia Garner livre une prestation marquante, apportant une intensité émotionnelle aux scènes de confrontation. 

 

Quant à Matilda Firth, elle surprend par la justesse de son jeu, évitant les clichés souvent associés aux rôles d’enfants dans ce type de récit. Leur dynamique familiale fonctionne bien, rendant les enjeux plus palpables. C’est dans ces interactions que Wolf Man trouve sa force : au-delà de la menace physique, c’est la peur de perdre l’autre qui domine. Wolf Man ne cherche pas à redéfinir le genre, mais il le traite avec sérieux et une certaine ambition narrative. En ancrant l’horreur dans une dynamique familiale et en jouant sur la symbolique de la transmission, Leigh Whannell offre une approche intéressante du mythe du loup-garou.

 

La première moitié du film, riche en tension et en mise en scène soignée, parvient à captiver. La seconde, plus conventionnelle, n’est pas mauvaise pour autant, mais elle manque d’un élément de surprise qui aurait pu renforcer l’impact du récit. Malgré cela, Wolf Man reste une proposition solide, portée par une réalisation inspirée et des acteurs investis. Leigh Whannell confirme son talent pour moderniser les figures classiques de l’horreur tout en leur apportant une résonance contemporaine. Si le film ne surpasse pas L’Homme Invisible en termes d’impact, il s’inscrit néanmoins comme une relecture intéressante d’un mythe souvent sous-exploité au cinéma. 

 

Note : 7/10. En bref, Leigh Whannell revisite le mythe du loup-garou avec une approche viscérale. Une œuvre qui, à défaut d’être révolutionnaire, mérite d’être vue pour son approche humaine et viscérale du monstre.

Sorti le 15 janvier 2025 au cinéma

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article