27 Février 2025
L’amour et la monarchie ne font pas toujours bon ménage. La Roturière (ou Harald og Sonja en VO et The Commoner à l'international) plonge dans une histoire d’amour qui aurait pu ne jamais voir le jour. En quatre épisodes, la mini-série dépeint la relation entre le prince héritier Harald de Norvège et Sonja Haraldsen, une jeune femme sans titre, à une époque où les règles royales primaient sur les sentiments. Lorsque Harald rencontre Sonja en 1959 lors d’une soirée entre amis, il ne sait pas encore que cette relation va marquer son destin. Fils du roi Olav V, il est soumis à une pression immense : à l'époque, aucun héritier européen n’a encore épousé une roturière.
Pendant neuf ans, le prince héritier Harald et la roturière Sonja Haraldsen se battent pour leur droit de se marier, mais la décision revient au roi Olav. La constitution norvégienne interdit à Harald de se marier sans le consentement royal.
L'union du couple n’est pas seulement une question personnelle, elle touche aussi aux traditions et aux enjeux politiques d’une monarchie qui se veut stable. Pendant neuf ans, Harald et Sonja vivent leur amour dans l’ombre, sous le regard scrutateur des médias et sous le poids des conventions. Le roi Olav V doit donner son consentement, mais l’opposition à cette union ne vient pas seulement du palais : la société norvégienne elle-même peine à accepter une telle révolution. La Roturière adopte un style épuré qui tranche avec d’autres séries royales plus flamboyantes comme The Crown.
Ici, pas de grandes intrigues politiques ou de rebondissements dignes d’un thriller, mais une plongée intime dans le parcours de deux êtres humains qui cherchent simplement à être ensemble. La réalisation de Vibeke Idsøe mise sur la retenue, ce qui renforce l’authenticité du récit. L’esthétique soignée restitue fidèlement la Norvège des années 60 : les décors, les costumes et l’ambiance d'époque contribuent à l’immersion. La mise en scène préfère les silences pesants aux dialogues explicatifs, ce qui permet d’explorer toute la complexité des émotions des protagonistes.
Le casting joue un rôle essentiel dans la réussite de la série. Sindre Strand Offerdal incarne un Harald tiraillé entre son amour et son devoir royal. Sa manière d’exprimer la réserve et la timide détermination du prince le rend particulièrement attachant. Face à lui, Gina Bernhoft Gørvell donne vie à une Sonja déterminée, moderne et indépendante. Son jeu nuancé fait d’elle une femme en avance sur son temps, refusant de se plier aux normes rigides imposées par la société. Les scènes où Harald et Sonja se retrouvent seuls sont parmi les plus fortes de la série.
Une balade en forêt, un regard échangé lors d’un dîner ou une discussion volée sous le poids du secret illustrent avec finesse les doutes et l’attente qui rythment leur histoire. Le récit ne tombe jamais dans l’excès de sentimentalisme, mais préfère suggérer plutôt que montrer. Si l’histoire est centrée sur Harald et Sonja, les personnages secondaires apportent une profondeur supplémentaire. Anders Baasmo campe un roi Olav V autoritaire, fidèle à ses convictions, mais tiraillé entre son rôle de souverain et celui de père. La relation entre Harald et son père est un des fils conducteurs de la série, illustrant le choc entre tradition et évolution sociétale.
Le palais royal est dépeint comme un environnement froid, à l’opposé de la maison chaleureuse de la famille Haraldsen. Sonja trouve du soutien auprès de sa mère, interprétée par Anneke von der Lippe, qui lui rappelle qu’elle a le droit d’exister au-delà des règles dictées par la noblesse. La Roturière met en lumière la patience et la persévérance du couple. Si Sonja semble prête à affronter toutes les épreuves, Harald, lui, adopte une posture plus prudente. Il refuse d’affronter directement son père, espérant que le temps finira par jouer en leur faveur.
Une attente longue et frustrante, qui montre aussi les limites d’un prince destiné à régner, mais qui peine à prendre son destin en main. Finalement, après neuf ans de lutte, le roi cède et autorise leur mariage. Le dernier épisode offre un dénouement attendrissant, avec des images d’archives du mariage de 1968, rappelant que ce combat personnel a été un véritable tournant pour la monarchie norvégienne. La Roturière est une série qui mise sur l’authenticité et l’intimité pour raconter un pan méconnu de l’histoire royale norvégienne.
En choisissant une approche sobre et centrée sur l’humain, elle parvient à capturer l’essence d’un amour contrarié par les conventions. Sans chercher à dramatiser inutilement, elle met en avant la réalité d’un couple qui a dû se battre pour pouvoir exister. Une histoire intemporelle, qui résonne encore aujourd’hui.
Note : 7/10. En bref, une mini-série touchante et réussie sur une romance interdite. Si vous aimez les séries d’époque, elle est faite pour vous.
Disponible sur Amazon Prime Video
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog