1 Février 2025
Le football dépasse largement le cadre du sport. Pour certains, c’est un héritage familial, un mode de vie, une passion qui rythme leur quotidien. Mais quand cette passion dérive vers des comportements violents et criminels, elle devient un piège dont il est difficile de s’extraire. Le Hooligan, série polonaise en cinq épisodes, tente d’explorer cette frontière fragile entre engagement et déchéance. À travers le parcours de Kuba, un jeune homme tiraillé entre les valeurs familiales et l’attrait d’un monde régi par la violence et la criminalité, la série s’attaque à une problématique sensible.
Deux clubs de football en guerre font sortir leur rivalité du terrain, dans le monde du crime et de la violence. L'adolescent Kuba doit tout faire pour y survivre.
Kuba, 17 ans, vit avec sa mère, son jeune frère et un père absent, récemment sorti de prison. Son admiration pour Zyga, le leader du groupe de supporters du club Gladius, l’amène progressivement à s’impliquer dans des activités illégales. Ce qui commence par de simples livraisons de drogue devient vite un engrenage où il perd le contrôle. L’un des moments clés de la série survient lorsqu’il découvre que les rivalités entre les clubs Gladius et Kosynierzy ne sont qu’une façade. Derrière les affrontements publics se cache une entente opportuniste, où l’honneur et la loyauté sont de simples instruments de manipulation.
Dégoûté par cette hypocrisie, Kuba tente de tirer son épingle du jeu en escroquant les deux camps. Son projet d’un avenir meilleur avec sa petite amie Blanka tourne vite au cauchemar lorsque ses actes déclenchent des conséquences désastreuses pour lui et ses proches. Le point de départ de Le Hooligan est intéressant : montrer comment la culture des supporters peut parfois devenir un prétexte à des dérives violentes. Cependant, la série peine à approfondir ce sujet. Au lieu d’explorer la passion du football, elle préfère s’attarder sur un scénario centré sur le trafic de drogue, au détriment d’une réflexion plus subtile sur l’impact du fanatisme.
Le lien entre les supporters et les activités criminelles semble caricatural, créant une confusion entre la réalité du monde ultra et une fiction exagérée. Le football devient un simple décor pour une intrigue mafieuse, où les valeurs du supporter sont réduites à des clichés. Cette approche donne une vision biaisée et simpliste de ce milieu, où des individus de tous horizons – avocats, médecins, étudiants – coexistent avec des comportements parfois extrêmes, mais bien loin de l’image uniforme et brutale dépeinte ici. Malgré un casting convaincant, la narration peine à captiver sur la durée. La série souffre d’un rythme irrégulier, enchaînant les scènes sans véritable fluidité.
L’action, omniprésente, manque d’intensité et de réalisme, rendant certains affrontements presque risibles. L’absence d’une progression narrative bien construite affaiblit l’ensemble, transformant des moments clés en simples étapes d’un déroulement prévisible. L’un des problèmes majeurs réside dans le traitement des personnages. Kuba, censé être le pivot de l’histoire, manque de profondeur. Ses motivations ne sont pas suffisamment explorées, et son évolution semble dictée par les besoins du scénario plutôt que par une véritable construction psychologique. De même, la relation entre Kuba et Blanka semble artificielle, rendant difficile l’implication émotionnelle du spectateur.
Si l’histoire avait été racontée sous la forme d’un film de deux heures, elle aurait sans doute gagné en efficacité. Les cinq épisodes donnent une impression de remplissage, où certaines scènes s’étirent inutilement. Loin d’apporter de la densité à l’intrigue, cette longueur superflue affaiblit l’impact du message et dilue l’intensité dramatique. En s’éloignant du véritable quotidien des ultras et en privilégiant un récit criminel, Le Hooligan passe à côté de son sujet. La série ne montre pas ce qui fait l’âme des supporters : les déplacements, les chants, l’organisation des tifos, la ferveur des tribunes. Au lieu de cela, elle les réduit à des voyous interchangeables, sans la moindre nuance.
Si l’intention était de dénoncer certaines dérives, encore aurait-il fallu proposer une analyse plus fine, plutôt qu’un enchaînement de stéréotypes. La série semble chercher à choquer plutôt qu’à comprendre, sacrifiant la subtilité sur l’autel du sensationnalisme. Le Hooligan aurait pu être une série marquante sur la passion du football et ses dérives, mais son traitement maladroit l’empêche d’atteindre son objectif. En préférant l’aspect criminel au portrait d’une véritable culture de supporters, elle passe à côté d’un sujet pourtant riche et complexe.
Note : 2.5/10. En bref, avec un scénario bancal, des personnages peu approfondis et une mise en scène inégale, elle laisse un goût d’inachevé. Loin de représenter fidèlement le monde des supporters, cette série donne une image faussée et simpliste d’une réalité bien plus nuancée. Une occasion manquée.
Disponible sur Netflix
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog