Critique Ciné : Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan (2025)

Critique Ciné : Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan (2025)

Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan // De Ken Scott. Avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen et Joséphine Japy.

 

Les relations entre une mère et son enfant ont souvent inspiré le cinéma, mais peu de films parviennent à retranscrire avec autant de justesse la complexité d’un tel lien. Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan ne se contente pas de raconter une histoire familiale, il plonge dans l’intime, dans les non-dits et les sacrifices, avec une sincérité qui touche profondément. Inspiré du récit autobiographique de Roland Perez, le film de Ken Scott offre une immersion bouleversante dans le parcours d’une femme hors du commun, magnifiquement interprétée par Leïla Bekhti.

 

En 1963, Esther met au monde Roland, petit dernier d’une famille nombreuse. Roland naît avec un pied-bot qui l’empêche de se tenir debout. Contre l’avis de tous, elle promet à son fils qu’il marchera comme les autres et qu’il aura une vie fabuleuse. Dès lors, Esther n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour tenir cette promesse. À travers des décennies d’épreuves et de miracles de la vie, ce film est le récit d’une histoire vraie, drôle et bouleversante, celle d’un destin incroyable et du plus grand amour qui soit : celui d’une mère pour son enfant.

 

Esther est une mère comme il en existe peu. Son amour pour son fils est absolu, inébranlable, au point d’en faire le moteur de toute son existence. Dès les premières minutes du film, cette détermination transparaît dans chacun de ses gestes, chacune de ses paroles. Il ne s’agit pas seulement d’une mère protectrice, mais d’une femme prête à tout pour tenir sa promesse : offrir une vie heureuse à son fils, malgré le handicap qui lui a été imposé. Leïla Bekhti livre une prestation d’une rare intensité. Son jeu oscille entre tendresse, férocité et une énergie presque irréelle qui défie le temps et les épreuves. 

 

Elle incarne cette femme sur plusieurs décennies, passant de la trentaine à la vieillesse avec une fluidité impressionnante. À travers son regard, ses silences, ses éclats de rire et ses colères, elle donne vie à un personnage profondément humain, attachant et parfois déroutant. Le film ne se limite pas à une relation mère-fils, il s’inscrit aussi dans un contexte historique et social fort. Paris d’après-guerre, l’arrivée des communautés sépharades dans les quartiers populaires, les bouleversements culturels… Loin d’être un simple décor, cette époque façonne les personnages et nourrit leur trajectoire.

 

L’ambiance des années 60 est particulièrement bien retranscrite, notamment à travers la musique et les références à Sylvie Vartan, idole de toute une génération. Sa présence dans le film, sous différentes formes, vient appuyer le lien entre l’intime et le collectif, entre une passion personnelle et un phénomène culturel plus large. Si Leïla Bekhti porte le film sur ses épaules, Jonathan Cohen n’est pas en reste. Loin de ses rôles comiques habituels, il se glisse ici dans la peau d’un homme dont la vie a été modelée par l’amour maternel, parfois étouffant, mais toujours sincère. 

 

Son jeu, tout en retenue, apporte un équilibre parfait face à l’exubérance d’Esther. Leurs échanges sont empreints d’une vérité qui résonne. Entre complicité et tensions, leur relation évolue au fil des ans, traversant des phases de tendresse, d’incompréhension, de révolte. Il est impossible de rester insensible à cette dynamique qui évoque tant d’histoires familiales, chacun pouvant y retrouver des échos de sa propre expérience. Ce qui frappe dans Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan, c’est la capacité du film à naviguer entre les émotions. On passe du rire aux larmes en un instant, souvent grâce à l’énergie débordante d’Esther et aux situations improbables qu’elle provoque. 

 

Son franc-parler, son optimisme presque déraisonnable et sa foi inébranlable font d’elle un personnage hors norme, parfois agaçant, mais toujours attachant. Certaines scènes sont marquantes par leur intensité dramatique, tandis que d’autres désamorcent la gravité par des touches d’humour bien placées. Cette alternance donne au film une authenticité rare, loin des mélodrames appuyés qui cherchent à forcer l’émotion. Ici, tout semble naturel, sincère, porté par une écriture fine et des dialogues percutants.

 

Si le film séduit par son humanité et son interprétation, certains choix narratifs peuvent interroger. Certains passages semblent moins essentiels à l’intrigue principale, et quelques scènes paraissent un peu étirées. De même, l’apparition d’une Sylvie Vartan rajeunie numériquement laisse une impression étrange, créant un léger décalage avec le reste du film qui mise pourtant sur l’authenticité. Malgré ces détails, Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan parvient à capter quelque chose de rare : une émotion brute, sans artifice, qui reste longtemps après la projection. 

 

C’est un film qui parle du temps qui passe, des liens indéfectibles et des combats du quotidien avec une vérité qui ne peut laisser indifférent. Ce n’est pas seulement l’histoire d’une mère et de son fils, c’est un hommage à toutes ces figures maternelles qui, par amour, déplacent des montagnes. À ces femmes qui donnent tout sans attendre de retour, qui s’accrochent malgré les obstacles, et dont la force intérieure dépasse souvent l’entendement.

 

Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan est une œuvre qui touche profondément, portée par une Leïla Bekhti au sommet de son art dont j’attends maintenant le couronnement aux Césars 2026 pour le prix d’interprétation féminine. Un film qui émeut, fait sourire et rappelle que, malgré toutes les épreuves, l’amour reste la plus grande des forces.

 

Note : 8/10. En bref, Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan est une œuvre qui touche profondément, portée par une Leïla Bekhti au sommet de son art dont j’attends maintenant le couronnement aux Césars 2026 pour le prix d’interprétation féminine. 

Sorti le 19 mars 2025 au cinéma

 

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