3 Avril 2025
Dès les premiers épisodes, Common Side Effects attire l’attention. L’animation adopte un style distinctif, parfois déroutant mais toujours intéressant, et le format court dynamise la narration. L’histoire repose sur un concept intrigant : un champignon aux propriétés quasi miraculeuses capable de guérir n’importe quelle blessure ou maladie. Un tel postulat ouvre la porte à des réflexions sur la médecine, l’industrie pharmaceutique et le pouvoir des grandes corporations.
Pourtant, malgré un départ engageant, la série peine à tenir ses promesses sur la longueur. Dès le premier épisode, on est plongé dans l’univers de Marshall Cuso, un scientifique excentrique qui découvre un mystérieux champignon au Pérou. L’histoire se construit rapidement autour d’un conflit entre Marshall et des forces obscures qui veulent s’approprier ou détruire sa découverte. Le ton est décalé, mêlant un humour absurde à une critique sociale bien sentie, et l’animation renforce cette ambiance à la fois loufoque et inquiétante.
Les références culturelles et les clins d’œil à des classiques de la science-fiction, comme Akira, enrichissent l’expérience. L’association entre Marshall et Frances Applewhite, une ancienne camarade de laboratoire désormais employée par une grande firme pharmaceutique, fonctionne plutôt bien dans un premier temps. L’idée d’un duo mal assorti, traqué par des agences gouvernementales et des multinationales, crée des situations dynamiques et permet d’explorer les thèmes de la corruption et du contrôle de la santé publique.
Cependant, au fil des épisodes, la série tombe dans une certaine routine. Si l’on pouvait espérer une montée en tension progressive, on se retrouve finalement avec une répétition de schémas narratifs qui affaiblissent l’impact initial. Les courses-poursuites, les révélations sur les complots et les confrontations avec des figures de l’ombre finissent par donner l’impression de tourner en rond. Le problème principal vient du fait que les enjeux ne se renouvellent pas suffisamment. Marshall et Frances sont constamment en fuite, mais le récit ne parvient pas à approfondir leurs motivations ou à étoffer la menace qui les poursuit.
Les antagonistes manquent de nuance et sont trop caricaturaux pour réellement incarner une menace crédible. Certains personnages secondaires, comme les agents de la DEA Copano et Harrington, apportent une touche d’originalité bienvenue, mais ils ne sont pas exploités à leur plein potentiel. Un autre point faible réside dans le traitement des éléments fantastiques. L’utilisation du champignon miraculeux manque de cohérence : parfois, ses effets sont immédiats, parfois ils prennent plusieurs jours.
On ne sait pas exactement comment Marshall comprend son fonctionnement, et cette absence d’explication finit par desservir la crédibilité du récit. Si l’on accepte le postulat de départ, on attend tout de même un minimum de rigueur dans les règles qui régissent cet univers. L’évolution de la relation entre Marshall et Frances est également problématique. Leur dynamique semblait prometteuse, mais elle évolue de manière artificielle et précipitée. Des trahisons et des revirements de situation sont introduits sans réel développement, donnant l’impression d’un récit qui cherche à créer du drame sans réellement s’attarder sur ses personnages.
Malgré ses défauts, Common Side Effects bénéficie d’une direction artistique qui sort du lot. L’animation, bien que clivante, propose des séquences hallucinatoires fascinantes, notamment lorsque les personnages expérimentent les effets du champignon. Ces moments sont parmi les plus marquants de la série, rappelant le travail visuel impressionnant de Scavengers Reign, autre création de Joseph Bennett. De plus, la série parvient à aborder des thèmes d’actualité de manière intéressante.
Elle met en lumière la méfiance croissante envers l’industrie pharmaceutique et les institutions médicales, sans pour autant sombrer dans une vision simpliste ou complotiste. Ce positionnement subtil est appréciable, même si l’écriture aurait mérité plus de finesse pour éviter certains raccourcis narratifs. Le dernier épisode laisse un goût amer. Plutôt que de proposer une conclusion satisfaisante, la série choisit de s’achever sur un cliffhanger frustrant. De nombreuses questions restent sans réponse et les arcs narratifs initiés en cours de saison ne trouvent pas tous une résolution convaincante.
On sent que les créateurs espèrent une seconde saison, mais l’accumulation de mystères non résolus donne l’impression d’un récit inachevé. Common Side Effects avait tout pour s’imposer comme une série marquante : un concept intrigant, une esthétique originale et une critique sociale pertinente. Pourtant, l’exécution laisse à désirer, avec un scénario qui s’essouffle trop vite et des personnages qui auraient mérité un développement plus approfondi. La série reste plaisante à suivre, notamment grâce à son humour et à sa direction artistique, mais elle ne parvient pas à transformer son idée de départ en une œuvre véritablement mémorable.
Si une saison 2 voit le jour, elle devra corriger ces défauts en proposant un récit plus structuré et des personnages mieux exploités. En l’état, cette première saison est une expérience intéressante, mais frustrante, qui laisse le spectateur partagé entre admiration et déception.
Note : 6.5/10. En bref, la série reste plaisante à suivre, notamment grâce à son humour et à sa direction artistique, mais elle ne parvient pas à transformer son idée de départ en une œuvre véritablement mémorable.
Disponible sur max
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